mercredi 24 juillet 2013
Fonds Africa 50 : 100 milliards de dollars que la BAD veut financer
Méga projets d’infrastructures en Afrique
Fonds Africa 50 : 100 milliards de dollars que la BAD veut financer
Les dirigeants des principales organisations économiques africaines ont réfléchi, vendredi 19 juillet, à Tunis, sur les moyens d'assurer le financement de méga projets d’infrastructures en Afrique estimé à environ 68 milliards de dollars américains.
Lors de leur dernier sommet tenu à Addis-Abeba, Ethiopie, les chefs d'Etats et de gouvernements africains ont estimé que l’Afrique a besoin de 68 milliards de dollars américains pour assurer le financement de grands projets d’infrastructures.
La Banque africaine de développement (BAD) a présenté, vendredi, son initiative «Fonds Afrique 50 », qui a été adopté en mai 2013 par les ministres des Finances lors des assemblées annuelles de la BAD à Marrakech, au Maroc (27-31 mai 2013). Un fonds conçu pour financer les mégaprojets d'infrastructures (énergie, transport, connectivité...) en Afrique, au cours des 50 prochaines années, et ce grâce à des ressources propres et à un rythme d'exécution accéléré, selon le vice-président de la BAD chargé des finances, Charles Boamah, cité par Kapitalis.
Il a précisé que le capital initial de ce fonds, provenant de différentes sources d'investissement, s'élevait à 3 milliards de dollars et devrait atteindre 100 milliards de dollars durant les 10 années à venir.
Selon un communiqué de la BAD, les financements doivent provenir tant des banques centrales que de la diaspora, des fonds souverains, des fonds de pension et de grosses fortunes du continent. Il sera à la fois « flexible, efficace et commercial ». Son rôle : financer prioritairement les projets entrant dans le cadre du Programme pour le développement de l’infrastructure en Afrique (PIDA), exécuté par l'institution panafricaine.
Le président de la BAD, Donald Kaberuka, a relevé, à l'ouverture des travaux de cette table-ronde, que le financement des infrastructures, en Afrique, souffre d'un déficit de 45 milliards de dollars, malgré les ressources financières mobilisées par la BAD et estimées à 25 milliards de dollars.
Aussi a-t-il proposé de passer des visions du court terme vers celles du long terme et de prendre les mesures correctives permettant de financer les projets d'infrastructure en Afrique, notamment dans une conjoncture de crise économique que le monde connaît pour pouvoir maintenir le même rythme de croissance en Afrique.
Le numéro un de la BAD a appelé à adopter des politiques d'atténuation des risques, à travers la fourniture aux investisseurs privés des garanties permettant d'assurer le retour sur leur investissement et à bien utiliser les ressources financières nationales.
Pour garantir un avenir prospère et sécurisé en Afrique d’ici à 2063, c’est-à-dire les 50 années à venir, le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Uneca), Carlos Lopes, a, quant à lui, estimé nécessaire de « résoudre les problèmes de sécurité, de fixer les objectifs futurs et de profiter du potentiel non exploité en Afrique ». Des objectifs à réaliser, selon lui, grâce à la mise en place d’une vision stratégique permettant une intégration régionale et un développement du commerce interafricain.
Il s'agit également, a-t-il ajouté, d'améliorer la qualité des capitaux humains, en assurant une adéquation entre l'enseignement et les offres du marché du travail.
La présidente de la Commission de l'Union africaine (CUA), Nkosazana Dlamini Zuma, a, pour sa part, précisé que l'étape suivante, qui sera axée sur la prospérité et la paix en Afrique, devra répondre à trois aspects dont l'autodétermination, l'autosuffisance et la solidarité, appelant à opérer des changements au niveau des méthodes de mobilisation des ressources publiques et privées.
Mme Zuma affirme que la réussite du progrès des projets phares en Afrique devra bénéficier de la confiance de tous les citoyens africains.
Cette table ronde a été organisée conjointement par la Commission de l'Union africaine (CUA), et la BAD ainsi que la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (Uneca), avec la participation de nombreux représentants d'établissements bancaires, de fonds d'investissements et d'opérateurs des infrastructures.
Le plan d'Obama pour électrifier l'Afrique
Entre temps, lors de sa dernière visite en juillet en Afrique du Sud, le président américain, Barack Obama, a annoncé un plan de sept milliards de dollars sur 5 ans, baptisé « Power Africa » destiné à « doubler l'accès à l'électricité en Afrique sub-saharienne ».
Donc, "doubler l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne" est l'objectif fixé par le président américain Barack Obama dans un discours prononcé à l'Université du Cap (UCT), dimanche 30 juin. Il s'agit de répondre aux immenses besoins énergétiques d'un continent en pleine croissance, mais dont le développement et les investissements restent freinés par des déficits électriques chroniques.
"L'accès à l'électricité est fondamental pour saisir les opportunités de ce monde. C'est la lumière qui permet à l'enfant d'étudier, l'énergie qui permet aux idées de devenir des grandes entreprises" a déclaré Obama. L'électrification, "c'est l'assurance pour les familles de subvenir à leur besoin, mais aussi la clé pour connecter l'Afrique à l'économie mondiale" a-t-il ajouté. Bref, l’énergie électrique est à la base du développement d’un pays.
Énorme potentiel
Dans un communiqué publié à cette occasion, la Maison Blanche a estimé que "plus des deux tiers de la population de l'Afrique subsaharienne vivent sans électricité et plus de 85% des habitants des zones rurales n'y ont pas accès. Power Africa ambitionne donc de s'appuyer sur l'énorme potentiel énergétique de Afrique, y compris les nouvelles découvertes de vastes réserves de pétrole et de gaz, et sur le potentiel de développement d'énergies propres, géothermique, hydroélectrique, éolienne et solaire", précise la Maison blanche dans un communiqué.
Le plan américain devrait "aider les pays à développer de façon responsable des ressources récemment découvertes, construire des centrales et des lignes électriques, et élargir les solutions de mini-réseaux et de systèmes hors-réseau".
Bien que cette initiative soit annoncée en Afrique du Sud, le pays n'est pas concerné par le plan Power Africa, alors qu'il peine à produire suffisamment d'électricité pour répondre à ses énormes besoins. Les États-Unis vont d'abord travailler avec l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie, des pays affectés par des coupures d'électricité fréquentes, mais qui ont des "objectifs ambitieux" en matière de production d'électricité.
10 000 mégawatts
Les États-Unis annoncent vouloir leur apporter 10 000 mégawatts d'électricité "plus propre" supplémentaires. Cela permettrait de connecter 20 millions de foyers et d'entreprises. Selon la Maison Blanche, l'initiative américaine associera plusieurs agences gouvernementales et des entreprises privées, avec l'objectif d'entraîner à terme 9 milliards de dollars d'investissements privés. Le géant américain General Electric contribuera notamment à ce que le Ghana et la Tanzanie produisent 5 000 mégawatts supplémentaires dans les cinq ans à venir.
La BAD a saisi cette opportunité pour annoncer qu’elle était partie prenante de l'initiative. Sur les cinq dernières années, l'institution panafricaine a notamment engagé 1,63 milliard de dollars pour financer des projets énergétiques dans les six pays bénéficiaires.
D'autre part, Heirs Holding, société d'investissement de l'homme d'affaires nigérian Tony Elumelu, a annoncé son intention de contribuer à Power Africa à hauteur de 2,5 milliards de dollars.
Par sa dernière tournée africaine de leur président, les Etats-Unis d’Amérique ont voulu montrer qu’ils sont loin d’avoir oublié le continent africain et qu’ils étaient prêts à refaire le retard par rapport à la Chine qui leur a damé le pion sur le terrain africain.
Les États-Unis restent, en Afrique, loin derrière la Chine, qui y a considérablement accru sa présence et son influence ces dernières années. Le niveau du commerce sino-africain est désormais deux fois plus important que celui du commerce afro-américain. Un retard qui risque d'être difficile à rattraper, sans une véritable réorientation stratégique.
Kléber Kungu
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire