mardi 9 avril 2013

La FEC et les Eglises face à leurs responsabilités

Adeptes du satanisme fiscal La FEC et les Eglises face à leurs responsabilités (par Dieudonné Bifumanu Nsompi) Cette réflexion est de Dieudonné Bifumanu Nsompi, inspecteur des impôts à la Direction générale des impôts. Donc un spécialiste qui a décidé de réfléchir à haute voix en mettant sur la place publique ses analyses d’importance capitale pour tenter d’interpeller tout le monde, de l’Etat congolais aux opérateurs économiques en passant par les Eglises avec tous leurs fidèles sur le fait que la notion du payement des impôts est loin de constituer un devoir civique, au même titre que d’autres devoirs qu’ils sont appelés à remplir coûte que coûte. Auteur d’un livre très évocateur sur la question, « La spiritualité de l’impôt », publié en 2009 aux éditions Cadicec, l’auteur s’est toujours soucié en se demandant comment et pourquoi la FEC et les Eglises, parmi les contribuables rechignent à payer leurs impôts, maintenant ainsi la RDC dans son état de sous-développement actuel. Ne pas vouloir honorer ses obligations, c’est le satanisme fiscal qui est en fait l’ensemble des comportements qui empêchent la perception et la gestion optimales de l’impôt.Ces comportements sont l’œuvre de tout le monde, à savoir le contribuable, le gestionnaire politique et le collecteur d’impôts. La FEC et les Eglises se retrouvent parmi les contribuables. Dans sa réflexion, l'auteur dénonce le satanisme fiscal, tout en appelant la FEC et les Eglises à remplir convenablement leurs obligations vis-à-vis de l'Etat. La problématique de cette réflexion est celle de savoir si la FEC et les Eglises favorisent des comportements qui pourraient les ranger dans le satanisme fiscal ? En d’autres termes, on voudrait savoir si le comportement concret toléré par ces structures pousse leurs membres à éviter le satanisme fiscal ? Quelle est la réaction effective de ces structures vis-à-vis de leurs membres qui pratiquent le satanisme fiscal ? L’intérêt de cette réflexion est à placer dans le renforcement du civisme fiscal dans notre pays en mettant en exergue un aspect très important qui maintient la RDC dans le sous-développement. Par cette sensibilisation, on pourrait atteindre un niveau élevé des recettes fiscales et contribuer ainsi au développement du pays. Aussi, paraît-il nécessaire de limiter la réflexion à la description des comportements relatifs aux concepts définis ci-dessus. Le comportement fiscal dans la FEC La FEC organise régulièrement des séminaires, des missions économiques, des déjeuners débats ou d’affaires et des conférences, afin de favoriser les rencontres, les dialogues et les échanges entre les différents acteurs économiques, qu’ils soient nationaux ou internationaux. A cet effet, des cadres compétents et polyvalents sont à la disposition du membre pour répondre à ses questions et l’accompagner dans la recherche des solutions appropriées. Le membre peut bénéficier du réseau des relations nouées par la FEC avec les pouvoirs publics, notamment avec les cabinets ministériels, l’administration, les établissements publics, les ambassades. Malgré la multitude de possibilités pour acquérir toutes les connaissances nécessaires, les membres de la FEC ne parviennent pas à réaliser l’accommodation entre les théories fiscales et le comportement fiscal. Plusieurs rencontres fiscales sont organisées en leur intention et parfois sur leur demande, mais quand ils doivent déclarer leurs impôts, c’est la catastrophe. Moins de cinq pourcent (5%) de ces mille cinq cents (1.500) membres peuvent bomber le torse et reconnaître qu’ils paient correctement les impôts. Cela peut paraître surprenant, mais c’est la réalité fiscale de notre pays. Et actuellement, plus ou moins cent (100) contribuables paient plus de soixante-dix pourcents (70%) des recettes fiscales nationales. Si ces cent contribuables sont tous membres de la FEC, donc les mille quatre cents (1.400) restants paient très peu au fisc, alors que leur capacité contributive réelle est de loin supérieure à ce qu’ils déclarent et paient. La FEC devrait ainsi inciter ses membres à un paiement correct des impôts et condamner, sinon bannir, ceux qui paient mal leurs impôts. Malheureusement, nous n’avons jamais appris que la FEC a adressé un reproche à un membre pour avoir mal payé les impôts. Au contraire, le membre défaillant est défendu soit sous le prétexte qu’il est victime du « terrorisme fiscal », soit sous la belle philosophie de « l’amélioration du climat des affaires ». Au nom de cette philosophie, « ne me touchez pas et laissez-moi faire, sinon je crie, car c’est à moi qu’on donnera raison ». Derrière ces concepts se cachent un comportement traduisant la loi du Plus Fort qui refuse tout ce qui tend à diminuer sa trésorerie : « le gain pour le gain, tant pis pour la caisse de l’Etat. » Vu sous cet angle, nous pouvons nous poser la question de savoir quelle est la nature réelle des membres de la FEC. Sont-ils des anges fiscaux ou des démons fiscaux ? Maintenant, nous ne pouvons pas donner une réponse avec précision faute des données objectives sur chaque membre. Mais, néanmoins, partant de la configuration de nos recettes fiscales, nous pouvons dire qu’il ya tout le monde : les anges et les démons. Et comme cette structure existe depuis longtemps, ces anges et démons ont beaucoup grandi et se sont certainement mariés entre eux. De sorte que DIEU, Père des anges, a inévitablement des petits-fils nés d’un parent démon ; et Lucifer, père des démons, a aussi des petits-fils nés d’un parent ange. Enfin des comptes, DIEU et Lucifer ont des intérêts communs dans cette structure qu’est la FEC, car personne ne chasse l’autre et personne ne veut se donner le monopole. Ou c’est DIEU qui ferait de la FEC un règne des anges, par conséquent tous les membres paieraient correctement leurs impôts, ou c’est Lucifer qui y règnerait avec ses démons et qui empêcherait les membres à correctement payer leurs impôts. On ne sait pas si on est dans un PARADIS INFERNAL ou dans un ENFER PARADISIAQUE. La FEC contribuerait à hauteur de 1 800 milliards de FC Il est vrai que si chaque membre de la FEC payait une moyenne linéaire minimum de 100.000.000, FC par mois, tous impôts confondus, l’apport des membres de la FEC serait d’au moins 150.000.000.000, FC par mois, soit 1.800.000.000.000, FC par an. Ce n’est pas de l’utopie, car il y a des membres qui peuvent payer plusieurs milliards de francs congolais et d’autres quelques millions de francs congolais. Quand il faudra ajouter l’apport des non-membres de la FEC, quelle serait la hauteur des recettes fiscales ? De la révolution fiscale ! C’est à la FEC de se ranger selon sa philosophie, car actuellement la plupart de ses membres ne paient pas correctement leurs impôts et le GRAND PATRONAT qui a tous les atouts ne fait absolument rien pour les ramener sur la bonne voie, à l’instar des bourses qui ne prennent pas au sérieux les Entreprises qui ne paient pas correctement leurs impôts et qui sont considérées comme des oranges pourries à jeter. En outre, la FEC pouvait contraindre ses membres à ne traiter qu’avec les sociétés, membres de la FEC ou pas, qui n’auraient pas des problèmes avec le fisc. Cela contribuerait aussi à dissuader ceux qui évoluent dans l’informel. Le comportement fiscal dans la FEC Nul n’ignore l’apport des Eglises dans la conscientisation de la population. Néanmoins, elles ne doivent pas seulement se limiter à prêcher l’évangile ou la parole de Dieu, selon la croyance, mais, et surtout, amener les fidèles à bien se comporter dans la vie quotidienne et cela dans tous les secteurs de la vie. Dans l’ouvrage « la spiritualité de l’impôt » cité ci-dessus, il a été développé l’origine de l’impôt, son importance et le comportement que devrait avoir le citoyen face à l’impôt afin de contribuer au développement du pays. Dans cette démarche, les Eglises ont un grand rôle à jouer, car ce sont elles qui devraient mieux convaincre la population face à tous les contours de l’impôt : de la production à la consommation. Malheureusement, ces Eglises qui sèment à tout vent la parole de Dieu ne savent pas ce qu’elles devraient faire pour semer le bien-fondé de l’impôt. Ne le font-elles pas par ignorance, par négligence, par simple refus, par incompétence ou par manque de motivation ? De toutes les façons, pour l’Eglise catholique, par exemple, le Concile Œcuménique Vatican II a déjà tranché sur la nécessité pour l’Eglise de contribuer à donner des réponses aux problèmes du monde (Gaudium et spes), car le fidèle vit dans un milieu qui a besoin d’être transformé et entretenu. Tous les responsables des Eglises savent que pour qu’une Eglise puisse évoluer, elle a impérativement besoin des fonds provenant surtout des fidèles. Mais, curieusement, cette évidence n’est plus de mise quand il s’agit du pays, alors que ce sont eux qui devraient sensibiliser leurs fidèles pour faire de cette évidence un paramètre de la vie au même titre que l’éducation et la santé. Aucune Eglise dans notre pays n’a déjà rappelé à l’ordre un fidèle parce qu’il a mal payé l’impôt. Surtout, aucune Eglise qui a reçu des dons ou autres largesses de la part d’un fidèle n’a osé lui poser la question s’il était en ordre sur le plan fiscal. Au contraire, c’est avec beaucoup d’applaudissements que le Donateur est accueilli dans l’Eglise, alors que c’est un grand voleur de l’Etat qui vient déposer une partie du butin de son forfait. Bien qu’il y ait aussi des fidèles qui gagnent correctement leur vie et qui contribuent à l’évolution des Eglises, mais les maisons de Dieu sont aussi construites avec le fruit du vol, à la satisfaction des responsables des Eglises. Comme à la FEC, dans les Eglises aussi les anges et les démons fiscaux se côtoient et personne ne chasse ou ne domine l’autre. Dans la maison de Dieu on mange en utilisant des couverts en or nettoyés avec le sang de Jésus –Christ, mais la nourriture vient de l’enfer. Quelle scène ? Dans les Eglises également, nous ne savons pas si sur le plan fiscal, nous sommes dans un PARADIS INFERNAL ou dans un ENFER PARADISIAQUE ? A Kinshasa, sur une moyenne de 1.000 Eglises par commune, soit un total de 24.000 Eglises qui paieraient chacune un Impôt Professionnel sur les Rémunérations (IPR) de 100.000, FC en moyenne par mois, les recettes minimum provenant des Eglises seraient de 2.400.000.000, FC. Au lieu de ne parler que de la Dîme, les Eglises devraient aussi parler de l’impôt ; et au lieu de se taire devant les donateurs « voleurs », les Eglises devraient les repousser, car cela fait parti de leur mission. Si chaque Eglise de Kinshasa pouvait convaincre en moyenne 10 fidèles qui paieraient chacun 50.000, FC par mois d’IPR exploitant individuel, cela pouvait contribuer pour 12.000.000.000, FC. Et si maintenant le degré de la prise de conscience atteignait plus de 80 % des fidèles au niveau national, quelle serait la configuration des recettes fiscales dans notre pays ? Véritable révolution fiscale ! Le comportement dans le satanisme fiscal Tout comportement découlant du satanisme est d’emblée négatif. Le producteur de l’impôt, c’est-à-dire le contribuable qui refuse de payer correctement ses impôts ou qui ne fournit aucun effort pour s’acquitter normalement de son devoir civique, tout en sachant que ce devoir existe, se range dans le satanisme fiscal. Il peut aussi monter plusieurs stratégies pour échapper au paiement correct de l’impôt : payer le moins possible ou ne rien payer. Il y a également des contribuables qui se réfugient derrière certains alibis pour justifier le non paiement correct : le manque de contrepartie visible, par exemple. Le collecteur de l’impôt est dans le satanisme fiscal dans la mesure où il ne fait pas parvenir tout ce qu’il a réellement collecté, sous quel que prétexte que ce soit ou quand il ne fait pas suffisamment son travail. Le gestionnaire de l’impôt est l’autorité habilitée à gérer l’impôt collecté. Il est dans le satanisme fiscal, quand il ne dépense pas les montants collectés selon les affectations prévues par la loi. De ce qui précède, nous constatons très bien que la FEC et les Eglises ne jouent pas encore leur rôle de mobilisateurs de leurs membres pour un paiement optimal de l’impôt dans notre pays, au point où nous nous demandons si ces structures sont des PARADIS INFERNAUX ou des ENFERS PARADISIAQUES. Ensuite, les membres de la FEC semblent se comporter en « gangster fiscal » dans la mesure où ils font tout pour annihiler toutes les actions fiscales tendant à leur obliger à payer correctement. Deux concepts à la mode : terrorisme fiscal et amélioration du climat des affaires. Derrière ces concepts se cache un manque à gagner énorme pour l’Etat, alors qu’ils seraient gagnants s’ils contribuaient correctement, car l’Etat s’occuperait d’eux, certainement, mieux encore. Par ailleurs, les Eglises n’ont jamais fait de l’impôt une préoccupation ni dans leur éducation qu’elles offrent aux fidèles ni dans la gestion de leurs propres structures. Celles qui essaient de le faire le font très timidement. A la place d’être receleur en acceptant avec pompe les offrandes et les dons générés par des fidèles qui volent la communauté, les Eglises devraient exiger des offrandes et des dons provenant des fidèles qui contribuent normalement au développement de la communauté à travers les impôts. Ne pas le faire, c’est être « complice moral » de la commission de ce vol, en amont, et receleur du bien volé, en aval. L’Eglise peut-elle accepter ce rôle ? Enfin, notre pays a grandement besoin d’argent pour son développement. Mais, au lieu de continuer à solliciter plus de 50 % des ressources budgétaires à l’extérieur, le besoin en aide extérieure pourrait baisser à moins de 20%, si la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) et les Eglises se mobilisaient pour asseoir la philosophie du paiement correct de l’impôt auprès de leurs membres et fidèles en dénonçant tous les adeptes du satanisme fiscal qui évoluent dans leurs structures respectives. De ce fait, leurs structures deviendraient des PARADIS où les enfants des anges seraient ANGE à 100 % et la nourriture serait préparée dans la cuisine de la Sainte Vierge Marie et non dans celle d’une démone. In fine, c’est la République démocratique du Congo qui gagnerait son pari du développement en devenant un véritable pays émergent à condition inéluctable que la classe dirigeante s’acquitte elle aussi de ses missions de manière angélique.

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