Phénomène « kuluna »
Quand l’opération « Likofi » pousse à une mue forcée des malfrats
L’opération
dite « Likofi » contre le banditisme urbain, communément appelé
« phénomène « kuluna », bat son plein. Et à peine lancée, les
effets ne se sont pas fait attendre. Tout Kinshasa en parle. A la grande
satisfaction de la population qui a payé un lourd tribut de l’inaction des
autorités. Le coup de poing (likofi en lingala) est si percutant que les
malfrats n’hésitent pas à chercher des voies et moyens pour muer physiquement
en changeant le look…
Les
malfrats connus sous le vocable de « kuluna » se singularisent par un
look physique qui ne leur permet de se distinguer des autres parmi une
foultitude de personnes : cheveux à la rasta dits « looks »,
tenue vestimentaire aussi sale que délabrée, un corps marqué de tatouages, un
visage notoirement balafré aux yeux rougis par une prise quotidienne des
produits forts (alcool, chanvre…). Le tout exprimé par un nom bizarre qui dit
tout sur le personnage.
C’est fort
de ces signes ostentatoires que la population en particulier n’a aucune peine
de distinguer un seul kuluna dans une marée humaine.
Ayant
compris cela, bien des kuluna qui n’ont pas eu la chance de s’exiler soit dans
d’autres provinces plus proches, soit à Brazzaville, ont eu l’idée ingénieuse
de se muer, de transformer leur apparence physique, leur look.
Comme ces
trois jeunes garçons rencontrés le samedi 23 novembre au croisement de l’avenue
des Huileries et du boulevard Triomphal alors qu’ils se rendaient au stade des
Martyrs assister au match DCMP-Shark XI FC. A leur vue, un des passagers à bord
du taxi qui me conduisait à la place Victoire leur a lancé ceci : « Même
si vous vous muez, les traits de vos visages vous accusent sans peine ».
Effectivement,
quoique ces trois jeunes gens aient fourni beaucoup d’efforts à faire
disparaître tous les signes distinctifs de kuluna, les traits de kuluna sur
leurs visages restaient intacts. Ainsi n’avons-nous éprouvé aucune peine de
trouver en ces « kuluna » reconvertis des traits qui ne trompent
jamais.
Ces trois
jeunes gens représentent un infime échantillon des milliers de malfrats qui ont
pris les Kinois en otage en les terrorisant durant plusieurs mois qui ont paru
comme une éternité à une population dont les cris de détresse par la presse
semblaient ne pas émouvoir les forces de l’ordre et la justice.
Opération du 15
novembre 2013 au 15 février 2014
L’opération « Likofi »,
telle qu’elle se passe depuis son lancement, fait l’unanimité de la population.
Mais celle-ci demande que ses coups de poing – de cette opération – ne
s’arrêtent pas après une centaine ! Qu’elle aille jusqu’au bout pour que
les uns et les autres sentent que l’autorité de l’Etat est loin d’être morte.
En premier lieu, ceux qui l’ont longtemps narguée, c’est-à-dire les
« kuluna ».
Tout est
parti de la réunion à Kinshasa le 26 octobre 2013 et, à Lubumbashi, le 6
novembre 2013, du Conseil supérieur de la Défense qui avait approuvé le plan
d’exécution relatif à l’éradication du phénomène « kuluna » pour qu’il entre en
application.
Aussi, directement
concerné, le ministre Richard Muyej Mangez n’a pas hésité, à son tour, à
répercuter les directives en réunissant le staff dirigeant de la Police nationale congolaise
(PNC) pour peaufiner les stratégies d’application des
recommandations du Conseil supérieur de la Défense.
Ainsi est
née « l’opération Likofi » qui va s’étendre du 15 novembre 2013 au
15 février 2014 que les éléments de la Police nationale congolaise (PNC) est en train
d’exécuter à la grande satisfaction de la population kinoise, congolaise
en général.
Les Kuluna dans le
Bas-Congo et le Bandundu ?
La manière
musclée appliquée dans l’opération « Likofi » est telle que dans le
camp des malfrats, dans lequel se trouve actuellement la peur, il y a eu une
grande débandade. Ce qui fait craindre fuite de ces malfrats dans les provinces
les plus proches de Kinshasa : le Bas-Congo et le Bandundu, et également à
Brazzaville.
Voilà qui
doit pousser les autorités de ces deux provinces à ouvrir grandement l’œil.
Ainsi dans toutes les centres urbains, cités ou villes plus proches de Kinshasa
de ces provinces, la vigilance doit être redoublée et par la population et par
les éléments de la Police
nationale congolaise.
Au-delà de
la durée de cette opération, le souhait de la population est de voir se créer
une brigade spéciale anti-criminalité urbaine. Celle-ci, dotée de moyens
matériels et financiers, pour lui permettre
une mobilité permanente, aura pour tâche de ne s’occuper de tous ces
jeunes gens qui se croient tout se permettre en se comportant comme ils
veulent. Les kuluna, les jeunes –filles et garçons - à l’habillement
extravagant (fashion), les bandits de tout genre qui s’agrippent au-dessus des
véhicules (lors de l’inhumation des morts au cimetière, des cérémonies de
collation des grades académiques)…
Les maux de
la société congolaise sont si profonds qu’il est temps de s’y attaquer et de
manière non complaisante si on tient à sauver cette société déjà dans un ravin…
Kléber Kungu
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