lundi 22 avril 2013
L’Observateur a accompagné son éditeur jusqu’à sa dernière demeure
Fidèle à son créateur jusqu’au bout
L’Observateur a accompagné son éditeur jusqu’à sa dernière demeure
(Un reportage de Kléber Kungu)
Vendredi 19 avril, à 11 heures, Mankenda Voka quitte sa résidence de transit où il a passé…une semaine, pour sa dernière demeure où il repose pour l’éternité depuis samedi 20 avril à partir de 16 heures 40, au cimetière de Genève, à quelque 300 mètres de la Cathédrale de Kisantu. Revivez les grands moments du dernier voyage que Mankenda Voka a effectué sur cette terre, en compagnie de ses collaborateurs, des membres de sa famille, des amis et connaissances, en passant par la rédaction de L’Observateur, la RTNC2, sa résidence et la cathédrale du Centenaire.
Ce vendredi là, la morgue de Ngaliema est comme une ville assiégée. Une sécurité policière y est très visible, l’animation également. Le parking est noir de véhicules. 10h 56, le Premier ministre Matata Ponyo, y arrive : un moment de recueillement, suivi de quelques mots d’encouragements aux membres de la famille en sanglots et inconsolables. Devant l’entrée de la morgue, Matata, immobile et pensif, ainsi qu’une pléiade d’autres personnalités, regarde attentivement la sortie du corps de Mankenda Voka, son entrée dans le corbillard. 11 heures, le cortège funèbre s’ébranle, Matata Ponyo, très affecté par la disparition de ce grand baobab de la presse congolaise, est dans la suite immédiate, après le corbillard.
Le corbillard est accueilli devant la rédaction de L’Observateur en deuil : pleurs et sanglots du personnel du journal et des amis et connaissances se confondent avec le hurlement lugubre de la sirène du corbillard. Une banderole accrochée depuis plusieurs jours sur le portail d’entrée annonce la tristesse nouvelle. Frappée de la photo du disparu, elle porte ce message : « Le fleuve de nos larmes ne saura effacer nos douleurs et notre tristesse. Mankenda Voka, papa, ne t’oubliera jamais. » Une foule immense entend présenter son dernier hommage à celui qui lui a témoigné amour et affection des années durant. L’un des collaborateurs de l’illustre disparu, Jean-Pierre Seke, se charge de réconforter la foule par la parole divine tirée des trois premiers versets du 14ème chapitre du livre de Jean et le verset 19 du 3ème chapitre de Genèse, en lui rappelant que la mort qui ne prévient pas et qui est un rendez-vous que personne ne peut éviter – Mankenda Voka y compris -, quoiqu’on lutte constamment contre elle.
Mende pour la pérennité de L’Observateur
A la RTNC2, le ministre des Médias, Lambert Mende, Nicole Dibambu et son adjoint, accueillent le corps Mankenda Voka à l’entrée de la chaîne de télévision. Tous ses amis de l’émission du Forum de l’actualité l’y attendent pour lui dire adieu. Une foule immense, incrédule, l’air affligé, tenue lugubre, en demi-cercle, prête à rendre un dernier hommage à cet homme que Lambert Mende de « monstre sacré de la presse congolaise, le grand baobab tombé le 12 avril 2013 ».
Dans la foulée, Lambert Mende profite de cette cérémonie d’adieu pour promettre aux collaborateurs de Mankenda Voka de pérenniser l’œuvre de cet homme en leur demandant de ne pas baisser les bras.
Une fois Mankenda Voka à sa résidence, les pleurs reprennent, pendant que sous les airs de la fanfare, plusieurs personnalités défilent inlassablement devant le corps de l’un des meilleurs éditeurs que Congo Kinshasa ait connus. Avant de marquer leurs sentiments dans le livre des condoléances placé à l’entrée. Le professeur Mbelolo ya Mpiku, Luzolo Bambi, l’éditeur André Ipakala… y couchent des mots de souvenirs retenus sur la vie professionnelle et sociale de Mavo.
Des témoignages plus surprenants, laudatifs les uns que les autres pleuvent sur Mankenda. Dr Songi garde de Mankenda le souvenir d’un patriote qui lui avait appris ces choses : lorsqu’on se rend aux négociations, 3 catégories de personnes doivent composer la délégation : des fous, des provocateurs et des gens sérieux et réfléchis.
Si Kolomoni retient de Mankenda de quelqu’un qui « savait ménager la gauche et la droite », dont « la prise des positions imposait admiration et qu’il a été une lumière pour la nation », pour Yolama le défunt a été « un sage, une école et un exemple », alors que le Pr Longonya dit de lui qu’il « était l’avocat de bien des journalistes, un communicateur, un doctrinaire et un patriote qui était prêt pour le Congo, son pays ».
« Mankenda Voka est mort debout, les yeux grandement ouverts »
Dans une leçon académique, le Pr Mbelolo, un des grands animateurs de l’émission Forum de l’actualité, affirme, au nom de ses collègues de cette émission, en y revenant régulièrement, que Mankenda Voka est mort debout, les yeux grandement ouverts. Il retient de lui trois qualités : observateur, analyste et acteur.
Alors que toutes ces personnalités s’époumonent à se confondre en éloges sur lui en évoquant ses qualités professionnelles, morales, sociales, ce grand homme des médias est resté immobile, impassible, de marbre, couché dans son dernier lit…
Ce n’est ni le défilé de toutes ces grandes personnalités devant lui qui va le réveiller ce samedi 20 avril. Le Premier ministre, Matata Ponyo, le vice-Premier ministre, Daniel Mukoko, ses amis Kinduelo, Kiwakana, ses amis de Forum sur l’actualité, des personnalités comme le président du Sénat, Kengo wa Dondo, le sénateur Modeste Mutinga, la députée Janet Kabila, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Roger Nsingi, le P-D.G Ladi Luya, les éditeurs André Ipakala, Marcel Ngoyi, le personnel de L’Observateur, le président de l’ECC, Mgr Marini, vont rendre un dernier hommage en se recueillant sur le cercueil de Mavo.
Il ne bougera pas d’un iota, non plus, lorsque plusieurs d’entre eux vont déposer leurs gerbes de fleurs… Avant de pérenniser les souvenirs qu’ils gardent de Mankenda Voka dans le livre des condoléances…
La tristesse qui emplit le cœur de l’assistance et les douleurs qui l’étreignent s’intensifient lorsque le personnel orphelin de L’Observateur, la famille du défunt, le représentant de l’Association nationale des éditeurs du Congo (Aneco), André Ipakala et celui de l’émission Forum sur l’actualité vont prononcer leurs mots (lire intégralité des deux premiers mots). Le représentant de l’émission Forum sur l’actualité profite de cette occasion pour demander au Premier ministre Matata Ponyo de permettre la reprise de cette émission.
Ipakala en avocat de L’Observateur
André Ipakala va prendre le courage en mains en demandant aux créanciers de L’Observateur à honorer les factures qu’ils lui doivent. Le mieux étant de souscrire des abonnés de soutien à ce journal orphelin. En avocat de L’Observateur, André Ipakala va aller plus loin, en appelant « aux autres journaux d’encadrer la rédaction pour ne pas perdre une seconde fois Mankenda Voka, mais présent par son œuvre »…
Il est 10h55 lorsque le cortège funèbre conduisant Mankenda Voka à sa dernière demeure au cimetière Genève de Kisantu quitte la Cathédrale du Centenaire fort de plusieurs véhicules : membres de la famille, amis et connaissances, tous tiennent à voir là où va reposer pour l’éternité Mankenda Voka. Fidèle jusqu’au bout, un nombre important du personnel de L’Observateur, conduit par le directeur de la rédaction, Luc-Roger Mbala, est de la partie, à bord du bus de l’Ifasic.
Les deux heures de route pour atteindre la cité de Kisantu ne parviennent pas à décourager des cœurs déjà affligés par la dure épreuve.
L’homélie faite par le père jésuite Ndundu terminée, l’honorable Thomas Makamu va susciter l’admiration de ce qu’a été son grand ami dans un mot de souvenir qu’il va ouvrir par quelques versets du livre de Mathieu 25 : 14-21. (Lire l’intégralité de ce mot dans notre prochaine édition).
Mankenda Voka a été doté de nombreux talents par son Créateur. Mankenda Voka ne s’est aps seulement contenté de recevoir ces talents, mais il les a fructifiés. Voilà pourquoi Dieu lui dit ce jour : « Bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître. »
Il est 16h36. Mankenda Voka, dans son dernier lit, est descendu dans sa dernière demeure : la famille, le personnel de L’Observateur, les amis et connaissances assistent, tout éplorés, à la mise en terre de celui qui, 70 ans durant, s’est donné corps et âme pour son pays.
Oui, Mankenda Voka repose désormais au cimetière de Genève, ce village de quelques maisons seulement; un village à quelque 300 mètres de la Cathédrale de Kisantu. Nous avons été fidèles à celui qui s’est soucié constamment de nous en l’accompagnant jusqu’à sa dernière demuere.
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