vendredi 30 mai 2014

Couturier depuis 28 ans Bindueka Mabanza Paul : « Grâce à ce métier, j’ai pu acheter deux parcelles »



Couturier depuis 28 ans

Bindueka Mabanza Paul : « Grâce à ce métier, j’ai pu acheter deux parcelles »        


Bindueka Mabanza Paul, 55 ans, est couturier depuis 28 ans. Le journal L’Observateur a rencontré ce père de 7 enfants (4 filles et 3 garçons), dans son atelier « Centre de formation professionnelle Maman MJ Kanda Kaja Coupe et Couture  Esthétique »,situé sur l’avenue Mbandaka n°2 au quartier Kindele Makaya dans la commune de Mont-Ngafula. Il s’est entretenu avec lui sur son métier considéré par certaines personnes comme étant réservé aux illettrés, donc non rémunérateur. Et pourtant, c’est grâce à ce métier que Bindueka Mabanza Paul a pu s’acheter deux parcelles à Kimbanseke, a épousé sa femme et a  fait voyager sa fille en Belgique.


L’Observateur : Certaines personnes disent que le métier de couturier est réservé aux illettrés. Qu’en pensez-vous ?
Bindueka Mabanza Paul : Ce n’est pas vrai, parce qu’il y a la formation en coupe et couture, voire même  l’Isam, qui est un institut supérieur de la coupe et couture. Cela prouve que ce métier n’est pas réservé qu’aux illettrés.

Combien d’élèves avez-vous déjà pu encadrer depuis que vous exercez ce métier ?
J’ai pu encadrer beaucoup d’élèves, mais actuellement je n’ai que trente.

Vos élèves font combien de temps d’apprentissage ?
Normalement, la formation dure 6 mois et 9 mois. Le premier niveau est réservé aux élèves qui ont étudié la coupe et couture aux humanités ; ils viennent juste pour approfondir leurs connaissances. Ils font six mois de formation. Le deuxième niveau est réservé à ceux qui viennent apprendre et ceux-là font neuf mois d’apprentissage.

Quelles sont les difficultés avez-vous rencontrées dans ce métier ?
Comme difficultés, nous avons le manque de soutien et de partenaires.

Comment vous-même avez-vous appris ce métier ? Avez-vous été à l’Isam ou l’avez-vous appris dans un atelier ?
J’ai fait l’apprentissage dans un atelier de couture de 1976 à 1989. A l’époque, j’ai fait dix ans de formation car il a fallu beaucoup apprendre. Il nous est arrivé de faire une année sans toucher à la machine à coudre, il a fallu deux ans pour la pratique.

Est-ce que vos fonctions de couturier vous permettent de remplir votre tâche de père de famille ?
Jadis, c’était bien. Mais pour le moment c’est trop difficile car beaucoup d’habits viennent d’Europe, d’Asie et une partie d’Afrique de l’Ouest. Les gens préfèrent le prêt-à-porter. Toutefois, étant un père responsable, je fais de mon mieux pour remplir mes devoirs envers ma famille.

Ce métier vous nourrit-il ? Est-il rentable ?
Je n’ai que la couture comme métier, il prend bien soin de moi.

Quels souvenirs –bons et/ou mauvais- gardez-vous de votre métier ?
Comme bons souvenirs, en 1994, j’ai pu acheter deux parcelles à Kimbanseke, j’ai épousé ma femme et j’ai fait voyager ma fille en Belgique. Comme mauvais souvenir, en 2006, je résidais à Lemba Terminus, ma maison a pris feu et j’avais rien récupéré, j’ai tout perdu : les habits de mes clients et mes machines à coudre.

Quels conseils pouvez-vous prodiguer aux jeunes filles qui négligent ce métier ?
Il faut apprendre un métier, la coupe et couture surtout. Pour le moment, c’est un métier réservé aux femmes et filles. Nous voyons beaucoup d’ateliers ici à Kinshasa où dans la plupart il n’y a que des dames. Je demande donc aux jeunes filles de ne pas négliger ce métier car il est comme tous les autres métiers.
Propos recueillis par Manso Mbidi Magalie, Lukela Kimbuku Nadège et Kisenda Maya Bénédicte, sous la coordination de Kléber Kungu

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