Combats à l'arme lourde à la frontière
Rwanda-RDC
Les armées congolaises et rwandaises s’affrontent, Paris appelle à la fin des hostilités
Ce
que l’on a qualifié de simples incidents entre quelques éléments des armées
congolaise et rwandaises deviennent de plus en plus sérieux au point de parler
en ce moment des combats entre l’armée de la RDC et celle du Rwanda. Mercredi 11 juin, un
soldat congolais a été tué dans un brusque embrasement à la frontière. Après
des affrontements à l'aube à l'arme automatique entre forces armées de la RDC (FARDC) et troupes
rwandaises, la situation a viré aux combats à l'arme lourde dans l'après-midi. Paris
appelle à la "cessation immédiate des hostilités"
Les
Forces armées de la RDC
et l'es Forces pour la défense du
Rwanda (RDF) s’affrontent depuis jeudi 12 juin matin à l’arme lourde
dans la localité de Kabagana II, en territoire de Nyiragongo (une trentaine de
kilomètres au nord de Goma). depuis qu’un caporal des FARDC a été tué par l’APR
après avoir été pris en otage par elle. Les deux armées se sont renvoyé la
responsabilité de ces affrontements qui sont les premiers incidents de cette
ampleur à la frontière depuis la fin octobre 2013.
« Mettre tout en œuvre pour baisser la tension »
Par
la voix du porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, s’est exprimée sur la
dégradation de la situation sécuritaire en RDC. "La France est préoccupée par
la dégradation de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo,
à la suite des combats en cours depuis le 11 juin dans le Nord-Kivu", a-t-il
souligné, en invitant les deux parties à mettre « tout en œuvre afin de
faire baisser la tension, en vue d'une sortie de crise durable".
Ces
affrontements, qui constituent le troisième accrochage consécutif entre les
deux armées depuis hier matin, ont déjà fait au moins deux morts côté congolais
et un nombre indéterminé de victimes, côté rwandais, toujours selon des sources
militaires.
Selon
des sources concordantes, les accrochages ont débuté mercredi matin lorsque les
FARDC ont riposté à une provocation des RDF qui auraient tenté de s’installer
sur une colline de Kanyesheja, sur le territoire congolais.
Pourquoi ces
accrochages ?
Les combats
entre les deux armées interviennent alors que des miliciens des FDLR ont
commencé à se rendre au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. A ce jour, apprend-on,
quelque 200 éléments ont déjà rendu leurs armes attendant pour les uns de
rentrer dans leur pays, le Rwanda, pour les autres, de trouver un autre pays
d’accueil.
Pour bien
des observateurs, comme le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, les
accrochages entre les deux armées constituent un «acte délibéré de
provocation » du régime de Kigali. Ils se demandent pourquoi ces combats
interviennent alors qu’a commencé le processus de démobilisation des FDLR par
Kinshasa dont Paul Kagamé a fait son cheval de bataille.
L’attitude
la plus simple que Kigali devrait afficher envers Kinshasa ne devait pas être
celle de provocation, mais plutôt d’accompagnement et de soutien à ce processus
de désarmement, de démobilisation et de réinsertion de ses filles et fils qui,
après avoir longtemps erré dans les forêts congolaises et tué, massacré, violé,
violenté des centaines de Congolaises et Congolais, ont décidé de rentrer au
bercail pour contribuer à la reconstruction d’un pays que Kagamé fait déjà
bien.
Que cherche Kagame ?
Que
cherche Kagamé en voulant se créer des ennemis partout aussi bien parmi ses
voisins qu’au sein de la communauté internationale ? Alors que les flammes
du feu qu’il a toujours adoré allumer
et, ensuite, à attiser, sont déjà éteintes depuis décembre dernier, y a-t-il
une raison, sinon économique (pillage de ressources minières de la RDC…) pour celui qui, comme 10
autres chefs d’Etat des Grands Lacs, a signé l'accord-cadre pour la paix, la
sécurité et la coopération dans la région des Grands lacs, à Addis Abeba le 24
février 2013, de vouloir les voir (flammes) se rallumer ?
Des
ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur, Kigali en veut en nombre
suffisant pour pouvoir avoir beaucoup de soucis de manière constante : ses
voisins, la France
qu’il a accusée d’avoir participé au génocide de 1994 !
Tout
comme il y a des pays qui adorent vivre en paix et en toute sécurité avec leurs
voisins et la communauté internationale, nous sommes poussé à croire que le
régime de Kigali s’accommode à merveille dans une région trouble. Sinon,
comment expliquer la survenue des récents événements au Nord-Kivu.
Les
dernières déclarations sur ton ferme de Washington et de Londres sur la
situation dramatique des droits de l’homme au Rwanda sont, à n’en point douter,
l’expression du ras-le-bol des
Occidentaux sur les agissements de l’homme fort de Kigali. Sa réplique a montré
la face d’un homme au pouvoir qu’il tient à conserver à tout prix et que, pour
cela, il n’a de leçon à recevoir de qui que ce soit, Obama ou Cameron soit-il.
Des
signes de provocation, des comportements qui révoltent tout le monde, des actes
ignobles contre des opposants, soif effrénée de conserver le pouvoir par tous
les moyens : Kagamé ne cesse de multiplier des signes visibles de fin de
régime. L’Union africaine, la
Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, la
communauté internationale ne doivent pas attendre que les affrontements sur la
colline de Kanyesheja commencent à jeter des milliers de Congolais à la rue.
Kléber Kungu
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