mardi 18 juin 2013

Journée de l’Enfant africain 2013 Protéger les enfants des pratiques traditionnelles néfastes Avons-nous encore des enfants ?
Dans le cadre de la commémoration de l’édition 2013 de la Journée de l’Enfant africain, les partenaires de la promotion des droits de l’enfant, en l’occurrence l’Union africaine, le Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef), et leurs partenaires, avec le ministère congolais du Genre, Famille et Enfant se sont engagés à promouvoir les droits des enfants. Alors que cette année, le thème retenu pour la journée par l’Union africaine concerne les pratiques traditionnelles néfastes. Mais il y a de nous demander si nous avons encore des enfants, si nous nous soucions de leurs droits…les plus élémentaires Chaque année, la journée du 16 juin est consacrée à l’Enfant africain par les Etats membres de l’Union africaine, en mémoire des insurrections de 1976 à Soweto, au cours desquelles une manifestation par des écoliers en Afrique du Sud, contre une scolarité inspirée par l’apartheid, a eu pour résultat le massacre public par des policiers des jeunes manifestants non armés. Au cours de cette journée, l’ambassadeur de l’Union africaine en RDC, Emmanuel Mendoume Nzé a rêvé d’un monde dans lequel toutes les pratiques rétrogrades qui chosifient les enfants doivent être bannies. « La Journée internationale de l’Enfant africain est une opportunité que saisit l’Union africaine pour exprimer sa préoccupation face à la persistance des pratiques traditionnelles néfastes comme l’excision de jeunes filles, le travail précoce des enfants, et d’autres. Elle milite pour une société meilleure où ces pratiques seraient bannies; un monde qui soit à même d’offrir une chance égale d’épanouissement à tous », a-t-il déclaré. Les disparités économiques sont souvent à l’origine des abus commis à l’égard des enfants comme en témoignent les mariages précoces d’enfants ou l’accusation de sorcellerie. La pauvreté dans les familles et les communautés cause et accentue ces phénomènes, lorsque l’enfant est considéré comme une charge. Mariages précoces Les mariages précoces, par exemple, ont pour conséquences l’interruption de la scolarité des filles et la mise en danger de leur santé. En RDC, L’Etude sur les enfants et adolescents en dehors de l’école, conduite par le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) avec l’appui de l’Unicef et de ses partenaires en 2012, montre que les mariages précoces figurent parmi les barrières à la scolarisation des filles. La ministre du Genre, Famille et Enfant, Geneviève Inagossi Kassongo a saisi cette occasion pour interpeler son gouvernement sur les engagements qu’il a pris lors de la ratification de diverses conventions internationales, selon un communiqué conjoint rendu public lundi 18 juin dont L’Observateur a obtenu copie. «La 24ème édition de la Journée d’Enfant africain est l’occasion pour le gouvernement de réitérer ses engagements pris lors de la ratification des conventions internationales d’une part, les efforts d’harmonisation de l’arsenal juridique aux normes internationales d’autre part, et de redoubler d’efforts dans la perspective de l’évaluation de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), dont l’échéance est fixée à l’horizon 2015 ». La Convention relative aux droits de l’Enfant (CDE) souligne dans son article 24.3 que les Etats parties doivent prendre « les mesures appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants ». En RDC, au vu du nombre important de décès maternels (570 pour mille naissances vivantes) et de la mortalité des enfants en dessous de 5 ans (158 pour mille naissances), le gouvernement a lancé l’initiative « Promesse renouvelée » le 31 mai 2013 avec pour objectif de sauver la vie de 7,900 vies de mères et de 430,000 enfants en RDC d’ici fin 2015. La RDC a également ratifié des instruments juridiques tels que la CDE, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant ou la Loi portant protection de l’Enfant qui mettent les droits des enfants au centre de son agenda. « Tous les enfants ont droit à la vie et à une enfance. Les pratiques néfastes nient ces droits. En RDC il y a la volonté politique, reflétée dans les lois. Une grande mobilisation sociale de tous doit permettre de vaincre les habitudes qui mettent en danger la vie des filles et des garçons » a déclaré Barbara Bentein, représentante de l’Unicef en RDC. « Leur avenir est dans nos mains aujourd’hui. » La RDC a choisi le 18 juin comme date pour la célébration officielle de la Journée de l’Enfant africain. A Kinshasa, un mémorandum accompagné d’une pétition signée par les enfants à travers toutes les provinces, et adressé aux autorités sera remis aux ministres du Genre, de la Famille et de l’Enfant ; de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, pour la prise des mesures appropriées, comme notamment l’accroissement du budget alloué à l’éducation. C’est en compagnie des enfants que la ministre du Genre remettra le mémorandum au Parlement et aux Gouverneurs ainsi qu’aux Assemblées provinciales. Complices et irresponsables Adresser un mémo est une très bonne chose. Mais que peut valoir un mémo si ceux à qui il est adressé ne se soucient pas du tout de répondre aux desiderata consignés dans ce mémorandum. Conséquence : tout ce que nous nous mettons à dénoncer, à décrier dans nos discours officiels, à coups de tapages médiatiques a peu de chance de disparaître. A quoi peut servir une convention, une loi si ses signataires ne les applique pas ? Toute convention ou toute loi tire sa force, son efficacité par l’application que les gouvernants sont appelés à en faire. Aussi devenons-nous des complices silencieux de toutes ces pratiques traditionnelles néfastes et éhontées. Un petit tour sur nos artères, dans nos quartiers et communes et nous avons devant nous nos propres enfants à qui notre incompétence et notre distraction ont confié de sales boulots, des responsabilités qui du reste sont nôtres. Que d’enfants vendeurs d’eau en sachets, de jus en bouteilles plastiques, et d’autres marchandises… Ils les proposent à tout le monde, au vu et au su de tous, y compris des décideurs, qui, complices, les regardent faire. Sans broncher ! Nous poussons notre complicité doublée d’un abandon de responsabilité, jusqu’au point de laisser nos propres enfants faire ce qui relève de notre responsabilité première. Plusieurs enfants sont devenus leurs propres parents en payant – pour ceux qui sont sur le banc scolaire – leurs frais scolaires. Le travail précoce des enfants, les mariages précoces, la prostitution, la garde d’enfants… Notre complicité et notre irresponsabilité ont poussé nos enfants à pratiquer tous ces sales boulots. Que dire de cette maman, sans mari et livrée à la prostitution laisse chaque nuit ses enfants sous la garde de leur sœur aînée pour aller se prostituer ! Nos seulement ses enfants ne sont pas scolarisées, mais sa fille aînée, encore mineure, commence à prendre goût au métier de sa maman. Avons-nous raison de sacrifier l’avenir de nos enfants pour le simple prétexte que nous ne disposons pas de moyens suffisants pour les scolariser, pour les encadrer, parce que nous-mêmes, bénéficiaires de ce mauvais encadrement de la part de nos parents, ne trouvons pas l’importance de mieux encadrer nos enfants ? Ne nous étonnons pas de voir ces enfants mal encadrés devenir nos assassins. Pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui, mettons-nous à nous demander si les très tristement célèbres kuluna, les enfants de la rue, les éternels shégués qui sèment terreur et mort dans nos quartiers n’ont pas bénéficié de notre irresponsabilité. Kléber Kungu

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