Dossier sur une maladie très
meurtrière
Virus Ebola : attention à la viande de
chauve-souris !
Le virus Ebola est l’une des maladies de ce siècle parmi
les plus meurtrières dont les modes de transmission sont insidieux d’autant que
les précautions à pendre pour se prémunir contre cette épidémie sont délicates.
Parmi lesquelles, il faut éviter de consommer la viande des primates et de la
chauve-souris, pourtant très prisées.
Avec la réapparition
inopinée du virus Ebola en République démocratique du Congo (RDC), s’imposent
un nouveau mode de vie et de nouvelles habitudes alimentaires. Ainsi les
Congolais de tous les coins, particulièrement ceux vivant dans le territoire où
s’est déclaré le virus Ebola, sont-ils invités –pardon, obligés à tout
consommer, sauf…la chair succulente de la chauve-souris.
Pour éviter la propagation
du virus Ebola, le service de la santé dans la partie du pays contaminée par le
virus Ebola, version Zaïre, et sur toute l’étendue de la RDC, demande aux
populations d’éviter le contact avec les animaux porteurs sains, dont la
chauve-souris. Une mesure qui risque de ne pas être appliquée à la lettre
d’autant plus que la chair de cet animal ailée est si exquise qu’elle est
prisée par la population.
La chauve-souris,
qui est une porteuse saine du virus Ebola, est consommée par des milliers
d'habitants de Beni et de Butembo, dans la province du Nord-Kivu. Malgré la
réapparition de la maladie en Afrique de l’ouest et de cas déclarés dans la
province de l'Equateur, certains ne sont pas prêts à arrêter sa consommation.
En
dépit de tout ce risque mortel que présente la consommation de la viande de la
chauve-souris et en général la viande des animaux de brousse, notamment celle
des primates – le singe - en cette période critique, il s’avère difficile de
convaincre les consommateurs de viande de brousse de changer leurs habitudes
alimentaires.
Une attitude lourde de conséquences susceptible de prêter
le lit à la propagation de la fièvre hémorragique à virus Ebola. Que de vies
humaines courent le risque de passer de vie à trépas en raison de cette
attitude pour le moins condamnable ! Une attitude que les autorités
administratives doivent sanctionner sans complaisance et de manière exemplaire pour
décourager toute tentative de suivre l’exemple.
Contrairement à la thèse des pro
consommateurs de la viande de brousse, pour certains spécialistes, ne pas
consommer cette viande est une des mesures efficaces pour lutter contre cette
épidémie. En effet,le fait de ne plus manger de viande de brousse, particulièrement
du singe ou des chauves-souris, diminue considérablement le risque de survenue
de l'infection. Car il faut un contact physique avec l'animal infecté pour être
infecté à son tour.
Donc si on ne touche plus de singe
et de chauves-souris, on a beaucoup moins de risques d'avoir des épidémies.
Malheureusement, la difficulté est que, bien souvent, les gens dans ces zones
reculées n'ont que la viande de brousse. C'est leur seul moyen de subsistance.
Comme on a pu le voir en Afrique centrale, il y a certes de la sensibilisation
auprès de la population, mais ça reste un vœu pieux. Les gens continuent de
consommer cette nourriture parce qu'ils n'ont pas énormément de choix,
finalement. Même s’ils ont un choix, comment ne pas céder à l’envie de prendre
de la viande ?
Kléber Kungu
Des chauves-souris réservoir du
virus Ebola
Comment
en est-on arrivé à découvrir que les chauves’souris, prisées pour sa chair
exquise, constitue un réservoir du virus Ebola ?
Ce
sont des chercheurs de l’IRD qui ont, pour la première fois, identifié des
chauves-souris comme réservoir naturel potentiel du virus Ebola. Depuis 2001,
plusieurs épidémies foudroyantes de fièvre hémorragique, touchant simultanément
les hommes et les primates, se sont produites en République du Congo et au
Gabon.
Si
l’on savait que le virus se transmettait des grands singes vers l’homme, on ne
connaissait ni le réservoir naturel, ni le mode de transmission du virus aux
grands singes. Des scientifiques de l’IRD et du Centre international de
recherches médicales de Franceville (Gabon) ont publié dans la revue Nature une
étude sur des petits vertébrés capturés près de carcasses de primates infectés.
Ils ont, d’une part, détecté des anticorps spécifiques du virus Ebola dans le
sérum de trois espèces de chauves-souris frugivores tropicales et ont, d’autre
part, mis en évidence des fragments du génome viral dans le foie et la rate de
ces vertébrés.
Selon
des observations, les grands singes se contamineraient directement par contact
avec ces chauves-souris. Ces résultats constituent un élément essentiel dans la
compréhension du cycle du virus dans son milieu naturel et peuvent être
déterminants dans la prévention des épidémies humaines du virus Ebola.
Le virus Ebola en
neuf points
Comment attrape-t-on le virus Ebola ? D’où
vient-il ? Quels sont les symptômes de la maladie ?
1.
D’où
vient le virus Ebola ?
Si l’on ignore précisément l’origine du virus
Ebola, aussi appelé fièvre hémorragique à Ebola, on considère que les
chauves-souris frugivores en sont les hôtes probables. On le retrouve également
chez les chimpanzés, les gorilles, les antilopes et d’autres animaux de la
brousse. Il peut passer à l’homme via le sang, les liquides et tissus corporels
des animaux infectés.
2.
Peut-il
se transmettre d’homme à homme ?
Oui, l’infection se fait par contact
direct (par la peau lésée ou les muqueuses) avec le sang, les liquides
biologiques ou les sécrétions (salive, urine, sperme) de la personne malade. En
Afrique, les rites d’inhumation où l’entourage est en contact direct avec la
dépouille du malade est source de contagion. Par contre, contrairement à une
croyance répandue, le virus Ebola ne se transmet pas dans l’air.
3.
Combien
de temps une personne est-elle contagieuse ?
Les personnes malades peuvent transmettre
l’infection aussi longtemps que leur sang et leurs sécrétions contiennent des
virus, c’est à dire pendant plusieurs semaines (cela peut aller jusqu’à 7
semaines après disparition des symptômes).
4.
Est-on
malade tout de suite ?
Pas forcément. Il peut s’écouler de 2 à 21
jours entre le moment où l’on contracte le virus Ebola et le moment où les
symptômes apparaissent. Le patient n’est pas contagieux tant qu’il ne présente
aucun symptôme.
5.
Quels
sont les symptômes ?
Si c’est la fièvre qui apparaît généralement
en premier, il peut également y avoir des éruptions cutanées, une irritation de
la gorge, des hémorragies internes et externes, des vomissements et des
diarrhées. Le tout s’accompagnant d’une intense fatigue. Une prise de sang
permet de confirmer le diagnostic d’Ebola.
6.
Le
virus Ebola est-il toujours mortel ?
Malheureusement il l’est souvent,
car c’est l’un des virus les plus dangereux pour l’homme. On estime que le
virus responsable de l’épidémie actuelle tue environ 60% des personnes
infectées.
7.
Existe-t-il
un vaccin ?
Pas pour l’instant mais plusieurs
laboratoires pharmaceutiques travaillent actuellement à la mise au point d’un
vaccin. La piste la plus prometteuse semble venir des Etats-Unis où la société
Crucell, soutenue par les autorités de santé américaines, aurait déjà testé son
vaccin avec succès sur des chimpanzés. Des essais sur les humains sont
actuellement en cours.
8.
Y-a-t-il
un traitement ?
Non, et c’est ce qui explique la panique qui
règne autour d’Ebola. La plupart du temps les malades arrivent à l’hôpital
déshydratés et doivent être perfusés. Si certains médicaments peuvent être
administrés, aucun n’a pour l’instant démontré une réelle efficacité. Compte
tenu de l’urgence de la situation, des traitements expérimentaux sont proposés
aux malades. C’est le cas du ZMapp, un cocktail de trois anticorps qui
cible les cellules contaminées et active la réaction immunitaire.
9.
Quelles
sont les précautions à prendre ?
Pour l’instant l’OMS (Organisation Mondiale
de la Santé) n’a pas interdit les vols en provenance ou à destination des pays
concernés par le virus Ebola. Néanmoins, beaucoup de personnes ont renoncé à
s’y rendre. Si vous devez partir dans l’un de ces pays, voici les précautions à
prendre :
- se laver très régulièrement les mains
à l’eau et au savon ou à l’aide d’un gel hydro-alcoolique.
- éviter tout contact avec des personnes
ayant une forte fièvre ou étant infectées
- éviter tout contact avec des animaux
sauvages
- ne pas consommer, ni manipuler de viande de
brousse
- bien cuire les produits animaux (viande,
lait) avant de les consommer
- contacter rapidement le centre médical le
plus proche en cas de fièvre supérieure à 38,5°
Source RFI
Sur
cinq espèces de virus Ebola, quatre sévissent en Afrique
Les fièvres hémorragiques dues au virus
Ebola, qui ont frappé ces dernières semaines la Guinée, ont tué plus d’une
centaine de personnes. L’inquiétude est grande d’autant que lors des dernières
épidémies le virus frappait fort puis disparaissait.
Le virus Ebola continue sa progression en créant la
panique dans les populations des pays voisins de la Guinée, notamment la Sierra Leone
et le Liberia. Pourtant, les spécialistes estiment que la propagation du virus
était prévisible. Apparu dès 1976, il a provoqué deux épidémies successives et presque simultanées : la première au Zaïre (d’où le nom donné à cette souche du virus)
devenu République démocratique du Congo ; et l’autre au Soudan.
Chacune d’entre elles avait touché plus de 300 personnes. Durant les quinze
années suivantes, le virus n’a plus fait parler de lui.
Chaque année, un pays d'Afrique
centrale concerné
Puis il est réapparu en Côte d’Ivoire en
1994. Puis au Gabon et de nouveau en République démocratique du Congo, où
l'épidémie de Kikwit avait été très médiatisée à l’époque. Depuis, le
virus circule en permanence en forêt équatoriale et chaque année, un pays
d’Afrique centrale est concerné par ces fièvres hémorragiques.
Pour les spécialistes, la présence de ce
virus aujourd’hui n’est donc pas une surprise même s’il apparaît plus à l’ouest
du continent. Cela signifie que son dynamisme est en pleine expansion, explique
un spécialiste. Du coup, il est probable de le voir réapparaître périodiquement
dans les années à venir.
Espèce
« Ebola-Zaïre » avec le taux de mortalité le plus fort
Cinq espèces de virus Ebola ont été recensées
dans le monde. Il en existe une en Asie qui ne concerne pas l’homme et les
quatre autres en Afrique dont celle qui sévit actuellement en Guinée et en
Sierra Leone. L’espèce « Ebola-Zaïre » est celle qui a le taux de
mortalité le plus fort, entre 60 et 90 %. Jusqu'à présent elle touche
principalement l’Afrique centrale. Viennent ensuite l’espèce « Côte
d’Ivoire » pour laquelle un seul cas non mortel a été recensé dans la
forêt Taï située à la frontière avec le Liberia, l’espèce
« Soudan » qui a également touché l’Ouganda mais moins mortelle
que la « Zaïre », autour de 50 % de mortalité. Et enfin, une
dernière espèce qui a concerné seulement l’Ouganda, beaucoup moins pathogène
pour l’homme, avec un taux de mortalité d’environ 25 %.
Précautions à prendre notamment lors
de rituels funéraires
Le possible contact avec un malade a provoqué
la panique dans les lieux publics, quelquefois au-delà du scientifiquement
probable. Mais il y a peu de risques de contamination dans les situations très
quotidiennes comme prendre un taxi ou dans le cas d’un simple serrage de mains.
Les cas de transmission recensés l’ont été le plus souvent lors de cérémonies
au moment du lavage des morts par exemple. Là où les personnes d’une même
famille parfois se sont occupées de leur parent en revêtant le défunt de
nouveaux habits. C’est par les muqueuses que le virus se transmet, ainsi les
draps et les vêtements souillés par du sang, des urines et des vomissements
doivent être brûlés. Les maisons et autres effets doivent être désinfectés par
de l’eau et du chlore – ou javel – de façon très minutieuse.
Enfin
la chasse et la consommation de viande de gibier comme les singes et autres
petits animaux possiblement contaminés par une morsure de chauves-souris –
réservoir du virus Ebola – doivent être bannis jusqu’à nouvel ordre.
Source/ RFI
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