Le « tueur impitoyable »
à nos portes
Virus Ebola : entamer une campagne de
sensibilisation
La
nouvelle de la découverte de deux cas du virus Ebola dans le secteur Djera dans
le territoire de Boende dans la province de l’Equateur est tombée lundi 25 août
dans la soirée comme une bombe. Du moins auprès de ceux qui ont l’habitude de
suivre des informations leur petit écran. L’air grave avec lequel le ministre
de la Santé publique, Félix Kabange Numbi a annoncé cette triste nouvelle a
contribué à bien dramatiser la situation. Le virus Ebola, ce « tueur
impitoyable », est à nos portes. Le danger est présent en RDC : il
est temps d’entamer une vaste campagne de sensibilisation auprès des
populations de toutes les provinces.
Pour contenir l’épidémie de la
fièvre hémorragique à virus Ebola déclarée dans le secteur de Djera, territoire
de Boende, dans la province de l’Equateur, où elle a tué 13 personnes, le
gouvernement congolais a annoncé, lundi, un train de mesures.
Le gouvernement a décidé notamment
la mise en quarantaine du secteur de Djera où sévit l’épidémie, la mise en
place d’un centre de traitement, l’installation du comité international de
coordination technique et scientifique et l’installation d’un laboratoire à
Lokolia, épicentre de l’épidémie pour assurer le diagnostique biologique en
temps réel.
Bienvenue à toutes les mesures
Toutes ces mesures et celles déjà
prises par le ministre de la Santé publique, le Dr Félix Kabange Numbi au cours
d’une réunion de crise qu’il a tenue le 31 juillet avec différents partenaires
impliqués de près ou de loin dans cette question, sont les bienvenues.
Cependant, à elles seules, elles
sont loin de prévenir ou de contenir cette épidémie dont la vitesse de
propagation est fort inquiétante. C’est pourquoi, nous estimons qu’il est temps
d’associer à ces mesures, une campagne de sensibilisation à mener auprès de
toutes les populations des provinces du pays, ainsi que nous l’avons préconisé
dans un de nos articles, intitulé « Le virus Ebola arrive : que fait
la RDC ? »
Le virus Ebola, comme toute autre
maladie contagieuse, peut entrer dans n’importe quelle direction ou province de
la République. Il peut choisir l’Est, l’Ouest, le Nord ou le Sud. Pour le cas d’espèce de la RDC, l’épidémie de
la fièvre hémorragique à virus Ebola a choisi le Nord-ouest comme porte
d’entrée. L’Equateur, une province très forestière, avec toutes sortes
d’animaux, foyer de cette maladie, n’a pas résisté à l’assaut du virus Ebola et
est en train de pleurer ses 13 enfants, premières victimes de l’épidémie.
Quoique d’une famille différente de
celle qui sévit en Afrique de l’Ouest, le virus Ebola congolais n’est pas moins
meurtrier ni dangereux. Il tue aussi fatalement que son voisin de l’Afrique
occidentale qui a déjà fait plus de 1 400 victimes avec plus de 2 600
cas suspects.
Tous ces aspects pris en compte, il
est temps de lancer une grande campagne de sensibilisation sur toute l’étendue
de la République. Il est vrai que tous les moyens à disposition du pays doivent
être mis à contribution. Les médias, aussi bien écrits qu’audiovisuels doivent
être placés au premier plan pour mener cette campagne.
Si puissants puissent-ils paraître,
il est évident que les médias, du reste limités dans leur diffusion ou
couverture du territoire national, ne peuvent pas faire tout le travail. Un
travail qui doit être complété ou suppléé par d’autres canaux comme des agents
d’hygiène munis de toutes sortes de matériel comme des lance-voix.
Chaque secteur (pour les milieux
ruraux) ou commune (villes) doit en être doté. Ces agents auront la tâche de
sillonner les villages ou les quartiers.
Une campagne pour quels messages
Une vaste campagne de sensibilisation pour quels
messages ? Les médias et les agents de sensibilisation auront à diffuser
des messages expliquant ce qu’est ce le virus Ebola, appelant la population à
observer certaines règles d’hygiène. On lui demandera de transmettre d’urgence
dans un centre hospitalier tout cas suspect présentant des signes proches du
virus Ebola. Des signes qui doivent également être expliqués à la population.
Au cours de la campagne, on expliquera à la population la
source du virus. Ainsi on interdira en priorité la consommation de la viande du
gibier comme le singe ou les chauves-souris. En même temps, les notions
d’hygiène seront enseignées à la population à qui l’on demandera de sa laver
constamment les mains à chaque occasion.
On leur interdira formellement de toucher au corps de
toute personne décédée, au besoin, de s’en approcher, quelque soit le rang du
défunt. En effet, il est difficile, dans la coutume africaine, congolaise en
particulier, de rester éloigné du corps d’un proche. Voilà pourquoi des mesures
draconiennes doivent être prises à l’endroit de tous ceux qui enfreindront à
ces dispositions.
Les autorités politico-administratives, à tous les
niveaux, doivent être bien sensibilisés, surtout ceux des milieux ruraux plus
proches des forêts ou des savanes, foyers des gibiers comme les singes et les
chauves-souris.
Nous faisons la course à la montre. Tout retard n’est pas
pardonnable. N’attendons pas qu’un autre foyer de virus Ebola se déclara dans
une autre province. Ce qui compliquera la tâche du gouvernement dans la
prévention ou lutte contre cette épidémie qui ambitionne de devenir planétaire.
D’autant plus qu’il n’existe, à ce jour, aucun médicament ni vaccin contre
elle.
Un
nouveau traitement expérimental
Quoique le Japon se soit dit prêt à
fournir un traitement expérimental mis au point par une entreprise nippone,
homologué en mars dans le pays comme antiviral contre la grippe, afin de lutter
contre Ebola. A condition que «
l’Organisation mondiale de la santé en fait la demande». Face à
l’ampleur de l’épidémie, un comité d’experts réuni par l’OMS a jugé le 12 août
«éthique»
d’offrir des médicaments à l’efficacité et aux effets secondaires encore non
mesurés «comme traitement
potentiel ou à titre préventif».
Alors qu’un médecin libérien, le Dr
Abraham Borbor, traité avec un sérum expérimental américain, le ZMapp, au
Liberia après avoir été contaminé par le virus Ebola est décédé. Et pourtant,
rapporte l’agence Reuters, il « montrait
des signes de progrès… ». Deux autres praticiens soignés avec
ce sérum, le ZMapp, sont toujours sous traitement et « il y a des signes
d’espoir» qu’ils en sortent guéris. Pourtant deux Américains, eux, contaminés
au Liberia et transférés aux Etats-Unis pour y être soignés à ce sérum, ont
guéri complètement, il y a quelques jours.
KléberKungu
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