Couturier
depuis 28 ans
Bindueka Mabanza Paul : « Grâce à ce métier, j’ai pu acheter deux parcelles »
Bindueka Mabanza
Paul, 55 ans, est couturier depuis 28 ans. Le journal L’Observateur a rencontré
ce père de 7 enfants (4 filles et 3 garçons), dans son atelier « Centre de
formation professionnelle Maman MJ Kanda Kaja Coupe et Couture Esthétique »,situé sur l’avenue Mbandaka
n°2 au quartier Kindele Makaya dans la commune de Mont-Ngafula. Il s’est
entretenu avec lui sur son métier considéré par certaines personnes comme étant
réservé aux illettrés, donc non rémunérateur. Et pourtant, c’est grâce à ce
métier que Bindueka Mabanza Paul a pu s’acheter deux parcelles à Kimbanseke, a
épousé sa femme et a fait voyager sa
fille en Belgique.
L’Observateur : Certaines
personnes disent que le métier de couturier est réservé aux illettrés. Qu’en
pensez-vous ?
Bindueka Mabanza
Paul : Ce n’est pas vrai, parce qu’il
y a la formation en coupe et couture, voire même l’Isam, qui est un institut supérieur de la
coupe et couture. Cela prouve que ce métier n’est pas réservé qu’aux illettrés.
Combien d’élèves avez-vous déjà pu
encadrer depuis que vous exercez ce métier ?
J’ai pu encadrer beaucoup d’élèves,
mais actuellement je n’ai que trente.
Vos élèves font combien de temps
d’apprentissage ?
Normalement, la formation dure 6
mois et 9 mois. Le premier niveau est réservé aux élèves qui ont étudié la
coupe et couture aux humanités ; ils viennent juste pour approfondir leurs
connaissances. Ils font six mois de formation. Le deuxième niveau est réservé à
ceux qui viennent apprendre et ceux-là font neuf mois d’apprentissage.
Quelles sont les difficultés avez-vous
rencontrées dans ce métier ?
Comme difficultés, nous avons le
manque de soutien et de partenaires.
Comment vous-même avez-vous appris
ce métier ? Avez-vous été à l’Isam ou l’avez-vous appris dans un
atelier ?
J’ai fait l’apprentissage dans un
atelier de couture de 1976 à 1989. A l’époque, j’ai fait dix ans de formation
car il a fallu beaucoup apprendre. Il nous est arrivé de faire une année sans
toucher à la machine à coudre, il a fallu deux ans pour la pratique.
Est-ce que vos fonctions de
couturier vous permettent de remplir votre tâche de père de famille ?
Jadis, c’était bien. Mais pour le
moment c’est trop difficile car beaucoup d’habits viennent d’Europe, d’Asie et
une partie d’Afrique de l’Ouest. Les gens préfèrent le prêt-à-porter.
Toutefois, étant un père responsable, je fais de mon mieux pour remplir mes
devoirs envers ma famille.
Ce métier vous nourrit-il ? Est-il
rentable ?
Je n’ai que la couture comme métier,
il prend bien soin de moi.
Quels souvenirs –bons et/ou mauvais-
gardez-vous de votre métier ?
Comme bons souvenirs, en 1994, j’ai
pu acheter deux parcelles à Kimbanseke, j’ai épousé ma femme et j’ai fait
voyager ma fille en Belgique. Comme mauvais souvenir, en 2006, je résidais à
Lemba Terminus, ma maison a pris feu et j’avais rien récupéré, j’ai tout
perdu : les habits de mes clients et mes machines à coudre.
Quels conseils pouvez-vous prodiguer
aux jeunes filles qui négligent ce métier ?
Il faut apprendre un métier, la
coupe et couture surtout. Pour le moment, c’est un métier réservé aux femmes et
filles. Nous voyons beaucoup d’ateliers ici à Kinshasa où dans la plupart il
n’y a que des dames. Je demande donc aux jeunes filles de ne pas négliger ce
métier car il est comme tous les autres métiers.
Propos
recueillis par Manso Mbidi Magalie,
Lukela Kimbuku Nadège et Kisenda Maya Bénédicte, sous la coordination de Kléber
Kungu
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