Comment José Mambwini a échappé à la mort le 24 décembre

P.-D.G de GKV TV à Mbanza-Ngungu

Comment José Mambwini

a échappé à la mort le 24 décembre         

            « Si c’est le professeur José Mambwini que je dois transporter, c’est avec tout le respect que je vous dois que je vous dis que je refuse. D’ailleurs si vous insistez, même son étudiant aussi doit rester… » C’est Mike Nzazu, chauffeur de l’Université Kongo (UK) qui répond ainsi, aussi poliment que calmement,  à l’appariteur de cette Alma Mater, Trésor Luvitu, qui, une vingtaine de minutes plus tôt, venait de lui demander de prendre à bord de la Jeep de l’UK le Pr José Mambwini, le temps pour lui de terminer de dispenser ses enseignements en 1^er graduat de Lettres & Communication sociale, au site de Kisantu… L’attitude inattendue de ce chauffeur intrigue l’appariteur, mais pas José Mambwini qui se plie sans broncher aux caprices de Mike.

            Mardi 24 décembre 2013. Vers17heures. Le Pr José Mambwini a une vingtaine de minutes pour terminer à dispenser ses enseignements aux étudiants de 1^er graduat des Lettres et Communication sociale de l’Université Kongo (UK), site de Kisantu. L’appariteur Trésor Luvitu demande au chauffeur Mike Nzazu, qui venait de transporter une équipe de l’UK pour payer les agents, de transporter José Mambwini, le temps qu’il termine ses enseignements. « A vos ordres », aurait répondu Mike s‘il était militaire. 

            Pourquoi alors le chauffeur refuse-t-il d’obtempérer aux mêmes ordres auxquels il venait d’obtempérer une vingtaine de minutes, alors que José Mambwini, ses enseignements terminés et son sac d’enseignant d’université en bandoulière, s’apprêtait à embarquer à bord de la Jeep de l’UK de marque Toyota noire immatriculée 6036 AG 01 avec volant à droite, après avoir dit gentiment au revoir à ses collègues ?

            En effet, alors que José Mambwini était près d’embarquer à bord de la Jeep, le chauffeur Mike change d’avis en signifiant à l’appariteur qu’il était disposé à transporter toute autre personne sauf José Mambwini. Sur l’insistance de l’appariteur qui refuse de croire au revirement du chauffeur, Mike Nzazu argumente qu’il n’y a plus de place pour M. Mambwini et que si l’appariteur insiste, Fidèle Nseke, journaliste de GKV – la TV de José Mambwini - accompagnant le professeur aura toutes les chances de rester également.

            « Mike , rétorque Trésor Luvitu, dépité, tu n’as pas le droit de refuser d’obtempérer aux ordres de tes chefs. Et ne profite surtout pas de moments que je partage avec toi pour prendre un verre de bière pour essayer de prendre des libertés avec moi ».

            Impassible, le chauffeur campe sur sa position qui n’ébranle pas le moral de M. Mambwini qui était d’ailleurs disposé à rentrer à Mbanza-Ngungu par taxi. Sur ces entrefaites, il demande à son agent de descendre, concluant que toute personne ayant des relations avec lui est devenue persona non grata aux yeux du chauffeur orgueilleux.

            « Veuillez m’excuser, Boss, rétorque Fidèle Nseka. Je voudrais profiter de cette Jeep pour rentrer dans de bonnes conditions à Mbanza-Ngungu ».

            C’est dans un crissement strident des pneus que la Jeep de Mike quitte rageusement le site de l’UK/Kisantu, laissant tout le monde rêveur, plongé dans des interrogations sans réponses. Mais quelques secondes plus tard, Fidèle Nseka, ayant oublié ses pièces, demande au chauffeur de s’arrêter pour lui permettre de les récupérer. A peine M. Nseka à terre, le chauffeur redémarre en trombe, l’abandonnant.

            Et les réponses tant attendues ne vont pas tarder à éclairer les consciences tourmentées des uns et des autres de tous ceux dont l’attitude pour le moins surprenante a dérangé.

            Trente-cinq minutes plus tard, le téléphone de José Mambwini sonne. Au bout du fil, c’est Bienvenue Mbayi, animatrice à GKV TV. « Bonjour, Boss. Où vous trouvez-vous pour l’instant ? Nous venons d’apprendre qu’une Jeep des professeurs de l’UK vient de faire un accident. Prière d’appeler le professeur Sabakinu qui compte se rendre à Nkamba s’il n’est pas parmi les accidentés », dit Bienvenue Mbayi.

            José Mambwini lui répond que ce voyage a été annulé. A la question de savoir la couleur de la Jeep accidentée, l’animatrice lui répond de lui laisser le temps d’aller vérifier sur place. L’entretien avec son agent terminé et sans attendre la suite de la part de son animatrice, José Mambwini appelle  l’appariteur pour le charger d’appeler le chauffeur Mike en vue d’aller porter secours aux accidentés.

            « Oui, allô, répond une voix qui est loin d’être celle du propriétaire du téléphone. En effet, c’est un policier qui répond au téléphone de Mike, le chauffeur et qui apprend à l’appariteur Trésor Luvitu que le propriétaire de ce téléphone ainsi que deux autres de ses compagnons sont décédés et deux autres grièvement blessés, à la suite d’un accident de circulation survenu à l’entrée de la ville de Mbanza Ngungu, à environ 150 km de Kinshasa, dans une forêt artificielle d’acacias.

            M. Bebeto, comptable adjoint, Arlain Mampuya, informaticien à l’UK, neveu du Pr Sabakinu et ami du chauffeur, sont les autres victimes. Serge, un autre chauffeur de l’UK et un étudiant de cette université sont parmi les blessés.

            Aussitôt informé et sous l’émotion, l’appariteur hèle José Mambwini qui se trouve dans sa chambre, lui demandant de descendre très vite. Une fois à ses côtés, Trésor Luvitu se jette dans les bras de M. Mambwini.

            « Professeur, vous avez de la chance ! » lui annonce-t-il brusquement, tout haletant. « Qu’y a-t-il ? », rétorque José Mambwini, surpris.

            Et lorsque l’appariteur apprend à José Mambwini l’accident de la Jeep de Mike à l’entrée de Mbanza-Ngungu et de la mort de trois des cinq occupants dont le chauffeur et Arlain Mampuya qui était assis à ses côtés, juste là où José Mambwini devait s’asseoir, l’initiateur de la chaîne de télévision GKV se met à trembloter comme une feuille de papier pelure. Il venait de rater la mort grâce au refus in extremis du chauffeur de le prendre à bord de sa Jeep dont l’état est méconnaissable.

            « Kléber, me confie José Mambwini, cette histoire que je viens de te raconter, me dépasse, au point où j’ai de la peine à réaliser que je viens d’échapper à la mort d’une manière inattendue. La seule certitude est que Dieu est intervenu par la personne de Mike qui a refusé de me transporter, lui qui, quelques minutes plus tôt, a accepté de me prendre dans sa voiture».

            Cette histoire ne manque pas de susciter quelques interrogations. Pourquoi le chauffeur Mike consentant au début et censé exécuter au doigt et à l’œil les ordres de sa hiérarchie a dû changer de position quelques minutes plus tard ? Que se serait-il advenu si M. Mambwini avait insisté de voyager à bord de la Jeep ?

            Pour les plus superstitieux, José Mambwini est détenteur d’un talisman qui aurait poussé le chauffeur à refuser de le transporter. D’autant plus que les langues médisantes attribuent aux professeurs d’université, surtout ceux vivant en Europe, des pouvoirs surnaturels dus à leur appartenance à des loges des sciences occultes.

            Une version que les plus croyants des chrétiens battent en brèche en attribuant l’attitude du chauffeur du moins à l’intervention divine sinon à celle des ancêtres de José Mambwini. Celui-ci y croit fermement. « Kléber, je suis convaincu que les esprits de mes parents l’accompagnent partout », affirme-t-il, tout pensif.

Kléber Kungu