Manianga, électrifie-toi, les autorités t’électrifieront !
Aide-toi,
le ciel t’aidera, lit-on dans la Bible. Une
sagesse que les plus courageux des peuples de ce monde, de la République démocratique
du Congo (RDC) en particulier n’hésitent pas d’appliquer pour apporter une
solution urgente ou intermédiaire à une situation sociale ou économique à
laquelle ils sont confrontés. C’est le cas des Manianga dans leur ensemble –
pour le moment 16 secteurs des 4 territoires du Bas-Congo regroupés dans l’ASBL
Sodema (Solidarité pour le développement du Manianga). S’il est des
réclamations que ces peuples formulent depuis des décennies, l’électrification
de leur espace occupe une place de choix, à côté des routes.
Depuis des
années, le territoire de Luozi, avec ses de 6 784 km2 de superficie
et ses dix secteurs, comme tête de ce train composé de 4 territoires (Luozi,
Seke-Banza, Mbanza-Ngungu et Songololo) pour 16 secteurs (Balari, De la Kende, Kimbanza, Kimumba,
Kinkenge, Kivunda, Mbanza-Mona, Mbanza-Mwembe, Mbanza-Ngoyo et Mongo-Luala pour
le premier ; Isangila et Nsumbi pour le deuxième ; Ntimansi,
Ngombe-Matadi et Lunzadi pour le troisième, et Wombo pour le quatrième), a
toujours réclamé auprès du pouvoir sa part de gâteau du secteur électrique. Et
l’espace ne s’arrête pas de s’élargir avec d’autres secteurs qui se réclament
du peuple manianga.
Les Eglises dans le
combat
Plusieurs
démarches avaient été déjà entreprises, tant par des Eglises que par des
privés. La Communauté
évangélique du Congo (CEC) dont le siège social est Luozi et l’Eglise
kimbanguiste sont déjà avancées dans leurs démarches. Mais la première reste la
pionnière dans ce combat pour l’obtention du courant électrique. En effet,
c’est au milieu des années 1990 qu’elle avait entamé des démarches qui étaient
en train d’aboutir avant d’être étouffées par l’arrivée au pouvoir de l’AFDL
(Alliance des forces démocratique pour la libération du Congo) le 17 mai 1997.
Le dossier
de la CEC avait
l’avantage et le mérite de contenir tous les éléments nécessaires : des
propositions sur le site d’où pourrait partir le courant électrique selon le
coût aux potentialités économiques et industrielles de l’espace bénéficiaires.
L’étude était menée une équipe composée par la Coordination des
projets de cette Eglise et les techniciens de la SNEL (Société nationale d’électricité).
Quant à
l’Eglise kimbanguiste, son entrée dans la lutte, qui date de quelques années,
reste motivée par l’expansion de la cité de Nkamba qui ne cesse d’attirer
plusieurs centaines de pèlerins chaque jour au gré des célébrations des fêtes
de cette Eglise le long de l’année. La construction de plusieurs cités aussi
cossues que modernes autour de Nkamba surnommée par les fidèles kimbanguistes
« Nouvelle Jérusalem » demeure un atout à brandir pour obtenir
l’électrification de Nkamba.
Et pour
faire front commun avec la CEC,
le projet kimbanguiste englobe l’électrification de Nkamba et cette de Luozi.
La grande offensive de
la Sodema
L’intérêt
pour les Manianga d’avoir du courant électrique est si grand que des
associations ne sont pas restées les bras croisés dans ce combat qui s’avère du
reste de tout Manianga, associations ou non, Eglises, toutes confessions
religieuses confondues, partis politiques toutes couleurs politiques
confondues.
C’est le
cas de la Sodema
sous la conduite de son président national Dieudonné Bifumanu Nsompi. Depuis
son avènement en octobre 2008, le Comité de gestion de cette ASBL, est sur tous
les fronts dans ce combat de l’électrification du Manianga. Quelques mois après
son entrée en fonction, en janvier 2009, une délégation de la Sodema s’est fait recevoir
chez l’ancien ministre de l’Energie. Une commission paritaire composée des
membres de la Sodema
et du ministère de l’Energie avait d’ailleurs était mise en place pour permettre
le suivi du dossier. Malheureusement, en faveur d’un remaniement ministériel
qui est intervenu par la suite, le ministère connut un changement à sa tête, en
défaveur de la Sodema. Le
principe de la continuité des affaires de l’Etat est loin d’être d’application
en RDC !
Les
potentialités socio-économiques, le Manianga en a et en grand nombre. Il existe
plusieurs hôpitaux et autres centres médicaux disséminés à travers l’espace
manianga et qui ont grandement besoin du courant électrique pour faire fonctionner
leurs instruments ou appareils électriques. Dans le secteur de l’enseignement,
l’espace manianga regorge un très grand nombre d’écoles primaires, secondaires
et même quelques instituts supérieurs et universités. Ces infrastructures
scolaires et universitaires ont besoin entre autres du courant électrique pour
le fonctionnement d’instruments de leurs laboratoires.
A tout cela
s’ajoute la richesse du sol et du sous-sol de l’espace manianga qui ne demande
que du courant électrique pour servir à un plus grand nombre. Producteur de
plusieurs fruits de toute sorte, notamment la mangue, le safou, l’avocat, le
maracuja, le poilu, le mangoustan, l’ananas, la banane, l’orange, la mandarine,
la goyave, le citron, le cœur de bœuf ; d’autres produits vivriers comme
le manioc, l’arachide, le haricot, le gingembre, l’oignon, l’ail, le piment,
l’igname, la patate douce, le tarot, la courge, et d’autres feuilles comme les
feuilles de manioc, l’épinard, le Manianga est potentiellement bénéficiaire
d’industries de transformation.
Des initiatives
privées à l’avant-plan
A ce sujet,
des initiatives privées n’ont pas attendu l’électrification avant d’exploser.
C’est le cas de Beni Food, une ASBL installée à Luozi, chef-lieu du territoire
du même nom, à 350 Km de la ville de Kinshasa qui s’est spécialisée dans la
nutrithérapie (traitement des maladies par des aliments). Sous la houlette du
pharmacie Dapton Kieni kia Mpesa, son fondateur, Beni Food a réussi, en peu de
temps d’existence, à mettre au point une dizaine d’alicaments) dont
l’efficacité est si probante que leur inventeur attend d’obtenir auprès du
ministère de la Santé
publique l’autorisation de mise sur marché de trois de ses produits :
Niabète, Niatension et Niarroïde.
« L’alimentation
est le meilleur des médecins », « De tes aliments tu feras une
médecine ». Dans son travail scientifique, Dapton Kieni kia Mpesa s’est
inspiré de ces deux citations d’Hippocrate pour produire ces alicaments. Qui
proposent aussi bien des aliments appropriés pour s’attaquer aux maladies très
courantes en RDC qu’aux problèmes sexuels et même de rajeunissement.
Le savant
qui fonde ses travaux de recherche sur le principe selon lequel « le
trésor le plus précieux que Dieu a donné à l’homme, c’est la santé et que de tous les facteurs qui
influent sur la santé, le facteur le plus déterminant c’est l’alimentation » a pu produire Niabete
(Niakisa diabete = soigner le diabète), Niaprostate (Niakisa prostate = soigner
l’adénome de la prostate), Niameso (Niakisa Meso = soigner les yeux), Niarroïde
(Niakisa hémorroïdes = Soigner les hémorroïdes), Adam Madia (Aliment pour la
vitalité de l’homme), Eve Madia (Aliment pour la vitalité de la femme), Zinga
Jeune (vivre jeune = retarder le vieillissement, vieillir en bonne santé), Bugastrite
(Buka gastrite = soigner la gastrite), Niatension (Niakisa tension = soigner la
tension), Bukatisme (= soigner le rhumatisme).
Des
exemples sont légion des initiatives locales qui se débrouillent
merveilleusement bien sans courant électrique. Dans la commune de Luozi, on
peut rencontrer, excepté plusieurs commerces, une fabrique de chaux artisanale
d’une très bonne qualité, une grande scierie, des boulangeries artisanales, un
laboratoire des médicaments dont le plus célèbre est Manadiar. Sans compter un
grand nombre d’infrastructures scolaires, universitaires, médicales aussi bien
dans la commune de Luozi que dans tous les secteurs de l’espace manianga.
Donc, des
initiatives comme celle-là n’ont pas attendu que la cité de Luozi soit
électrifiée pour se lancer dans la bataille du développement économique de leur
coin. Comme qui dirait, « Manianga, électrifie-toi, les autorités
t’électrifieront ! ». Bien des Manianga déclarent qu’il ne faut
jamais attendre que l’espace manianga soit électrifié pour faire quelque chose.
Ainsi trouve-t-on plusieurs activités économiques, excepté le commerce, qui
naissent de partout, attendant l’électrification du Manianga. Qui ne viendra
peut-être pas de sitôt. Question d’embarquer déjà dans le train du
développement économique de son terroir.
Kléber Kungu
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