Les Burkinabè ne tarissent pas de leçons
Les députés réduisent de moitié leurs
émoluments
Le
peuple du Burkina Faso ne tarit pas de leçons à donner aux autres peuples
africains. C’est au tour des députés de donner la leur à leurs pairs africains.
Les 90 membres du Conseil national de transition (CNT), le parlement
intérimaire mis en place au Burkina Faso après la chute du président Blaise
Compaoré, ont été contraints de réduire de moitié leurs émoluments considérés
comme trop élevés par l'opinion.
"Nous
membres du CNT avons décidé de renoncer à nos indemnités spéciales de
session" pour percevoir au total "880. 000 francs CFA" (environ
1. 350 euros), a déclaré à la presse le vice-président du CNT, Honoré Nombré,
cité par Jeune Afrique dans son site internet..
Installés le 27 novembre
dernier, les 90 députés avaient touché fin décembre quelque 1,8 million de FCFA
d'émoluments chacun (environ 2. 700 euros), a expliqué l'un d'entre eux.
"Notre volonté n'est pas de tirer profit de cette
révolution. Nous prenons l'engagement de ne pas trahir la mémoire et le sens du
sacrifice de nos martyrs", a affirmé M. Nombré.
Les protestataires
qui avaient chassé Blaise Compaoré du pouvoir le 31 octobre dernier, après 27
années de règne, lui reprochaient notamment la corruption et l'accaparement des
richesses nationales par son clan.
A
l’annonce du budget d’austérité pour 2015,
l'opinion publique, la société civile et la presse s’étaient insurgés
contre les émoluments qualifiés de "faramineux", d'"indus"
et d'"indécents" des membres du CNT.
Contrairement
à ce qui se passe sous d’autres cieux, où les opposants d’hier devenus aux
commandes, se mettent à s’arroger les avantages et privilèges de leur
révolution, les députés burkinabè n’ont pas hésité à accepter de réduire leurs
émoluments, eux qui n’y que pour une petite année, le temps de conduire la
transition.
Ne pas s’enrichir comme
par le passé
Le peuple, par la voix de
la société civile, a tenu à le leur rappeler. "L'idéal de l'insurrection
ce n'est pas que les gens s'enrichissent comme dans le régime précédent",
a réagi Issouf Ben Minoungou, une figure de la société civile, qui avait menacé
les députés de manifestations s'ils ne réduisaient pas leur traitement.
Le secrétaire général de
la Confédération générale du travail du Burkina Faso (CGT-B), Bassolma Bazié, a
dénoncé les salaires de députés "qui ont tourné le dos au peuple pour
regarder leur ventre".
"Je
ne suis pas pour la gratuité des mandats" mais pour des "émoluments
raisonnables qui respectent le niveau de vie d'un Burkinabè moyen", a-t-il
remarqué.
"La
sagesse aurait voulu que nos députés respectent l'idéal de notre révolution qui
est que les dirigeants doivent être avec le peuple dans le peuple et non vivre
à côté du peuple", a observé Souleymane Ouédraogo, membre du Balai
citoyen, une organisation en pointe dans la chute du président Compaoré.
Des déclarations qui
dénotent de la volonté d’un peuple déterminé à atteindre les objectifs qu’il
s’était fixés, un peuple qui sait ce qu’il entend faire, mais surtout qui tient
à ne pas trahir les idéaux de leur révolution. Sacré peuple burkinabè, continuez
à donner des leçons aux autres peuples qui en ont besoin.
Kléber Kungu
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