Bukavu livre ses autres secrets
Des démobilisés qui fabriquent des guitares électriques…
(Par Kléber Kungu)
Quand, au mois de février, je quittais la ville de Bukavu, où je venais de séjourner pendant une semaine, j’avais pris un autre rendez-vous avec elle. Car j‘avais estimé qu’elle avait d’autres secrets à me livrer. Je viens d’en découvrir effectivement au cours de mon tout dernier séjour de deux jours. Derrière sa poussière et sa boue – selon la période -, sa chaleur diurne et sa fraîcheur nocturne, ses ronronnements incessants et bruyants de ses nombreux motos et véhicules, derrière ses collines chargées de nombreuses maisons en étages, oui, derrière tout ce qui est visible, elle cache d’autres surprises plus agréables. Des démobilisés, hommes et femmes, se sont amendés : aujourd’hui ils fabriquent des guitares sèches et électriques, des sacs (hommes et femmes), des chaussures, des ceintures, des étuis de téléphones portables…en cuir. « Etes-vous prêts à reprendre les armes ? » A cette question, ils n’hésitent pas à répondre ‘’non’’.
Nous avons visité plusieurs centres professionnels ou ONG où nous avons découvert beaucoup de choses aussi intéressantes que surprenantes pour une ville réputée d’être martyre avec ses guerres interminables dans une province malfamée avec ses viols, pillages, enlèvements ; bref, son insécurité incessante. Il y a le Centre d’apprentissage professionnel et artisanal (Capa) appuyé par le Conader et le Bureau international du travail (BIT) de la Communauté baptiste au centre de l’Afrique (CBCA), le Foyer Ek’Abana, le Centre de Panzi encadré par Women for Women, Protection International …
Dans tous ces centres de réinsertion des démobilisés ou des victimes de viols ou violences sexuelles, les pensionnaires ont tourné les pages noires de leur vie et en ont ouvert de plus intéressantes et bénéfiques et pour eux et pour le pays tout entier. Hier, c’était l’arme, aujourd’hui c’est le travail qui est devenu leur préoccupation favorite. Ils ne veulent plus entendre parler de retourner sous les drapeaux.
Bukavu que nous avons découvert, c’est aussi ces ONG qui encadrent ces nombreux enfants accusés de sorcellerie. Nous avons vu des enfants innocents, qui après avoir été rejetés à la rue par les leurs sont aujourd’hui ‘’ramassés’’ par les ‘’bons samaritains’’. Nous avons rencontré Isella Natalina, une Italienne, la Mère Teresa de Bukavu, qui, avec son Foyer Ek’Abana, ‘’ramasse’’ tous ces enfants de Bukavu que les proches rejettent en les accusant de sorcellerie.
Le Centre de Panzi encadré par l’ONG Women For Women forme plusieurs femmes kivutiennes dans divers métiers, notamment l’agro-pastorale, le salon, la céramique, le petit commerce, la coupe et couture pendant 5 mois. Ici, nous avons été émerveillés en rencontrant des femmes veuves, toutes joyeuses, en train de fabriquer des pots de fleurs, des braseros, des porte-bougies, des carreaux : le tout en argile.
Protection International s’emploie à défendre, à ses risques et périls, les droits humains y compris les journalistes. Vieux de quelques années seulement, Protection International travaille pour imposer ses marques dans un terrain très glissant marqué par une insécurité grandissante.
Bukavu, c’est aussi son lac : le lac Kivu qui baigne les deux villes des deux Kivu, Bukavu et Goma, qui a failli mettre fin à la vie de votre reporter. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal.
En bref, Bukavu se relève petit à petit avec l’aide de nombreuses associations et ONG locales qui sont appuyées par les acteurs humanitaires. Découvrez ces merveilles dans les éditions qui vont suivre.
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