Le rév. Elebe Kapalay l’a répété
« L’Eglise kimbanguiste est une et indivisible »
« L’Eglise kimbanguiste est une et indivisible. Elle n’est pas partie prenante avec les démêlés judiciaires ou policiers qui sont arrivés aux dissidents de Monkoto 87 regroupés en communauté autonome appelée ‘’Bana 26’’ et dont les actes posés n’engagent qu’eux-mêmes. Que ces démêlés ne soient pas prêtés à l’Eglise kimbanguiste. Que cela soit clair à tous. » Les révérends Elebe Kapalay, représentant légal 1er suppléant en charge du patrimoine, et Muya Mayoyi, directeur général de la Radio télévision kimbanguiste (Ratelki) ont fait cette mise au point, au cours d’une conférence de presse organisée vendredi 23 avril dans l’amphithéâtre du Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences de Kinshasa (CKACK). Une mise au point appuyée par le témoignage d’Appo Salima, un des dissidents retournés au bercail, de la manière dont cette ‘’aventure qui n’a pas abouti à un résultat escompté’’ avait été montée, selon ses propres propos.
L’Eglise kimbanguiste, par le biais des révérends Elebe Kapalay et Blaise Muya Mayoyi, a organisé une conférence de presse pour faire une mise au point sur les démêlés judiciaires et/ou policiers que les ex-dissidents de Monkoto 87 ont eus dernièrement avec les agents de l’ordre en exécution des deux arrêtés n° 204 et 205/CAB/MIN/T2009 pris par le ministère de la Justice pour remettre l’Eglise kimbanguiste dans ses droits. Par cette mise au point, l’Eglise kimbanguiste voulait montrer à l’opinion nationale et internationale qu’elle n’était impliquée ni de près ni de loin dans ce qui était dernièrement arrivé aux ‘’Bana 26’’ lorsque l’Etat a exécuté les deux arrêtés ministériels. Ce qui a fait dire au révérend Elebe Kapalay que l’Eglise kimbanguiste est une et indivisible. « Il y a eu plus de 6 dissidences au sein de l’Eglise kimbanguiste et que ces dossiers sont déjà clos. L’Eglise kimbanguiste ne connaît pas de communautés à son sein. Les ex-dissidents existent pour eux-mêmes et ils n’ont rien à voir avec l’Eglise kimbanguiste qui a ses textes, ses principes, son organisation connus par l’Etat », a précisé le numéro un du patrimoine de cette Eglise forte de ‘’20 millions des fidèles disséminés dans plus de 38 pays’’ du monde.
En creusant un peu dans l’histoire de l’Eglise, le révérend Elebe Kapalay a voulu montrer le caractère légaliste de l’Eglise kimbanguiste, instauré par son fondateur. Avant de se lancer à prêcher la Bonne Nouvelle, celui-ci chercha à recevoir d’abord le quitus d’un chef médaillé, Mfumu Mfuti, avant d’informer également sa famille biologique de la mission reçue par le Seigneur. Cette démarche démontre que l’Eglise kimbanguiste est respectueuse de l’autorité établie et qu’elle est séparée de la famille. L’historique est allé du début du ministère à la reconnaissance officielle précédée de tolérance à la clandestinité des fidèles de Simon Kimbangu due à la répression de tous ses fidèles alors que lui était arrêté.
Le représentant légal, 1er suppléant en charge du patrimoine s’est appesanti sur l’évolution de l’Eglise en insistant sur le mode de désignation des chefs spirituels et représentants légaux de l’Eglise, du premier, son Eminence Diangienda Kuntima Joseph à l’actuel Simon Kimbangu Kiangani. Selon l’orateur, la tradition de l’Eglise veut ce soit aux membres effectifs que revient le pouvoir juridique et statutaire de le désigner avant de le présenter officiellement aux fidèles de l’Eglise à l’Etat.
Mais il a souligné que dans l’Eglise kimbanguiste c’est Dieu qui choisit le chef spirituel à travers la personne à qui il succédera. Toutefois, le chef spirituel n’est pas seulement choisi parce qu’il est de la famille biologique de Simon Kimbangu, mais il faut aussi présenter certains critères moraux dont l’intégrité morale. Bref, n’est pas chef spirituel quiconque le désire.
Six dissidences en un demi-siècle
Selon le rév. Elebe Kapalay, l’Eglise kimbanguiste n’est pas à sa première dissidence, bien qu’elle soit à sa dernière. Connaissant des cas de dissidences dues au mécontentement de certains fidèles dès l’aube de sa reconnaissance officielle par l’autorité coloniale, l’Eglise est à sa 6ème dissidence en un demi-siècle. Il s’agit de Yona Muanda qui va quitter l’Eglise pour créer le vicariat dans le Bas-Fleuve en 1963, de Mpadi Simon, l’un des collaborateurs du prophète Simon Kimbangu en 1921, qui a créé l’Eglise des Noirs en Afrique, de Kiamosi Simon qui, en 1964, créa l’Eglise de deux témoins, d’Emmanuel Bamba, qui a aussi créé une Eglise, de Kayuma Moïse qui, premier représentant de l’Eglise kimbanguiste à Mbuji-Mayi, va y renoncer pour devenir patriarche de l’Eglise Lumière devenue l’une des communautés de l’Eglise protestante. La dernière dissidence est celle des ‘’Bana 26’’.
L’intervention de Blaise Muya Mayoyi, directeur général de la Ratelki, a rappelé comment s’était passée l’Assemblée générale extraordinaire (AGE) d’octobre 2002 convoquée à Nkamba par Simon Kimbangu Kiangani devenu chef spirituel, comment le révérend Luntadila Ndala Za Fwa Lucien, alors secrétaire général de l’Eglise kimbanguiste, avait dérobé les résolutions de l’Assemblée pour les remettre nuitamment aux frères du chef spirituel retournés à Kinshasa, après avoir appris que le chef spirituel convoquait la tenue de l’AGE. Il a montré comment, lui, alors directeur national de communication, avait lu, sur les antennes de RTK, les résolutions, dont la 53è résolution le suspendait, après les avoir reçues quelques minutes seulement plus tôt.
« Une aventure qui n’a pas abouti à un résultat escompté »
« Nous avons tenté une aventure qui n’a pas abouti à un résultat escompté. Il est temps de revenir au bercail. Mais aujourd’hui, pour y retourner, c’est difficile. Nous regrettons notre geste ». Ces aveux sont sortis de la bouche d’Appo Salima, un des dissidents revenu au bercail le 5 décembre 2009, dans un témoignage qui a laissé l’amphithéâtre Mama Muilu tout pantois devant la crudité des vérités sur le déroulement du scénario ayant accouché aux ‘’Bana 26’’ dont le chef spirituel autoproclamé est Armand.
Tout était parti, selon Appo Salima, tout détendu, le 18 décembre 2002, lorsque les jeunes réunis au sein de l’Ujeuki(Union de la jeunesse kimbanguiste) qui venait d’être dissoute par l’AGE, étaient invités par les frères de Papa Simon Kimbangu, à une réunion qui devait se tenir au siège de la Caisse d’épargne kimbanguiste à Kintambo. Au cours de cette réunion, présidée par Alphonse Kisolokele, on remettra aux participants, des jeunes en majorité, des résolutions de l’AGE de Nkamba prises en catimini par le rév. Luntadila Ndala. Mot d’ordre : contester les résolutions et faire en sorte qu’elles ne soient pas acceptées par les fidèles kimbanguistes. Stratégies : écrire aux autorités politico administratives du pays, à commencer par le président de la République, et réaliser une émission télévisée à la RTK.
Entre temps, les jeunes avaient décidé de ne plus désormais se rendre au Centre d’accueil pour des activités religieuses et culturelles, avant le retour à Kinshasa des autorités ecclésiales, alors que les frères du chef spirituel, selon Appo Salima, étaient hésitants. C’est au 3è dimanche que les dissidents vont chercher à organiser des prières à Monkoto n°87, mais il fallait obtenir l’autorisation de M. Armand qui va céder finalement après avoir refusé, estimant que Monkoto n’était ni une paroisse ni une Eglise kimbanguiste, mais la résidence de son père. Lorsqu’on lui a demandé de lire les résolutions qu’il venait de leur apporter, le rév. Luntadila avait répondu d’auditionner simplement la cassette. Une échappatoire qui a poussé les dissidents de lui coller le surnom de Romario, en référence à l’un des meilleurs joueurs brésiliens de l’époque, pour dire qu’il savait esquiver les choses…
Pendant un mois, c’est Papa Mabandi qui signait tous les documents au nom de l’Ujeuki sous la bénédiction du bourgmestre de Ngir-Ngiri de l’époque, contre 5 dollars.
Et si les dissidents demandaient de rentrer
Qu’adviendrait si les dissidents demandaient de réintégrer le bercail ? Les portes de l’Eglise leur seraient grandement ouvertes à condition qu’ils se conforment à ses normes. « Chez nous le pardon est permanent, a annoncé le rév. Elebe Kapalay. Mais sachez que c’est l’Eglise de Jésus, ce n’est pas notre Eglise. Il faut prendre l’engagement de ne plus refaire ce que vous avez fait et qu’on sente la repentance »
Tout compte fait, à ce sujet, la position de l’Eglise se résume en 7 points : l’Eglise kimbanguiste est composée de fidèles qui adhèrent librement, sans contrainte aucune. Chacun est libre d’en sortir (art. 9 et 12, titre III des Statuts), quand on la quitte, on perd la qualité de fidèle kimbanguiste, si on exprime la volonté de redevenir kimbanguiste, on doit se soumettre à une procédure stricte de réintégration, non négociable, on réintègre l’Eglise kimbanguiste de manière individuelle et non collective, à la réintégration, on reste un simple chrétien, on ne revendique aucun titre et aucun grade. Toute personne qui désire réintégrer l’Eglise
Doit d’abord s’inscrire à la paroisse du lieu de sa résidence et recevoir la recommandation du représentant urbain ou provincial. Le dossier est transmis au représentant de la ville Sainte pour que celui-ci puisse programmer la cérémonie de réintégration, les dates pour les cérémonies de réintégration sont : tous les jours de la semaine pour les fidèles, les 6 avril, 8 juillet et 12 octobre de chaque année pour les descendants de papa Simon Kimbangu et les meneurs et une période d’observation de 12 ans est fixée pour apprécier les comportements de tout un chacun.
Les conditions de réintégration sont telles que la crainte est que ‘’Bana 26’’ ne puissent envisager de revenir sur les bons sentiments. Mais, de son côté, le chef spirituel Simon Kimbangu Kiangani ne cesse de prier pour que ses frères dissidents rentrent au bercail.
Kléber Kungu
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