Accusés de subornation des témoins par la CPI
Bemba et deux de ses proches ce mercredi devant la justice
Jean-Pierre Bemba et deux de ses
proches, Me Aimé Kilolo et Fidèle Babala, seront ce mercredi 27 novembre devant
la justice de la Cour
pénale internationale (CPI) pour se justifier de l’accusation de subornation
dont la CPI les
accuse.
La Cour pénale Internationale arrêté
le samedi 23 novembre à Kinshasa, capitale de la République démocratique
du Congo (RDC), en Belgique, en France et en Suisse quatre personnes qu’elle a
accusées de subornation des témoins, c’est-à-dire d’avoir tenté de corrompre
certains témoins. Fidèle Babala, député national et secrétaire général
adjoint du Mouvement de Libération du Congo (MLC) arrêté par le parquet général
de la République. En
Europe, Me Aimé Kilolo, avocat principal de Jean-Pierre Bemba a été arrêté à
Bruxelles en Belgique par les autorités belges, Jean-Jacques Mangenda,
membre de l’équipe de la défense de Bemba chargé de la gestion des dossiers de
l’affaire, a été arrêté par les autorités néerlandaises. Tandis que Narcisse
Arido, témoin cité à comparaître par la défense, a été arrêté, lui, par les
autorités françaises. Fidèle Babala a été transféré dimanche 24 novembre 2013 à
La Haye au Pays
Bas.
L’arrestation du député national MLC
Fidèle Babala a provoqué des vagues notamment au parlement congolais. A
Kinshasa, le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole, Lambert
Mende, a expliqué qu’il n’a fait qu’exécuter un mandat de la CPI en tant que gouvernement
d’un pays signataire du statut de Rome.
Pour Wivine
Mumba, qui s’est justifiée le lundi 25 novembre devant les parlementaires, le
transfèrement de Fidèle Babala à la
CPI est conforme au statut de Rome, le texte fondateur du
tribunal international. La RDC, en tant que signataire du
traité, a-t-elle ajouté, ne pouvait que coopérer et exécuter le mandat de la CPI contre Fidèle Babala.
« Les engagements internationaux, en
tout cas les conventions internationales, ont préséance si je peux dire sur les
lois internes, et c'est donc normal que nous coopérions avec la CPI quand c'est conforme au
statut de Rome et aux lois de notre pays. Que ce soit n'importe qui, qui est
soumis aux juridictions internationales, nous avons l'obligation de les
accompagner », s’est-elle
défendue.
Entre
temps, le collectif des avocats du député national Fidèle Babala, composé des
Me Alexis Lenga et Jacques Djoli, fustige la procédure engagée par la RDC pour son
arrestation. Dans une déclaration faite au sortir de l’audience qui leur
a été accordée dimanche par le procureur général de la République, ces avocats
disent regretter que les statuts de Rome et les dispositions de la législation
interne n’aient pas été respectées.
Par
ailleurs, la ministre de la Justice,
Wivine Mumba, s’est expliquée devant le Parlement sur le sujet, notamment sur
l'interpellation et le transfèrement rapide à la Haye du député du MLC Fidèle
Babala.
Toutes ces explications sont loin d’avoir
convaincu l'opposition, précisément le camp du MLC. Pour le camp du parti cher
à Jean-Pierre Bemba, par la voix de Crispin Lenga, président du groupe
parlementaire MLC et alliés au parlement, coopérer, oui, mais il dénonce et qualifie d'« irrégulière » la
façon dont le député Babala a été envoyé à La Haye.
Les
députés du MLC veulent une coopération avec la CPI plus respectueuse, surtout quand il s'agit de
personnes ayant une certaine immunité. Cependant, Oriane Maillet, du bureau des
affaires publiques de la CPI,
cité par la radio Deutsche Welle, a expliqué que la Cour ne tenait pas compte de
ce statut.
«
À la Cour pénale
internationale, il n'y a pas d'immunité pour les personnes en fonction. Si les
faits étaient avérés, les personnes encourent une peine d'emprisonnement
pouvant aller jusqu'à cinq ans et/ou une amende », a-t-il précisé.
En
attendant que Fidèle Babala et ses trois co-accusés soient fixés sur leur sort,
certains parlementaires congolais, notamment du parti d'opposition UNC (Union
pour la Nation
congolaise), envisagent déjà de proposer un retrait de la RDC du statut de Rome, comme
l’avaient fait les parlementaires kenyans. Une voie que la CPI a rejetée.
Dans
tous les cas, les nouvelles charges qui pèsent sur l’ancien vice-président de la République congolais,
vont relancer ce procès qui est à son 3ème année. Si les accusés
sont reconnues coupables des faits qui leur sont reprochés, ils encourent des
amendes et/ou un emprisonnement de 5 ans.
Avec
l’arrestation de 4 Congolais par la
CPI, la RDC
bat le record du nombre des ressortissants détenus à La
Haye. Les Fidèle Babala Wandu, Me Aimé
Kilolo Musamba, Jean-Jacques Mangenda Kabongo et Narcisse Arido viennent
allonger la liste des Congolais séjournant déjà à la prison de Scheveningen : Thomas Lubanga Dyilo, Germain Katanga, Bosco
Ntaganda, Jean-Pierre Bemba, Mathieu Ngudjolo Chui (déjà acquitté, bien que la CPI ait interjeté appel).
Kléber Kungu
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