Général autoproclamé et chef de la milice Nduma Defense of
Congo
Sheka présente de
nouvelles revendications avant sa reddition
Le chef
milicien Sheka conditionne sa reddition à quelques revendications. Il dit
être prêt à déposer les armes à condition que la Mission de l’Organisation des
Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) déploie ses bases partout
dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu et que le gouvernement renonce à
toute attaque contre lui.
Dans
son cahier des charges adressé mercredi 6 novembre dernier au président de la République, le chef de
la milice Nduma Defense of Congo (NDC) exigeait
entre autres l’amnistie générale, un dialogue avec le gouvernement et
l’intégration de ses combattants, qu’il estime à trois mille, avec
reconnaissance de grades.
Le général
autoproclamé Ntabo Taberi Sheka a présenté ces nouvelles revendications mardi
12 novembre à Pinga devant la délégation mixte composée de la Monusco et du gouvernement
provincial du Nord-Kivu.
Les revendications ou
la peur de la justice
Le
ministre provincial de l’Intérieur, Valérien Mbalutwirandi, qui a représenté le
gouvernement provincial, a affirmé que les nouvelles revendications de Sheka
prouvent « qu’il n’a pas l’intention de quitter la brousse ».
« Nous
avons vu que ces collaborateurs sont prêts à donner de bonnes options, mais
c’est lui qui a peur de la justice, il voudrait qu’on le prenne au même titre
que les autres dans l’amnistie générale. Nous lui avons donné les trois
options. Soit il dépose les armes, il y a la justice qui attend ceux qui ont
commis des crimes parce qu’il y aura l’intégration au cas par cas. Il y en a en
effet qui seront démobilisés pour rentrer à la vie civile », a déclaré Valérien Mbalutwirandi.
Le
ministre dit espérer tout de même que le peu de temps laissé à Sheka suffira
pour qu’il adhère aux options du gouvernement « avant que les FARDC et la
brigade d’intervention de la
Monusco ne passent à la phase offensive ».
La
localité de Pinga-située à près de 200 km au Nord-Ouest de Goma (Nord-Kivu) est
le fief de
Sheka. Le chef de la
Monusco, Martin Kobler, qui a visité cette localité le vendredi
8 novembre dernier, n’a pas caché ce qui atten tous ceux qui y sèment
l’insécurité. Il a
envisagé des solutions urgentes à la situation sécuritaire dans cette
partie du Nord-Kivu.
Comme
quoi, la Monusco
et la Brigade
d’intervention de l’Onu appuyant les FARDC, piaffent d’impatience à régler
leur compte à tous ces groupes armés qui ne veulent entendre que la seule voix
des armes.
Les
combattants de Nduma Defense of Congo (NDC), majoritairement de l’ethnie
Nyanga, et ceux de l’Alliance pour un Congo libre et souverain (APCLS) de
l’ethnie Hunde vivent à couteaux tirés dans cette contrée depuis 2010. Les
notables de deux communautés tentent de réconcilier les deux groupes armés,
sans succès.
Les
derniers affrontements entre les deux groupes remontent au 20 octobre dernier.
Depuis, la
situation sociale et économique de la population de cette contrée s’est détériorée.
Par conséquent, des activités scolaires, des hôpitaux, des commerces et autres
activités de cette partie du Nord-Kivu tournent au ralenti.
La
délégation qui a discuté avec Sheka était composée du ministre provincial
chargé de l’intérieur, le Dr Valérien Mbalutwirandi et le chef de bureau de la Monusco, Ray Virgilio
Tores.
Les
revendications du chef milicien Sheka viennent rallonger la liste déjà longue
d’autres seigneurs de guerre. Les revendications de nombreux chefs miliciens et
autres seigneurs de guerre qui ont opté pour la voie des armes pour obtenir ce
qu’ils étaient censés obtenir par des voies plus démocratiques et légales
relance la lancinante question de savoir si le gouvernement doit ou non
négocier avec eux.
Après avoir
trempé jusqu’au cou dans les crimes les plus odieux, et dans des trafics et
autres exploitations illicites des matières premières, des années durant, ces
tueurs des Congolais, n’hésitent pas à prendre la liberté à plaçant haut, très
haut, la barre de leurs revendications.
C’est que,
ayant une grande peur quant à la suite des événements sur le plan
judiciaire, les chefs miliciens, les seigneurs de guerre et autres chefs des
groupes armés, tentent de mettre le gouvernement au pas en lui imposant des cahiers de revendications en leur faveur.
Question de chercher à contourner l’épée de la justice tant nationale
qu’internationale.
Faudra-t-il
prendre les armes en vue d’obtenir finalement ce que l’on peut obtenir par des
voies plus légales et pacifiques ? Les exemples malheureux d’autres
seigneurs (Thomas Lubanga, Bosco Ntaganda…) dont la tristement célèbre carrière
s’est terminée entre les quatre murs de la Cour pénale internationale (CPI) ne sont pas
suffisants pour décourager les chefs des groupes armés dont l’activisme va jusqu'à braver les feux des FARDC appuyées par les forces onusiennes
(Monusco et Brigade d’intervention) ? L’épisode de la défaite exemplaire
subie par les créatures du Rwanda est loin de leur servir d’exemple pour les
amener à déposer sans condition les armes ?
Kléber Kungu
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