Situation alimentaire en RDC
Cinq provinces en situation nutritionnelle très critique
La situation nutritionnelle en République démocratique du Congo (RDC) est très critique et nécessite une urgence et un coût de 127 650 000 de dollars américains. Cinq des 11 provinces, soit 45,6% du territoire du pays, connaissent un taux de malnutrition aiguë dépassant les 10 %. La révélation alarmante a été faite devant la presse par Simeon de l’Unicef. Si la situation n’est pas prise au sérieux, on risque d’assister à une explosion de mortalité infantile, a-t-il prévenu, car elle affecte des millions d’enfants, dont 1 million pour la malnutrition aiguë et 5 millions pour le retard de croissance. La conséquence de cette situation est telle qu’un enfant atteint de malnutrition aiguë a 9 fois plus de risque de mortalité qu’un enfant normal et que celui atteint de malnutrition modérée a 3 fois plus de risque. Un panel d’humanitaires dont les délégués de l’Unicef, du Pam, de l’ONG Coopi et ACF (Association contre la faim) l’a déclaré mardi 22 juin au cours d’un café de presse du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).
Siméon Nanama, le chargé de nutrition à l’Unicef, a souligné que la situation nutritionnelle en RDC est mauvaise, chronique et généralisée et que la malnutrition doit être vue comme un problème sérieux car on estime qu’elle est à la base d’au moins 35 % des décès des enfants de moins de 5 ans.
Le coordonnateur intérimaire des affaires humanitaires et représentant de l’OMS en RDC, le Dr Mathieu Kamwa, a introduit la rencontre en circonscrivant la problématique de la situation nutritionnelle en RDC en général et dans les 5 provinces en situation nutritionnelle critique.
Environ 528 477 enfants malnutris
Le chargé de la nutrition de l’Unicef, Siméon Nanama, a souligné que la situation nutritionnelle en RDC est mauvaise, chronique et généralisée et qu’il existe environ 528 477 enfants malnutris dans cinq provinces du pays, répartis soit 118 158 enfants au Kasaï Occidental, 151 457 au Kasaï Oriental, 127 674 enfants à l’Equateur, 89 741 au Katanga et 41 447 au Maniema. Malheureusement, 87 000 sur 1 million d’enfants malnutris sont traités, soit 8% seulement.
Pour lui, plusieurs facteurs sont à la base de cette situation. Il s’agit notamment de l’absence du planning familial, des pratiques inadéquates des soins des enfants, de l’enclavement des provinces concernées, des pratiques agricoles et alimentaires, du manque d’hygiène et de l’accès limité aux soins de santé de qualité. A cela s’ajoutent les facteurs conjoncturels tels que la crise financière où l’on peut noter le chômage ; et la crise alimentaire qui se traduit par la réduction de l’accès aux aliments de qualité. Pour résoudre ce problème, l’Unicef a organisé la formation de 7.820 agents de santé et relais communautaires sur la prise en charge de la malnutrition, la création de 658 Unités nutritionnelles fonctionnelles. L’on note également l’implication de 70 partenaires dans la prise en charge. Le coût des besoins pour couvrir les 5 provinces s’élève à 127 650 000 USD.
Nicolas Joannic, chargé de nutrition au Programme alimentaire mondial (PAM), s’est appesanti sur le mandat de son organisation, celui de « sauver des vies dans les zones en situation d’urgence alimentaire et nutritionnelle ». En plus, « appuyer la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée afin d’éviter que l’enfant ne bascule vers la forme sévère et prévenir l’apparition de la malnutrition chez les enfants et les femmes. L’objectif est la réduction de la prévalence de toutes les formes de malnutrition et briser le cycle intergénérationnel de la malnutrition. »
En 2010, le PAM a prévu d’appuyer 300 000 femmes et enfants dans les activités de nutrition et prévoit d’augmenter son appui à 350 000 en 2011, puis 400 000 en 2012.
Le Dr Tou El Hassane, coordinateur nutrition à Coopi, a adressé un retentissant appel à la communauté internationale pour briser ce qu’il a appelé le cercle infernal de malnutrition en passe de devenir un phénomène dans lequel sont pris les humanitaires. Il a regretté que dans un pays vert comme la RDC qu’il n’ y ait rien à donner aux enfants de moins de 6 moins, sinon aux adultes seulement.
Briser le cercle infernal de malnutrition
L’Association contre la faim (ACF) a déclaré qu’elle intervient depuis 1997 dans les domaines de la sécurité alimentaire, mais surtout en malnutrition qui engloutit 60 de ses activités. Ses interventions sont orientées plus vers la malnutrition sévères avec les malades du Sida.
Pour briser le cercle vicieux de la malnutrition, le Panel des humanitaires a estimé qu’il faut s’engager dans la prévention et non dans le traitement de la malnutrition. Pour cela, a-t-il souligné, il faut privilégier l’allaitement maternel pour les enfants de moins de 6 moins et amener les mamans à adopter des comportements responsables. A ce moment, les enfants sont protégés contre la malnutrition.
Les humanitaires ont même souligné que ce n’est pas nécessairement le manque de nourriture qui provoque la malnutrition, car il y a des enfants dont les pères sont des pêcheurs ou des éleveurs mais qui souffrent de malnutrition. Il y a également moyen d’alimenter un enfant à la maison, mais il arrive souvent qu’on n’y pense pas.
5 des 11 provinces en situation de malnutrition, c’est une injure pour un pays dit vert avec des millions de kilomètres d’espaces cultivables. La situation doit interpeller les autorités politiques qui doivent changer notamment la politique agricole, ainsi que la population appelée à changer les comportements alimentaires.
Kléber Kungu
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