J'ai rencontré Plamedi, l’enfant orphelin des parents
Le hasard m’a fait rencontrer, samedi 29 mai, Plamedi - Plan merveilleux de Dieu – un enfant orphelin de père et de mère, en quête de... 1 000 FC pour survivre. « Je viens de Masina pour rencontrer mon oncle qui devait me donner 1000 FC pour survivre. Mais je l’ai manqué et je le poursuis à la place Victoire où il s’est trouve. Après la mort par sida de mes parents en 2007, je vis avec mes deux sœurs et mon frère chez mon grand-père … ». Plamedi va me raconter sa vie actuelle, un récit profondément émouvant qui m’a arraché des larmes paternelles et ont valu à l’orphelin un élan de compassion de quelques passagers de ce bus que j’ai pris : il est sorti avec plus de 5 000 FC et des prières !
A l’arrêt Abattoire à Masina, un enfant embarque dans mon bus. Le hasard fait qu’il vient s’asseoir à ma droite, au 3ème banc. Mon flair journalistique et ma fibre paternelle se mettent du coup en éveil. Je me mets alors à l’interroger chemin faisant. L’enfant qui porte une culotte blanche avec un polo noir, un autre traîne sur son épaule, va répondre à mes questions sans hésitation. Je découvre que mon voisin est un orphelin de père et de mère, morts de sida, qu’il vit chez son grand-père, maçon de profession, avec ses trois frères (dont deux sœurs), qu’il était voir son oncle, militaire de profession, à Masina, pour lui demander de l’argent de survie et de pétrole à vendre – 1 000 FC -, mais qu’il n’a pas rencontré et qu’il le poursuivait à la Victoire…Le récit émouvant de cet enfant de 10 ans, qui doit déambuler à travers les rues de Kinshasa en quête de la survie, m’a arraché des larmes et lui a valu la compassion de quelques passagers.
Mes questions pleuvent, pêle-mêle. L’enfant répond sans désemparer. Ses réponses sont si claires et sans équivoque que deux femmes réagissent « Cet enfant dit vrai, car il n’ y a pas de doute dans ses déclarations », reconnaissent-elles. « Comment t’appelles-tu ? » « Je m’appelle Plamedi » répond l’enfant. « Quel est ton nom ? » « Kiputu Tshitshik. J’ai 10 ans et je suis en 3ème année primaire dans une école kimbanguiste, à Kisenso. J’habite sur l’avenue Tango n° 5 quartier Mission à Kisenso », répond calmement, avec assurance, le petit Plamedi à mes questions qui tombent petit à petit, espacées de quelques minutes.
Le bras droit de l’enfant porte des cicatrices, dont l’une plus récent. Je vais en savoir plus. « Pourquoi ces cicatrices ? » je demande à Plamedi. « Je m’étais blessé à la lame de rasoir et aux fils barbelés (kanga moyibi, arrêtez le voleur, NDLR), me renseigne l’enfant d’une voix calme qui vous arrache compassion.
De temps en temps, le receveur, assis au coin droit du premier banc, rejette un regard moqueur sur l’enfant. Un regard qui veut dire tout, sauf que l’enfant dit vrai. Un passager assis à droite de l’enfant se met aussi à l’interroger. L’enfant lui répond qu’il réalise quand même des bénéfices sur la vente du pétrole.
L’homme, touché par le récit de l’enfant, plonge la main dans sa poche et la sortit avec des billets de FC. Après avoir compté sa ‘’caisse’’, il en remet 5 ou 6 billets de 500 FC à l’enfant. « Il faut acheter du pétrole ! » lui recommande-t-il. Le geste de l’homme délie les quelques bourses des personnes touchées. Un homme remet à l’enfant 1 000 FC, une femme un billet de 500 FC, un autre passager fait autant. Déjà touché du fond de mon cœur paternel, je n’hésite pas à mettre la main à la poche : deux billets de 500 FC atterrissent entre les mains de l’orphelin. Les retombées ne tardent pas. Une des femmes, son enfant en mains, me dit ceci : « C’est grâce à vous que l’enfant vient de bénéficier de tout cet argent. Dieu va vous bénir », me dit-elle. Avant de descendre, elle bénit Plamedi. « Que le Seigneur te bénisse », dit-elle à l’enfant.
Comme un seul homme, quelques passagers du bus recommandent à l’enfant de ne plus aller voir son oncle. « Ne poursuis plus ton oncle. Rentre à Kisenso », lui disent-ils. « Je vais descendre à la première rue. A ce niveau, c’est là que je peux attraper facilement un bus », répond l’enfant. Le chauffeur rétorque qu’il se charge de transporte l’enfant au voyage retour.
Avant de descendre, je lui pose les dernières questions et le photographie. L’enfant tente d’esquiver la pose.
Le pays, singulièrement Kinshasa est plein de Plamedi inconnus, anonymes qui courent les rues de la capitale en quête permanente de survie. Mon Plamedi peut avoir été un enfant de la rue, un escroc, mais sa sincérité, la pitié qu’il m’a inspirée, sa voix innocente, sa beauté et son récit combien profond nous ont convaincu, les quelques passagers et moi que nous étions dans ce bus qui desservait la ligne N’djili et Victoire. Comment son récit serait-il parvenu à convaincre facilement des Kinois pourtant si méfiants à l’égard de nombreux enfants qui courent les rues kinoises ? Plamedi est l’échantillon de ces nombreux enfants sans soutien, abandonnés, rejetés par la société pour plusieurs raisons.
Kléber Kungu
Le hasard m’a fait rencontrer, samedi 29 mai, Plamedi - Plan merveilleux de Dieu – un enfant orphelin de père et de mère, en quête de... 1 000 FC pour survivre. « Je viens de Masina pour rencontrer mon oncle qui devait me donner 1000 FC pour survivre. Mais je l’ai manqué et je le poursuis à la place Victoire où il s’est trouve. Après la mort par sida de mes parents en 2007, je vis avec mes deux sœurs et mon frère chez mon grand-père … ». Plamedi va me raconter sa vie actuelle, un récit profondément émouvant qui m’a arraché des larmes paternelles et ont valu à l’orphelin un élan de compassion de quelques passagers de ce bus que j’ai pris : il est sorti avec plus de 5 000 FC et des prières !
A l’arrêt Abattoire à Masina, un enfant embarque dans mon bus. Le hasard fait qu’il vient s’asseoir à ma droite, au 3ème banc. Mon flair journalistique et ma fibre paternelle se mettent du coup en éveil. Je me mets alors à l’interroger chemin faisant. L’enfant qui porte une culotte blanche avec un polo noir, un autre traîne sur son épaule, va répondre à mes questions sans hésitation. Je découvre que mon voisin est un orphelin de père et de mère, morts de sida, qu’il vit chez son grand-père, maçon de profession, avec ses trois frères (dont deux sœurs), qu’il était voir son oncle, militaire de profession, à Masina, pour lui demander de l’argent de survie et de pétrole à vendre – 1 000 FC -, mais qu’il n’a pas rencontré et qu’il le poursuivait à la Victoire…Le récit émouvant de cet enfant de 10 ans, qui doit déambuler à travers les rues de Kinshasa en quête de la survie, m’a arraché des larmes et lui a valu la compassion de quelques passagers.
Mes questions pleuvent, pêle-mêle. L’enfant répond sans désemparer. Ses réponses sont si claires et sans équivoque que deux femmes réagissent « Cet enfant dit vrai, car il n’ y a pas de doute dans ses déclarations », reconnaissent-elles. « Comment t’appelles-tu ? » « Je m’appelle Plamedi » répond l’enfant. « Quel est ton nom ? » « Kiputu Tshitshik. J’ai 10 ans et je suis en 3ème année primaire dans une école kimbanguiste, à Kisenso. J’habite sur l’avenue Tango n° 5 quartier Mission à Kisenso », répond calmement, avec assurance, le petit Plamedi à mes questions qui tombent petit à petit, espacées de quelques minutes.
Le bras droit de l’enfant porte des cicatrices, dont l’une plus récent. Je vais en savoir plus. « Pourquoi ces cicatrices ? » je demande à Plamedi. « Je m’étais blessé à la lame de rasoir et aux fils barbelés (kanga moyibi, arrêtez le voleur, NDLR), me renseigne l’enfant d’une voix calme qui vous arrache compassion.
De temps en temps, le receveur, assis au coin droit du premier banc, rejette un regard moqueur sur l’enfant. Un regard qui veut dire tout, sauf que l’enfant dit vrai. Un passager assis à droite de l’enfant se met aussi à l’interroger. L’enfant lui répond qu’il réalise quand même des bénéfices sur la vente du pétrole.
L’homme, touché par le récit de l’enfant, plonge la main dans sa poche et la sortit avec des billets de FC. Après avoir compté sa ‘’caisse’’, il en remet 5 ou 6 billets de 500 FC à l’enfant. « Il faut acheter du pétrole ! » lui recommande-t-il. Le geste de l’homme délie les quelques bourses des personnes touchées. Un homme remet à l’enfant 1 000 FC, une femme un billet de 500 FC, un autre passager fait autant. Déjà touché du fond de mon cœur paternel, je n’hésite pas à mettre la main à la poche : deux billets de 500 FC atterrissent entre les mains de l’orphelin. Les retombées ne tardent pas. Une des femmes, son enfant en mains, me dit ceci : « C’est grâce à vous que l’enfant vient de bénéficier de tout cet argent. Dieu va vous bénir », me dit-elle. Avant de descendre, elle bénit Plamedi. « Que le Seigneur te bénisse », dit-elle à l’enfant.
Comme un seul homme, quelques passagers du bus recommandent à l’enfant de ne plus aller voir son oncle. « Ne poursuis plus ton oncle. Rentre à Kisenso », lui disent-ils. « Je vais descendre à la première rue. A ce niveau, c’est là que je peux attraper facilement un bus », répond l’enfant. Le chauffeur rétorque qu’il se charge de transporte l’enfant au voyage retour.
Avant de descendre, je lui pose les dernières questions et le photographie. L’enfant tente d’esquiver la pose.
Le pays, singulièrement Kinshasa est plein de Plamedi inconnus, anonymes qui courent les rues de la capitale en quête permanente de survie. Mon Plamedi peut avoir été un enfant de la rue, un escroc, mais sa sincérité, la pitié qu’il m’a inspirée, sa voix innocente, sa beauté et son récit combien profond nous ont convaincu, les quelques passagers et moi que nous étions dans ce bus qui desservait la ligne N’djili et Victoire. Comment son récit serait-il parvenu à convaincre facilement des Kinois pourtant si méfiants à l’égard de nombreux enfants qui courent les rues kinoises ? Plamedi est l’échantillon de ces nombreux enfants sans soutien, abandonnés, rejetés par la société pour plusieurs raisons.
Kléber Kungu
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