dimanche 26 janvier 2014

« Malgré l’évolution récente, il y a un grand problème humanitaire »



Au terme de leur mission en RDC, le HCR, l’Unicef et le PAM notent

« Malgré l’évolution récente, il y a un grand problème humanitaire »

            « Malgré l’évolution récente, il y a un grand problème humanitaire. Un soutien continu est nécessaire pour couvrir les besoins humanitaires en RDC ». Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus la Haut-commissaire adjoint des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Janet Lim, la directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Yoka Brandt, et le directeur exécutif assistant du Programme alimentaire mondial (PAM), Ramin Lopez da Silva, au terme de leur mission conjointe de 4 jours en République démocratique du Congo, du 21 au 24 janvier.
            Quatre jours (du 21 au 24 janvier) ont suffi à la mission conjointe de haut niveau HCR-Unicef-PAM de voir de visu la situation humanitaire exacte et les réponses à y apporter dans les provinces visitées : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, la Province Orientale et l’Equateur. Des visites appuyées par de nombreux entretiens qu’ils ont eus avec différentes autorités nationales et provinciales.
            A l’unisson, la Haut-commissaire adjoint des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Janet Lim, la directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Yoka Brandt, et le directeur exécutif assistant du Programme alimentaire mondial (PAM), Ramiro Lopes da Silva, ont appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien à la crise humanitaire de grande ampleur qui sévit en RDC au cours d’un café de presse conjoint organisé à Kinshasa vendredi 24 janvier
            Yoka Brandt  a plaidé en faveur des enfants, premiers victimes des conséquences des conflits armés. Ils sont plus d’un million et demi à être affectés. Enrôlés dans des groupes armés, environ 3 000, leur éducation a été simplement brisée.


            « Les enfants,  a-t-elle déclaré, sont les premiers à souffrir parce qu’ils sont les plus vulnérables et ce sont toujours eux qui font les frais d’un conflit. Aujourd’hui plus d’un million et demi d’enfants sont affectés par les déplacements – ils ont été traumatisés par la violence qu’ils ont vue, leur éducation a été perturbée et nombreux ont été enrôlés dans des groupes armés. Nous ne devons pas oublier que chacun d’entre eux a le droit d’aller à l’école et d’être protégé contre les souffrances ».
            L’Unicef se soucie de la scolarisation de tous ces enfants, particulièrement de l’insertion sociale des ex-soldats démobilisés.
             La Haut-commissaire adjoint des Nations unies pour les réfugiés, Janet Lim, a déploré qu’environ 400 000 réfugiés congolais se trouvent dans d’autres pays, pendant que la RDC accueille aussi sur son sol des réfugiés. Une situation très complexe impliquant le rapatriement des réfugiés et le retour au bercail des déplacés.

Craindre une dépendance permanente
            Le Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) avance un chiffre de, 2,9 millions de personnes qui sont actuellement déplacées par le conflit à l’intérieur de la RDC. 60 % d’entre elles se trouvent au Nord Kivu et au Sud Kivu.
            Si des avancées importantes ont été réalisées vers le retour de la paix en RDC, on note cependant que l’activisme des groupes armés écumant l’Est de la RDC depuis des années est loin de faiblir.
            Le directeur exécutif assistant du Programme alimentaire mondial (PAM), Ramin Lopez da Silva a relevé quelques indicateurs d’une situation très difficile dont il faut prendre en compte. Alors qu’en 2013, on a noté 6, 400 millions de personnes ayant besoin de l’assistance, en 2014, leur nombre est passé à 6,700 millions. Une situation plus complexe au Katanga, au Nord-Kivu et Sud-Kivu.
            Il a par ailleurs exprimé une crainte, celle d’aider des personnes en craignant de créer en elles une dépendance permanente


La Syrie, la RCA et le Soudan du Sud focalisent l’attention de la communauté internationale
            Les trois responsables des agences humanitaires des Nations unies ont exprimé leur volonté de plaidé en faveur de la RDC où les moyens mis à disposition restent insuffisants face à des besoins énormes. D’autant plus que l’attention de la communauté internationale reste focalisée de plus en plus vers la Syrie, la République centrafricaine ou le Soudan du Sud où la guerre provoque le déplacement interne de plusieurs milliers de personnes.
            Le conflit en cours à l’Est du pays s’ajoute à la situation dramatique à laquelle font face les gens à travers tout le pays. Deux millions d’enfants sont touchés par la malnutrition, et les épidémies comme le choléra et la rougeole persistent et continuent de faire des victimes. La complexité de la situation est telle qu’elle requiert l’attention et le soutien continu de la communauté internationale. Voilà le message central de la visite conjointe de haut-niveau dans le pays.
            Ensemble, les responsables du HCR, de l’Unicef et du PAM ont visité le sud d’Irumu en Province Orientale, où les affrontements entre les Forces armées de la RDC et les groupes de milices ont déplacé environ 120 000 personnes depuis août 2013. Après avoir rencontré les personnes déplacées et les communautés d’accueil dans un site spontané près de Lagabo dans le district de l’Ituri, Lopes da Silva du PAM a déclaré : « L’insécurité a bouleversé les moyens de subsistance de ces populations, et nous nous sommes engagés à continuer à les soutenir, à la fois dans les espaces de déplacements et dans leurs communautés lorsqu’ils sentiront que les conditions sont en place pour leur retour. Dans le même temps nous devons continuer à plaider pour eux auprès des gouvernements donateurs pour la mise à disposition des ressources adéquates ».
            À Goma, les trois haut fonctionnaires onusiens ont visité des programmes dans le camp de déplacés de Mugunga III où ils ont rencontré les populations affectées par le conflit. Unis par l’objectif de comprendre les défis et explorer les solutions, ils ont discuté avec les autorités nationales et les partenaires humanitaires à l’Est et à Kinshasa afin d’identifier les opportunités permettant une efficacité accrue.
            « Dans certaines parties du pays, des personnes continuent de souffrir et sont déplacées à cause de la violence. Nous avons besoin du soutien des autorités congolaises, de la société civile, des organisations humanitaires, des partenaires de développement et des pays donateurs pour consolider les récents progrès vers la paix et la stabilité dans tout le pays et mettre un terme définitif au conflit et aux déplacements», a plaidé Janet Lim du HCR.
            L’insécurité à l’Est de la RDC ainsi qu’au Katanga a causé des déplacements répétés de population. On estime que la moitié de la population des déplacés est constituée d’enfants. La province de l’Equateur, où la paix a été rétablie après que des affrontements interethniques fin 2009 et début 2010 ont forcé 200 000 personnes à fuir leur foyer, abrite actuellement plus de 50 000 réfugiés fuyant les violences en République centrafricaine.
            Pendant leur visite, les représentants de trois agences des Nations unies ont souligné leur engagement dans l’identification et le renforcement de synergies dans les contextes où les trois agences sont opérationnelles. Dans le cadre de cette initiative, ils avaient également mené des visites conjointes en Mauritanie en novembre 2012, et en Jordanie/Liban en juillet 2013.
Kléber Kungu

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