jeudi 4 avril 2013
Kigali confirme son soutien à la rébellion
Accueil et relocalisation des rebelles du M23 en fuite au Rwanda
Kigali confirme son soutien à la rébellion
Près de 700 rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont dû se réfugier à la mi-mars en territoire rwandais à la suite de l’offensive menée depuis le 9 mars contre eux par les hommes de Sultani Makenga. Le Rwanda vient de délocaliser les six cent quatre-vingt-deux rebelles de sa frontière avec la République démocratique du Congo (RDC), dans un centre d’internement dans le district de Ngoma, à une centaine de kilomètres à l’Est de Kigali.
Pour la ministre rwandaise chargée des réfugiés, Séraphine Mukantabana, « la décision de les délocaliser émane de l’application des conventions internationales (…) qui disent que les réfugiés doivent être à plus de 50 km de la frontière.»
Pour certains analystes politiques, l'accueil que Kigali a réservé à ces rebelles du M23 a fait resurgir les soupçons de soutien à la rébellion dont le Rwanda a toujours été accusé aussi bien par la RDC, les ONG tant nationales qu’internationales que par la communauté internationale. Séraphine Mukantabana a tenté de contrecarrer ces soupçons en affirmant que soin pays a simplement répondu à un principe humanitaire. Elle a précisé qu’à l’arrivée des rebelles du M23, les autorités rwandaises ont procédé au désarmement des militaires avant d’être soumis à une procédure d'"internement", expliquent que cet accueil et ce désarmement prouvaient que son pays n'avait rien à voir avec les rebelles du M23, contrairement à toutes les allégations de soutien dont le Rwanda était accusé.
Questions : pourquoi, ces personnes, de surcroît des rebelles armés, si elles ne bénéficiaient pas de faveur auprès de Kigali, ne pouvaient faire l’objet de plus d’attention, de suspicion, de méfiance et de restriction de la part des autorités de Kigali ? Si les rebelles du M23 ne bénéficiaient pas de plus de faveur de Kigali, pourquoi les autorités rwandaises qui redoutent de manière morbide la présence des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda au point de les voir ou de les apercevoir partout et à tout moment, ne se seraient pas méfiées d’eux ?
La ministre rwandaise en charge des réfugiés prend parti des protégés du Rwanda en avouant que ces rebelles ne sont pas « des prisonniers, [mais] ce sont des gens qui sont entrés dans un territoire en quête d'asile (...) ils ont une restriction de mouvements, mais à l'intérieur de leur camp d'"internement ils ont leur liberté », ajoutant qu'ils pouvaient recevoir des visites et allaient obtenir un soutien psychologique.
Runiga et Baudouin Ngaruye à l’abri?
Plusieurs ténors de ce mouvement rebelles, dont notamment Jean-Marie Runiga et Baudouin Ngayure, sont sous le coup des sanctions des Etats-Unis et de l’Onu. Pourquoi Kigali, qui est au courant de tout cela, n’agit pas pour se saisir d’eux afin de les extrader ? Sont-ils à l’abri ?
Des questions que le Rwanda peut avoir de la peine à apporter des réponses claires et convaincantes à une opinion encline à faire foi au contraire de ce qu’il a l’habitude de dire ouvertement, haute et fort.
Toujours selon la ministre, il est désormais demandé à ces soldats s'ils veulent ou non renoncer à leur statut militaire "de manière définitive et volontaire". S'ils y renoncent, une procédure débutera pour qu'éventuellement le Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR) leur accorde le statut de réfugié.
Si certains refusent, ils n'auront en revanche "pas droit à l'asile dans notre pays", a assuré la ministre. "Dans ce cas, la procédure d'"internement continuera" et le Rwanda avisera de la procédure à suivre.
L’émiettement de la rébellion du M23 a donné naissance à deux factions : le camp Makenga et celui de Runiga proche de Bosco Ntaganda. Les hommes fidèles à Sultani Makenga, qui s’éteint allés à Kinshasa en lui promettant la tête de Bosco Ntaganda, avaient délogé de Kibumba samedi 16 mars ceux de Jean-Marie Runiga. Ils avaient retrouvé refuge au Rwanda.
Leur chef présumé, Bosco Ntaganda, avait lui aussi passé la frontière le week-end du 16 au 17 mars, avant de rejoindre, dans des circonstances non encore élucidées, l'ambassade américaine à Kigali puis d'être transféré, à sa propre demande, devant la Cour pénale internationale à La Haye, qui le recherchait pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis 2006.
Quid du sort des rebelles du M23 ?
Au sujet du sort qui sera réservé particulièrement réservé aux membres du M23 sous le coup de sanctions de l'Onu, comme l'ex-responsable politique du mouvement Jean-Marie Runiga et l'un de ses chefs militaires Baudouin Ngaruye, la ministre a estimé qu'il était "prématuré" de se prononcer tant que ne serait pas tranchée la question, pour eux aussi, d'un éventuel statut de réfugié.
Interrogée sur le sort qui serait plus
En attendant que les rebelles soient éventuellement pris en charge par le HCR, le Rwanda n'exclut pas de lancer un appel à la communauté internationale pour obtenir une aide matérielle et financière, a-t-elle encore dit. Un empressement de Kigali en faveur du sort de ses protégés qui ne dit pas encore son nom.
Le fait que ces hommes du M23 restent au Rwanda et l’incertitude planant sur leur sort pourraient constituer une nouvelle source de tensions entre Kinshasa et Kigali. Les autorités congolaises, mais également d’autres gouvernements et plusieurs défenseurs des droits de l’Homme, ont déjà rappelé que certains de ces rebelles font l’objet de mandats de recherche internationaux et devraient être jugés pour les violences et les abus commis depuis mai 2012 dans l’est du Congo. Kléber Kungu
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