jeudi 4 avril 2013
Michel Djotodia approuve la transition dessinée par l'Afrique centrale
République centrafricaine
Michel Djotodia approuve la transition dessinée par l'Afrique centrale
Le nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia, a approuvé jeudi 4 avril la mise en place d'un processus de transition démocratique prévoyant la désignation d'un président pour moins de 18 mois, conformément à la demande des chefs d'Etat d'Afrique centrale.
Jeudi matin, Michel Djotodia a reçu à Bangui une délégation composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) et de représentants de l'Union africaine et de l'Organisation internationale de la francophonie. L'ancien chef rebelle nu président à la faveur des armes, a alors a accepté les propositions des chefs d'Etat d'Afrique centrale, réunis mercredi 3 avril en sommet à N'Djamena, capitale du Tchad.
Selon l'annonce faite par le président tchadien Idriss Deby, un Conseil national de transition (CNT) formé par toutes les composantes de la société centrafricaine désignerait un président pour une période qui ne devrait pas excéder 18 mois. Cet organe serait chargé de rédiger une nouvelle Constitution et jouerait également le rôle législatif d'une Assemblée.
Gage de légitimité et de légalité
"J'en ai discuté avec le chef de l'Etat (M. Djotodia) qui a marqué son accord pour que cette solution soit retenue", a affirmé jeudi le Premier ministre Nicolas Tiangaye. "Dès l'instant où toutes les composantes de la société feront partie de cette institution (le CNT,), c'est un gage de légitimité et de légalité qui permettrait de donner plus de poids à nos institutions", a-t-il dit, jugeant que la Centrafrique éviterait ainsi "d'être mise au ban de la communauté internationale".
"C'est la possibilité, la perspective que la Centrafrique va pouvoir se remettre sur les rails du développement et de la paix, a, pour sa part, commenté l'Ambassadeur de France à Bangui Serge Mucetti.
Vers la résolution du conflit ?
Les rebelles de la Séléka ont renversé le 24 mars le président centrafricain François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans. Avant que le 30 mars, Michel Djotodia se soit autoproclamé président en annonçant qu'il "remettrait le pouvoir" en 2016, au terme transition de trois ans.
Mais le président du Tchad, très influent en ce qui concerne la Centrafrique, a conclu mercredi: "En l'état actuel des choses, il est impossible de reconnaître un président autoproclamé".
Ces schémas pourraient cependant permettre à M. Djotodia de rester au centre du jeu s'il devenait le président désigné, des élections n'étant prévues qu'en 2015.
L'ambassadeur de l'Union européenne à Bangui, Guy Samzun, pense que Michel Djotodia a toutes les chances de devenir le président désigné.
Celui-ci "n'est pas du tout rejeté du processus, au contraire". Pour un ancien proche du régime Bozizé ayant requis l'anonymat, le "Séléka a gagné et on ne peut pas le faire disparaître comme ça".
L'ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a également réagi positivement: "La décision des chefs d'Etat est (...) un moyen de donner une légitimité à un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition".
Le président sud-africain Jacob Zuma, invité au sommet de N'Djamena, y avait annoncé le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique. Officiellement, ces militaires sud-africains étaient à Bangui dans le cadre d'un accord de coopération bilatérale portant sur la formation de l'armée centrafricaine.
La ministre sud-africaine de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula a renchéri jeudi devant le Parlement: "Nous n'avons pas d'accord avec les bandits qui ont pris le pouvoir (en Centrafrique). Nous avions un accord avec un gouvernement élu, quelque contestée que fût cette élection (...)".
L’Afrique du Sud a, au cours de la prise de Bangui par les rebelles de la Séléka, perdu 13 soldats. La ministre a confirmé ce bilan contredisant les affirmations d'un général rebelle centrafricain qui avait fait état de 35 morts dans les rangs sud-africains. La mort de ces soldats sud-africains a suscité un vrai choc et une vive polémique dans le pays post-apartheid qui s'affirmait jusque là comme la puissance continentale.
Jeudi, le gouvernement tchadien a démenti "catégoriquement" son implication dans la prise de Bangui par le Séléka, suite aux propos du président déchu qui avait affirmé sur BBC Afrique le 2 avril que la rébellion "a eu un soutien d'un pays africain, je crois bien inévitablement le Tchad".
Par ailleurs, le Bénin s'est dit prêt à accueillir le président centrafricain déchu, s'il en faisait officiellement la demande, selon le ministre des Affaires étrangères béninois, Nassirou Bako-Arifari. Les chefs d'Etat d'Afrique centrale avaient appelé le président Thomas Yayi Boni à accueillir François Bozizé "en tant que frère".
Entre temps, à Bangui, la situation sanitaire tendait a s'améliorer jeudi, la reprise des activités dans les hôpitaux étant "quasi totale" selon le ministre de la Santé, le Dr Aguide Soumouck, bien que les besoins en médicaments demeurent "énormes".
Il était temps que les chefs d'Etat d'Afrique centrale se penchent sur l’avenir de la Centrafrique avant que les choses de s’empirent.
Kléber Kungu
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