Epreuve orale de français 2010
Dis-moi comment tu interroges, je te dirai les causes des 100%
Ce qui s’est passé lors de l’épreuve orale de français que plus de 440 000 candidats finalistes du secondaire ont passée les 14 et 15 avril à Kinshasa en particulier et sur l’ensemble de toute la République démocratique du Congo en général, dépasse tout entendement. J’ai eu de la peine à croire à ce qu’un des candidats, rencontré peu après l’épreuve, m’a raconté. Selon lui, à certains candidats, les examinateurs ont posé des questions aussi simples que fantaisistes, du genre ‘’ combien de bouton comporte votre chemise ?’’, ‘’Quel est nom de votre professeur de français ?’’, ‘’Combien de tresses porte votre tête ?’’
Lorsqu’on demande à un candidat finaliste le nombre de boutons que comporte sa chemise, qu’on me dise le rapport qu’il peut y avoir entre ce genre de question et l’épreuve orale de français. Que cherche-t-on alors en posant pareilles questions dans une épreuve orale de français ? Les raisons de cette manière de poser des questions dans une épreuve orale de français pour un examen d’Etat à l’issue duquel le candidat doit obtenir un diplôme d’Etat, sont simples : entre autres la lassitude des examinateurs. Avec le nombre élevé des candidats à interroger, il arrive que les examinateurs deviennent fatigués après avoir examiné un certain nombre de candidats. Conséquence : aux derniers candidats, on ne pose que quelques questions, voire une seule ou deux. Et quelles questions ! C’est du genre ‘’quel est le nom de votre professeur de français ?’’ A moins d’être trahi par la trouille, sinon, avec une telle question, ce sont des points gratuits qu’on offre au candidat.
Cependant, les tout premiers candidats jouent de la malchance. La mémoire encore fraîche, le moral encore en place, les examinateurs ont fait passer une vraie épreuve orale de français consistant à faire lire un texte à base duquel ils ont posé des questions. Ces candidats ont fait face à de véritables questions, non complaisantes.
Que conclure d’une telle façon d’interroger, à deux vitesses ? Les conséquences sont que les tout premiers candidats, qui jouent de la malchance, se trouvent désavantagés par rapport aux touts derniers, jouant de la chance, car aidés par la fatigue des examinateurs. Ceux-ci, parfois moins intelligents que les premiers, ont la chance d’engranger plus de points qu’eux. In fine, ils ont toutes les chances de décrocher des diplômes d’Etat avec de gros pourcentages !
Voilà l’une des raisons qui expliquent les scores que font certaines écoles – certains candidats - par rapport à d’autres. Ces scores ne veulent nécessairement dire que les premiers sont plus performants que les seconds. Plusieurs facteurs, comme ceux évoqués, peuvent aider à cette situation.
Dis-moi comment tu interroges, je te dirai les causes des 100% ou des néants ou des contre performances de certaines écoles. Cette situation provoque à chaque année la déperdition scolaire de certaines écoles au profit d’autres.
Le pays est descendu si bas dans le gouffre de la médiocrité de l’éducation – avec ses dirigeants – qu’aujourd’hui personne n’est capable de lever le doigt ou de se lever pour dire ‘’La récréation a tellement duré qu’elle doit prendre fin ». Tout le monde se complait à constater les dégâts. Qui, comme une maladie très dangereuse, ronge le corps insidieusement, malicieusement. Le corps, c’est la RDC, qui ne réagit pas et refuse de chercher une thérapie de choc…
André Mumpasi
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