République centrafricaine
Le gouvernement voit le jour, le plus difficile commence
Le Premier ministre centrafricain,
André Nzapayeke, a formé, le 27 janvier, son nouveau gouvernement de
transition. Ce cabinet, qui a entre autres pour mission d’arrêter les violences
interreligieuses qui ont fait des milliers de morts et plus d’un million de
déplacés, est composé de 20 ministres dont sept femmes, soit 35% de l’ensemble.
Il s’agit d’un cabinet issu d’un subtil dosage entre des proches de
l'ex-rébellion Séléka à dominante musulmane, des partisans des milices
chrétiennes, ainsi que de figures connues de la politique centrafricaine. Si
l’équipe gouvernementale est mise en place, il est vrai que le plus dur
commence pour les nouvelles autorités de Bangui sur les épaules desquelles
repose toute une montagne d’espoirs d’un peuple meurtri par quelques mois des
violences meurtrières.
Le
nouveau gouvernement conserve, en effet, plusieurs figures connues de la
précédente équipe, telles que Herbert Gontran Djono Ahaba aux Travaux publics,
ou Marie Noël Koyara au Développement rural, tous deux proches de l’ancien
président Michel Djotodia.
Parmi
les figures de l'ex-rébellion Séléka, on retrouve Arnaud Djoubaï-Abazène aux
Transports et Abdallah Hassan Kadre, précédemment à l'Economie, aux
Télécommunications. Les ministères de la Défense et de la Sécurité publique
reviennent à deux militaires de l'ancienne armée nationale. Les milices
chrétiennes «anti-balaka» sont également représentées, avec Léopold Narcisse
Bara à la Jeunesse
et aux Sports.
Si
la formation de ce gouvernement n’a soulevé presque pas de protestations,
surtout chez l’ex-rébellion Séléka, qui revendiquait en plus de la Primature, trois postes
ministériels : de la
Défense, de l’Intérieur et des Mines, tout reste à savoir
comment ces ministres vont se mettre au travail pour relever les grands défis
qui les attendent dans un pays où tout est prioritaire.
Aussitôt nommé par la présidente de transition,
Catherine Samba-Panza, le nouveau Premier ministre, André Nzapayeké, avait fixé
la feuille de route de son gouvernement, «qui va se charger de la question de
la réconciliation nationale». Priorité numéro un : «arrêter les exactions» dans
le pays, a-t-il indiqué. Il souhaite aussi faciliter rapidement «le retour» des
déplacés chez eux.
Michel
Djotodia avait renversé en mars 2013 le régime de François Bozizé à la tête de
la coalition rebelle Séléka. Ses combattants ont multiplié pendant des mois les
exactions contre la population majoritairement chrétienne du pays devant un
président très laxiste, incapable d’arrêter ces violences ou de discipliner ses
hommes qui l’ont porté au pouvoir.
Voilà
pourquoi, en réaction à tout cela, des milices d’autodéfense se sont rapidement
formées en province et dans la capitale, encadrées notamment par des anciens de
la garde présidentielle fidèle au président Bozizé, et ont rapidement fait
parler d’elles, s’en prenant régulièrement aux ex-Séléka mais surtout aux
populations civiles musulmanes.
Il
n’a pas fallu beaucoup de temps pour que la Centrafrique plonge
dans une spirale de violences intercommunautaires dont les civils sont les
principales victimes. Michel Djotodia avait été contraint à la démission le 10
janvier pour son incapacité à mettre fin à ces tueries interreligieuses.
Malgré
la présence des forces française de 1 600 soldats de l’opération
« Sangaris » et africaine de la Misca et l’élection de la présidente Catherine
Samba-Panza, les violences ne baissent pas ; la Centrafrique continue
de compter ses morts.
Mettre
fin à ce cycle des violences, restaurer la confiance entre les communautés
religieuses, remettre le pays sur les rails, regagner la confiance de la
communauté internationale, faire revenir au bercail tous les Centrafricains
réfugiés dans d’autres pays…autant de gros défis jalonnant le chemin assez
court de la transition que doit relever le gouvernement André Nzapayeke sous la
houlette de Catherine Samba-Panza.
Des
défis qui requièrent des moyens aussi moyens qu’humains. La communauté
internationale est disposée à accompagner la Centrafrique. La
communauté internationale s’est déjà engagée à débloquer 496 millions de
dollars (365 millions d'euros) en 2014 pour aider la Centrafrique dans sa
phase de reconstruction. La
Banque mondiale a, pour sa part, promis de débloquer 100 millions de dollars
américains en faveur de la RCA.
Kléber Kungu
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