jeudi 15 avril 2010

Les femmes victimes de violences sexuelles témoignent

Les femmes victimes de violences sexuelles témoignent

Lorsque l’on rencontre une femme victime de violences sexuelles, l’on est parfois incapable de réaliser le choc subi par elle, alors que l’auteur continue de courir, laissant derrière lui une vie brisée. Mais lorsqu’on écoute son témoignage, on est frappé par la cruauté des hommes qui se comportement exactement comme des animaux et l’impunité dont ils jouissent.
Face au drame vécu par les victimes, madame Jeanne Kungwa, qui a l’habitude de côtoyer régulièrement les femmes violées de Panzi pour leur apporter de l’aide, lance ce cri de cœur. « Ces femmes souffrent beaucoup. Elles souffrent tellement qu’elles sont en droit de souhaiter de mettre fin à leur vie. Je leur rends visite chaque dimanche pour leur apporter de l’aide, à l’occurrence du savon, du sucre, des habits). Je regrette souvent que leur aide soit souvent détournée », se plaint-elle ce cadre de la Snel/Bukavu.
Nous en avons rencontré plusieurs : des jeunes filles, des fillettes, des mamans. Du Centre de formation de la Fondation Solidarité Hommes à Bukavu en passant par le Centre hospitalier AEO/CNA de Nzibira, groupement de Kaniola, la zone de santé de Kaniola, à 62 km de Bukavu. La plupart ont tourné le dos à ce passé ignoble, abordant l’avenir avec optimiste.
La raison de cet optimisme est le travail de fourmi fourni sur le terrain par des humanitaires qui appuient financièrement et/ou matériellement ces êtres vulnérables. Des assistances qui leur permettent de croire encore à la vie. Ces humanitaires sont Malteser International, l’Unicef, le PAM

1.
K. L., 17 ans, hôpital de Panzi. Elle a raconté avoir été violée par un jeune homme qui lui a proposé de lui vendre des mangues mûres. Le jour venu, elle va se présenter chez le vendeur, employé chez Pharmakina. Contrairement à ce qui se passe, le vendeur lui exige de lui verser d’abord l’argent et, ce, dans la maison, la jeune fille va se plier aux exigences de l’homme pour ne pas perdre cette marchandise.
C’est une fois dans la maison que la fille sera violée par l’homme qui a pris la pris la précaution de fermer la maison. Elle sera prisonnière cet homme pendant un mois, du 5 décembre 2009 au 15 janvier 2010 en restant enfermée dans la maison chaque fois que le violeur se rendait au travail. Mais les parents de la fille parviendront à mettre la main sur le malfrat. Elle sera acheminée à l’hôpital de Panzi.

2.
C.B. est une jeune fille de 17 ans qui est devenue grosse après avoir été violée à deux reprises par un homme qui lui a promis de la prendre en mariage comme seconde épouse. Elle va errer dans la rue après avoir été chassée de la maison par son oncle, qui va refuser de la reprendre chez lui malgré ses sollicitations.
Après avoir été récupérée par un chef de quartier l’ayant vue pleurer, elle sera placée dans un centre de transit pendant 2 mois pour une cure de changement des mentalités.
Aujourd’hui, elle porte une grosse de 5 mois. Elle a été récupérée au Centre de formation de
la Fondation Solidarité pour les Hommes (FSH) où elle apprend le tricotage. Il est fort regrettable qu’elle n’a plus aucun contact avec ses parents biologiques.
Ce qui ne l’empêche pas d’être optimiste sur son avenir car sa formation, estime-t-elle, va l’aider dans sa vie future.

3.
M. H., qui habite la commune de Kadutu, a aujourd’hui 15 ans. Elle apprend à tricoter au Centre de formation de la FSH. Victimes, sa sœur aînée et elle, de la méchanceté de sa mère, elle a passé deux jours affamée. Ce qui va la pousser à se réfugier chez sa grand-mère. Malheureusement, celle-ci va l’utiliser pour des fins commercialiser en vendant pendant deux mois ses charmes aux hommes.
Elle va fuir de sa grand-mère avant d’être récupérée par la police. Aujourd’hui, encadrée par le Centre de formation de la FSH, elle s’y sent comme le poisson dans l’eau. Sa sœur aînée a été engrossée.

4.
Agée de 19 ans, D.B., habitant le quartier Panzi, dans la commune Ibanda, avait été violée par un garçon en 2007 en quittant l’école. Après le viol, elle n’a pas porté plainte à la police. Aujourd’hui, le violeur est invisible. C’est en retard qu’elle en informera ses parents. Mais leur recherche n’aboutira à aucun résultat. Elle a attrapé une grossesse par ce viol et porte un bébé qui n’est pas en bonne santé.
Encadrée à ce jour par le Centre de formation de la FSH, elle s’estime heureuse car elle apprend beaucoup de choses qu’elle maîtrise bien.

5.
M. M., 28 ans, est une très jolie femme de la localité de Nzibira, dans le groupement de Kaniola. Après avoir été violée par quatre hommes armés, son mari l’a abandonnée avec deux enfants. Son martyre se passe en 2009, lorsqu’une nuit, en ouvrant pour quelqu’un qui frappait à la porte, elle va se retrouver devant deux hommes armés qui font irruption dans la maison. Après avoir copieusement tabassé le mari, les violeurs se sont mis à violer la femme. C’était à deux heures du matin. Le couple va se retrouver complètement évanoui.
C’est grâce au groupe de femmes chargées d’identifier les victimes de viol qu’elle va atteindre le Centre hospitalier où elle a bénéficié gratuitement de soins. Elle est tombée enceinte à la suite de ce viol. Elle a accouché après des menaces d’avortement et elle porte aujourd’hui un bébé de 4 mois.

6.
M.A., 50 ans, a huit enfants. Son calvaire se passe en août 2009, lorsque, accompagnée par son mari au champ, deux militaires apparaissent. Ils vont la violer alors que son mari va prendre la poudre d’escampette. Depuis, il est porté disparu.
Aujourd’hui, elle mène une vie très difficile en vendant ses services dans des travaux champêtres. A cause du traumatisme subi par le viol, elle devenue hypertendue.

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