Uvira, le malade aux mains des psychosociaux et des socioéconomistes
L’eau de l’Oxfam/G.B. et les latrines du HCR, une réalité (1)
(De Kléber Kungu, envoyé spécial au Sud-Kivu)
Le territoire d’Uvira, dans le Sud-Kivu, est comparable à un malade dont l’état de santé nécessite le concours et l’intervention concertée de plusieurs médecins spécialistes. Nous avons séjourné à Uvira pendant environ 20 heures. Comme à Bukavu et dans d’autres localités (Walungu, Bulonge, Ciherano, Mulamba) visitées en début février, les problématiques sont aussi nombreuses que variées, urgentes que prioritaires les unes que les autres. Viols, manque d’eau potable, réfugiés, déplacés internes, conflits de tous ordres… sont vécus par la population d’Uvira comme les Européens vivent au quotidien une vie paisible. Comme des médecins dans un hôpital devant des malades en détresse, les acteurs humanitaires internationaux, appuyant des ONG locales, s’affairent, à leurs risques et périls, à apporter aux multiples ‘’maladies’’ dont souffrent les habitants d’Uvira et d’autres localités des médicaments appropriés. D’Uvira à Luvungi en passant par Runingu et Sange, plusieurs centaines de milliers d’habitants disséminés sur la très vaste et riche plaine de la Ruzizi, bénéficiaires de l’assistance de ces humanitaires, ne cessent, jour et nuit, de remercier leur Dieu d’avoir créé sur cette terre des personnes qui pensent encore à eux. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha, Office for the Coordination of Humanitarian Affairs United Nations) a permis aux quatre journalistes de L’Observateur, du Phare, d’Antenne A et de Tropicana FM de découvrir ces pires réalités.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Oxfam-Grande-Bretagne, l’UNFAO, International Medical Corps (IMC) se sont imposé de relever un grand défi : satisfaire à tout prix les besoins des populations. Une tâche énorme vu l’étendue de la superficie à couvrir et le nombre des personnes en détresse. Aussi travaillent-ils sur le terrain avec des partenaires locaux. L’Arche de l’Alliance (ARAL), Commission territoriale de lutte contre les violences sexuelles (CTLVS)/Association des mamans chrétiennes pour l’assistance aux vulnérables (AMCAV), Search For Common Ground, (SFCG) font du travail de fourmi sans beaucoup de bruits, au risque de leurs membres et à la satisfaction des bénéficiaires.
Une cinquantaine d’ONG opèrent dans la région
Le nombre de problématiques est tel que la région fourmille d’ONG : environ une cinquantaine y opèrent. Au point où l’on peut conclure qu’Uvira sans ONG ne vaut aucun penny. De Kamanyola à Uvira, la route principale qui traverse la plaine de la Ruzizi est parsemée de pancartes de ces associations, porteuses d’espoir et de vie à une population délaissées.
Les acteurs humanitaires et leurs partenaires, chacun, en ce qui le concerne et selon sa spécialité, s’occupent soit de la partie psychosociale, soit de la partie socio économique, pour une couverture holistique des besoins de la population.
La ville d’Uvira, très rocailleuse, n’a de ville que le nom. L’eau de la Régideso, non potable et rare, est loin de satisfaire les besoins de la population. Aussi puise-t-elle l’eau de trois rivières : Kalibenge, Mulongwe et Kavivira. La situation est telle que les habitants d’Uvira sont obligés de puiser cette eau, tandis que d’autres prennent bain quelques mètres plus loin ou y font la vaisselle ou la lessive. Il ne faut pas être médecin pour deviner les conséquences d’une telle situation face à la santé des consommateurs. Voilà pourquoi Oxfam-Grande-Bretagne appuie le service du ministère de l’Energie dans la chloration de l’eau des rivières pour la rendre potable. Pour Zagabe Mudisho, de ce service, la Régideso, défaillante depuis plus de 6 ans, reste tributaire de la fourniture d’électricité.
L’Oxfam/G.B. sauve également la vie de plusieurs élèves et des enseignants de l’école primaire Kakamba de Kalundu, à Uvira où il a construit des latrines de 16 portes pour 800 élèves, à raison de 10 pour les filles et 6 pour les garçons. La construction de ces latrines a introduit l’usage des notions de base d’hygiène par les élèves qui, à la sortie des toilette, se lavent les mains au savon. Ce qui, par voie de conséquence, a réduit sensiblement le nombre de maladies de mains sales.
Il en est de même pour les habitants du quartier Kalundu pour lesquels l’Oxfam-G.B. a construit également 100 latrines familiales pour 1 100 habitants, dont les bénéficiaires primordiaux sont les retournés de la Tanzanie et les malades de choléra.
Uviroises et Uvirois peuvent enfin goûter aujourd’hui à cette denrée rare qui leur fait défaut, autant qu’ils peuvent jeter comme des hommes modernes ce qu’ils avaient l’habitude de jeter auparavant comme des animaux. L’eau potable de l’Oxfam/G.B. et les latrines modernes du HCR sont aujourd’hui une réalité. Au même moment, maladies hydriques et de mains sales n’ont plus qu’à trouver d’autres victimes que les Uviroises et Uvirois.
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