Portefeuille
Il faut « libérer » la réforme des entreprises publiques
Le Premier ministre et Chef du gouvernement, Adolphe Muzito s’est entretenu mardi 15 juin dernier avec la Directrice des Opérations de la Banque mondiale pour les deux Congo, Marie-Françoise Marie Nelly, autour de l’évolution du processus de réforme des entreprises publiques. A l’occasion, le Premier ministre a rassuré la Directrice des Opérations de la Banque mondiale de la volonté politique du gouvernement de poursuivre les réformes engagées des entreprises du portefeuille.
Pour bon nombre d’observateurs, les assurances données par le Chef du gouvernement sont « une très bonne nouvelle » dès lors que certaines attitudes, certaines déclarations au sein de la classe politique sèment des doutes dans les esprits quant au bon aboutissement de ce laborieux processus. L’opinion publique, au pays et à l’étranger, en arrive ainsi à se demander s’il y a un consensus politique autour du programme des réformes initiées par le Président de la République.
On se rappelle en effet les récentes sorties de quelques élus du peuple qui se sont livrés à un véritable harcèlement des membres du gouvernement. Ces députés ont proféré des accusations qui se sont révélées de véritables actions de sape des initiatives prises par le gouvernement alors que celui-ci tente d’apporter des réponses aux préoccupations sociales quotidiennes des Congolais dans toute la République au sortir d’un long conflit. Les négociations en cours à la Cinat, les contrats conclus à l’Okimo ont été systématiquement dénigrés, sans tenir compte des retombées économiques et sociales que ces actions auront sur les populations du Bas-Congo et de la Province Orientale ou de la RDC.
La conséquence des ces attaques contre les réformes, c’est de fragiliser le travail en profondeur initié par le Président de la République et relayé par le Gouvernement pour l’amélioration du climat des affaires. Un effort de normalisation remis à rude épreuve dès lors que la confusion sur l’autorité de décision est amplifiée. Il devient ainsi courant, lorsqu’on échange avec des investisseurs potentiels et même avec des partenaires déjà effectifs, de les entendre redouter, au regard par exemple des déclarations de certains députés, un retour à la situation d’avant le déclenchement du processus de la réforme.
Aller de l’avant
La République démocratique du Congo ne peut pourtant pas se permettre, aujourd’hui, ce genre d’incertitudes. La réforme des entreprises publiques a atteint une vitesse de croisière et la directrice des Opérations de la Banque Mondiale a eu raison d’aller s’enquérir de la question auprès du Premier ministre.
Lorsqu’on regarde sur le terrain, on se rend compte des progrès enregistrés au niveau économique. Et surtout, de l’impact de ces changements sur la situation économique et sociale des Congolais. Le nouveau pavillon VIP de l’aéroport de Ndjili sera livré dans quelques jours. Et les travaux de réhabilitation se poursuivent aussi bien pour Ndjili que pour les aéroports de Muanda, Luano et Goma. Depuis le 10 juin, Kananga est partiellement alimenté en courant 24h/24 grâce à une innovation technologique financée par le Fonds de promotion de l’industrie, FPI. Quelques jours plus tôt démarrait la réhabilitation d’un des quais du port de Matadi, principale porte d’entrée de la République. En Province Orientale, on peut relever la relance des activités minières de l’Okimo pour 35 millions de dollars. Et la dernière action en date est l’inauguration, par le Président de la République, de l’hôtel Karavia à Lubumbashi.
Il apparaît, au regard de ce petit aperçu, que les entreprises publiques s’efforcent, malgré un environnement que certains veulent rendre hostile, de réaliser leurs missions avec des actions à impact visible au profit de l’ensemble des Congolais. Pour que cette dynamique se poursuive, il faudrait absolument lever les doutes que certains politiciens veulent semer dans l’opinion en effrayant les investisseurs. Il y a lieu, comme l’a recommandé le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab, de contenir les dérives, les dérapages auxquels on assiste de la part d’une certaine classe politique. Le Premier ministre, auteur des décrets novateurs sur la catégorisation des entreprises publiques, est et demeure le chef de la politique économique et sociale. Il ne revient pas à d’autres institutions de semer la confusion d’autant que les nouvelles sociétés commerciales – SNEL, Regideso, Okimo, RVA – ont quitté le giron étatique justifiant l’interventionnisme parlementaire à outrance, d’après certains juristes spécialisés.
Au moment où la République fait le bilan des 50 dernières années en vue de se projeter dans le Centenaire, il est temps de se concentrer sur le respect des textes qui régissent les institutions de la République. Et cela, sans « partisanerie » politique de nature à amener à la désunion nationale. Le temps est à la modernisation du pays et les entreprises publiques ont démontré qu’elles peuvent y jouer un rôle important, dans l’intérêt général des Congolais.
Kléber Kungu
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