Ancien chef rebelle et proche de Patrice Lumumba
Christophe Gbenye vient de rendre l’âme
Christophe Gbenye, un ancien chef
rebelle et ancien compagnon de l'ancien
Premier ministre Patrice Lumumba, vient de rendre l’âme, dans la nuit de lundi
2 à mardi 3 février courant, à
Kisangani, chef-lieu de la province Orientale, selon RFI qui n’a pas précisé
les causes de sa mort…
Cet
ancien chef rebelle que certains qualifient de sanguinaire, s’était illustré
dans la rébellion des Simba, l’une des plus sanguinaires que le pays ait jamais
connues. Née au lendemain de l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, la
rébellion des Simba avait occupé une grande partie de la RDC au début des
années 60.
A quiconque voulait connaître son
âge, Christophe Gbenye n’avait qu’une réponse : « Je suis né vers 1929. Mon père m’avait
déclaré à l’état civil alors que j’avais déjà atteint un certain âge ».
Patrice Emery Lumumba, Christophe
Gbenye et d’autres amis vont fonder le
Mouvement national congolais (MNC). En 1960, alors que le pays accède à l’indépendance, Christophe Gbenye est nommé
ministre de l’Intérieur, puis en 1963 sous le gouvernement Adoula, après avoir
été le premier bourgmestre adjoint de cetteville..
Après l’arrestation suivie de
l’assassinat en 1961 au Katanga du Premier ministre Lumumba, Christophe Gbenye
et d’autres partisans du Premier ministre décident de gagner Stanleyville,
aujourd'hui Kisangani, ville d’où ils ont décrété la République populaire du
Congo dont Christophe Gbenye fut le président. La rébellion Simba va occuper
une grande partie du territoire congolais, jusqu’à son écrasement en 1964.
Ce gouvernement sécessionniste,
opposé au gouvernement de Léopoldville, est à l’époque reconnu par 7 pays
dont l’ancienne URSS et l’Égypte. Gaston Soumialot en est le ministre de la Défense.
Le rebelle Christophe Gbenye s’exile
à partir de ce moment. Un exil qui va
prendre fin lorsqu’ à la faveur d’une amnistie décrétée par le président
Mobutu, lui et ses autres compagnons
regagnent le pays vers les années 70. Devenu homme d’affaires,
l’ancien rebelle a continué à diriger le Mouvement national congolais Lumumba,
jusqu’à sa disparition avec l’opération
belgo américaine de novembre 1964.
Kléber Kungu
La rébellion Simba en un mot
La rébellion Simba est une rébellion qui eut lieu, en 1964, au Congo-Léopoldville (aujourd’hui la République démocratique du
Congo), en réaction aux abus du
gouvernement central congolais1. Elle mit en place brièvement le
gouvernement sécessionniste de la République populaire du Congo, basé à Stanleyville (aujourd’hui Kisangani) et qui a contrôlé l'est du pays. Moïse
Tshombe met un
terme à ce gouvernement de Stanleyville avec l’aide de
troupes britanniques, américaines, et de parachutistes belges du 24 au 26
novembre 1964…
Les leaders des rebelles sont
majoritairement de gauche. La plupart des combattants, par contre, sont des
hommes issus des tribus de la province du Kivu et la province Orientale. La
grande majorité d'entre eux sont issus de culture traditionnelle avec des
croyances animistes. Le nom "Simba" provient de la croyance de ces
hommes que, selon leurs shamans, ils seraient immunisés contre les balles,
grâce à l'absorption massive d'alcool et de drogues par certains d'entre eux,
et qu'ils seraient ainsi transformés en Simba (Lion en swahili) durant les
combats, et que les balles tirées par leurs adversaires seraient transformées
en inoffensives gouttes d'eau, comme aujourd’hui les Maï-Mai. Les jeunes
combattants étaient majoritairement âgés entre 12 et 20 ans…
L'insurrection commença en janvier
1964. Les Simba réussirent à tenir à distance deux bataillons bien équipés de
l'armée gouvernementale qui refusèrent de combattre. Les Simbas commencèrent
alors à capturer des villes importantes. Au bout de plusieurs semaines, la
moitié du Congo était sous leur contrôle ; certaines de leurs bandes
perpétrant des massacres et se livrant à des tortures, viols, et exactions,
tant parmi les Africains que parmi les Européens restés en place ou revenus
après l’indépendance du pays. Selon certains témoignages, des rivières ont
charrié un nombre incalculable de corps de suppliciés par ces bandes.
Kisangani, une
grande ville, a été prise suite à la fuite des 1 500 hommes de la force
gouvernementale, laissant derrière eux leurs armements (mortiers, et véhicules
armés). L'attaque consista en une charge de quarante combattants Simbas,
dirigée par les shamans. Aucun coup de feu ne fut tiré.
Les chefs rebelles les plus
importants avaient systématiquement recours à la terreur, torture et exécutions
publiques des agents gouvernementaux, des traitres, et des voleurs4. De
nombreux otages de diverses nationalités, principalement belges étaient menacés
d'exécution ou ont été exécutés dans les pires conditions.
Fin de la rébellion
Il a fallu donc
l'intervention de la Belgique pour délivrer Stanleyville. Le nom de code était opération Dragon rouge. C'est le 1er régiment
para-commando qui exécuta l'opération en synchronisme avec une colonne
terrestre progressant dans la brousse sous le nom de code de Ommegang (du nom d'un cortège folklorique bruxellois).
L'opération réussit, mais il y eut tout de même 24 otages tués. Auparavant, le
gouvernement belge avait fait exfiltrer par le service africain de la Sûreté de
l'État belge un représentant des rebelles pour lui proposer de libérer les
otages sous peine d'une intervention militaire. Celui-ci fut reçu par le
ministre des Affaires étrangères Paul-Henri
Spaak, mais rien ne sortit de
l'entrevue. Dès lors, les dés étaient jetés et Spaak put convaincre ses
collègues du Conseil des ministres de lancer l'opération.
Source ; wikipedia.
Christophe
Gbenye et les stocks d’or, de diamant et d’ivoire de la RDC
Christophe
Gbenye décédé, le secret du trésor estimé à un milliard de dollars que les
rebelles Simba avaient emporté de Stanleyville au Soudan en 1964, l’accompagne
dans sa tombe, laissant cette affaire toujours opaque et les Congolais
bénéficiaires dans un grand suspense.
Donc, avec la disparition de
l’ancien chef rebelle des Simba, l’affaire des stocks d’or, de diamant et
d’ivoire entreposés à la succursale de la Banque du Congo à Kisangani alors Stanleyville
et que les anciens rebelles Simba défaits dans cette ville avaient convoyé dans
leur fuite jusqu’au Soudan où ce butin aurait été saisi par les autorités de ce
pays, reste toujours une énigme dont les Congolais attendent, depuis des
décennies, un dénouement heureux.
Sans doute, le dossier de la
récupération de ce trésor fabuleux qui a suscité beaucoup d’espoir et de
convoitises auprès des Congolais, reste-t-il à jamais hors de leur portée. Lire
cet article ci-dessous de Colette Braeckman publié en 2006.
En 1964, des
rebelles congolais ont pris la fuite avec des camions bourrés d’or, de diamant
et de défense d’éléphant. Leur fabuleux butin vient d’être retrouvé. Et il
attise les convoitises.
Lorsque, le 24
novembre 1964, des paras commandos belges sautent sur Stanleyville, aujourd’hui
Kisangani, prennent le contrôle de la ville et libèrent les otages européens,
une page se tourne dans le Congo d’après l’indépendance: La rébellion de l’Est,
demeuré fidčle au souvenir du Premier ministre Patrice Lumumba, est
définitivement vaincue.
Et cependant,
depuis janvier jusqu’ŕ novembre 1964, le Conseil national de libération, dirigé
par Gaston Soumialot, Christophe Gbenye et Laurent-Désiré Kabila, avait réussi
à prendre le contrôle de plus de la moitie du pays et de sept villes
importantes, tandis que Pierre Mulele avait établi dans le Kwilu un mouvement
paysan fortement inspiré par la Chine. Dans la presse de l’époque, les
combattants, les Simbas, étaient qualifiés de rebelles. Pour en venir ŕ bout,
l’Occident aligna contre eux des paras commandos, des avions T-28 déjà testés à
Cuba lors du débarquement de la baie des Cochons, et des mercenaires, qui
épaulaient l’armée nationale congolaise ou plutôt qui combattaient à sa place.
Images
et récits de l’époque évoquent des maquisards aux pieds nus, dépénalisés, des
Simba féroces, couverts d’amulettes, qui prenaient les Européens en otages, les
tuaient et parfois les mangeaient. Cependant, lorsque, après la reprise de
Stanleyville par les troupes gouvernementales, les Simba et leurs chefs fuient
vers le nord et traversent la frontière soudanaise, ils ne sont pas aussi
désorganisés ni aussi démunis qu’on se l’imagine dans le camp d’en face. Ils se
replient en bon ordre et, dans leurs camions, emportent un lourd trésor de
guerre, un butin composé de lingots d’or et d’argent, de caissettes de
diamants, de sacs de cassitérite et autres métaux précieux, des devises, dont
des francs belges.
Ils
emportent aussi des défenses d’éléphant, des peaux de léopard, des véhicules et
des armes qui leur ont été données par les Chinois. L’or a été saisi dans les
banques locales, mais surtout dans les sièges d’exploitation des mines d’or de
Watsa et de Kilo Moto.
Lorsque
l’armée vaincue, dirigée par le général Nicolas Olenga, arrive à Juba, la
capitale du Sud-Soudan, elle est accueillie par le commandant soudanais de la
place, le général Bechir, un officier promis à un brillant avenir puisqu’il est
aujourd’hui président du Soudan.
Celui-ci
enregistre les avoirs de ses hôtes et les aide à les transférer par avion vers
la Banque nationale du Soudan. Un avocat soudanais, Me Anwar Adham, assiste à
l’opération et le gouverneur de la Banque,
El-Sid El-Fid, délivre aux rebelles un reçu en bonne et due forme,
attestant qu’il a bien reçu un premier lot de 27 tonnes d’or. D’autres
livraisons suivront, dont 8 tonnes d’or, déposées en 1965. Le trésor transféré
au Soudan s’élèvera au total à 36,6 t d’or fin sous forme de lingots, 37 kilos
de diamants de joaillerie ainsi que 66 défenses d’éléphant.
A
la même époque, 9 tonnes d’or sont également déposées en Egypte. Il serait faux
de croire que ces dépôts ont été effectués en vrac par des rebelles analphabètes ;
des documents d’époque montrent que, de sa fine écriture, le général Olenga
notait soigneusement sur un cahier d’écolier les quelques retraits opérés sur
des avoirs soigneusement répertoriés : « Douze malles d’une valeur de 9 880 000
francs pour achat de vivres des Simba » ou : « Deux caissettes d’argent pour
les rations des Simba »...
Malgré
ce trésor de guerre, 20 000 combattants Simba vécurent au Soudan et en Egypte
comme des réfugiés, parcimonieusement aidés par le Haut-commissariat des
Nations unies pour les réfugiés (HCR). De nos jours encore, tous rêvent de
rentrer au pays, dans un Congo pacifié.
Quant
aux chefs de la rébellion, ils connurent des destins divers: Pierre Mulele fut
assassiné en 1965, dès son arrivée à Kinshasa, où il avait été attiré sous
prétexte d’amnistie; le général Olenga fut assassiné au Caire; Laurent-Désiré
Kabila, après un bref passage au Caire, fonda un maquis sur la frontière
tanzanienne, dans le lieu dit Hewa Bora, qui figure sur l’acte de naissance de
son fils Joseph, et connut le destin que l’on sait. (A la tête d’une rébellion
partie de l’est du Congo et soutenue par le Rwanda, il a renversé le régime de Mobutu
en mai 1997.
Au
pouvoir à Kinshasa, il a été assassiné en janvier 2001) Quant à Christophe
Gbenye, le président du Conseil national de libération, en froid avec ses
compagnons de lutte, il finit par céder à Mobutu et regagna Kinshasa, de même
que Gaston Soumialot, le redoutable leader des Simba.
Seule
la signature de Gaston Soumialot
Après
son retour, Gaston Soumialot fut confié aux bons soins d’un citoyen suisse,
Martin Hoffmann, installé au Congo. C’est qu’il fallait à la fois surveiller et
protéger le vieux chef rebelle, qui ne dormait que d’un oeil. Et qui refusa
toujours de confier à quiconque - et surtout pas aux autorités mobutistes - les
dés de son trésor : seule sa signature pouvait permettre d’accéder aux coffres
de la Banque centrale de Khartoum.
Pour
rien au monde il n’aurait voulu que le « Zaďre » de Mobutu et surtout le chef
de l’Etat et son clan, considérés comme des usurpateurs, aient accès au trésor
du Congo révolutionnaire. Menées en 1967 et en 1995, des tentatives de
récupération échouèrent. En 1997, Laurent-Désiré Kabila, devenu président à Kinshasa,
n’eut pas plus de succès.
Mais,
en 2002, Soumialot, avançant en âge, estima que le temps était venu de
récupérer le trésor des Simba, pour l’utiliser au bénéfice de la population.
Toujours méfiant à l’égard de l’autorité étatique, il autorisa à Martin
Hoffmann, devenu son homme de confiance, à tenter de mettre sur pied une
fondation basée en Suisse, l’Association pour le développement sanitaire et
social de la République démocratique du Congo, cette dernière étant chargée de
récupérer les biens des anciens rebelles et de les utiliser tout d’abord pour
permettre le retour au pays des Simba exilés et ensuite pour lancer des projets
sociaux et éducatifs.
Depuis,
Hoffmann et son ami, l’avocat valaisan Pierre-André Bonvin, se battent. A
Kinshasa, le président Joseph Kabila les a autorisés à poursuivre les démarches
et il a financé leurs déplacements. Les deux hommes, malgré leur allure de
Suisses bien tranquilles, se sont transformés en détectives. A Mascate, dans le
sultanat d’Oman, ils ont retrouvé Anwar Adham, l’avocat soudanais qui avait
réceptionné le trésor du général Olenga. L’homme de loi a témoigné de la
réalité de ce transfert et produit l’accusé de réception signé à l’époque par
le gouverneur de la Banque du Soudan.
A
Khartoum, la délégation, grossie par Nestor Diambwana, vice-gouverneur de la
Banque nationale du Congo, et par Leonard Beleke, conseiller personnel du
président Kabila (limogé depuis), fut reçue par le président Bechir ainsi que
par le gouverneur actuel de la Banque du Soudan.
Dossiers
bancaires détruits par un incendie ?
Celui-ci
feignit d’abord l’étonnement et assura que les dossiers de la banque avaient
été détruits par un incendie. C’était sous-estimer la ténacité des deux
Suisses: ils se rendirent à la Banque d’Angleterre, qui conservait dans ses
archives des doubles des opérations bancaires menées à l’époque au Soudan. Il
apparut que le Soudan avait effectué d’importantes ventes d’or et que, fin
1964, de l’or, pour une valeur de 3 millions de francs suisses, avait été
transféré vers l’Union des banques suisses pour y être transformé en barres et
vendu.
Autrement
dit, les autorités soudanaises de l’époque s’étaient appropriées en douce les
avoirs des rebelles congolais. Aujourd’hui, confrontées aux preuves brandies
par les Suisses et par le témoignage de l’avocat soudanais, elles ont reconnu
la réalité de ce dépôt d’or et miraculeusement retrouvé une grosse enveloppe «
Top secret – Gold from Congo »...
Selon
Hoffmann, un comité interministériel a été constitué à Khartoum avec pour
mission d’étudier cette délicate question. Le Soudan, en effet, est régi par la
charia, la loi musulmane, qui énonce clairement que les dépositaires de biens
d’autrui sont tenus de les restituer quel que soit le temps écoulé depuis la
date du dépôt ou de céder des biens de valeur équivalente. Et la valeur de ce
trésor de guerre est aujourd’hui estimée à 1 milliard de dollars...
Colette Braeckman
Tiré de Courrier International n°795 du 26 janvier au 1er février
2006, repris du Le Soir Bruxelles
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire