dimanche 18 octobre 2009

Affaires Ogefrem et Sonas: deux méthodes et deux langages


Affaires Ogefrem et Sonas: deux méthodes et deux langages
La semaine dernière s’est ouverte avec l’interpellation de l’ADG Emile NGoy et l’ADT Roger Andende Apindia de l’Office de gestion de fret maritime (Ogefrem). Une nouvelle qui a étonné l’opinion nationale. L’étonnement a grandi avec leur incarcération au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) ex-prison de Makala, quelques heures suivant leur interpellation. Les deux personnalités ont été incarcérées sans griefs établis, comme c’est le cas du cas Herman Mbonyo de la Sonas dont les travailleurs ont décrié une certaine mégestion. Les deux cas ont mis en exergue deux méthodes et deux langages.
L’interpellation par la justice de l’administrateur délégué général (ADG) et l’administrateur directeur technique (ADT) de l’Ogefrem et ce que nous pouvons appeler l’affaire Herman Mbonyo de la Société nationale d’assurances (Sonas) viennent de mettre à nu deux méthodes et deux langages qui étonnent l’opinion nationale.
L’histoire encore récente nous rappelle que la procédure judiciaire avait été respectée. Après le désaveu de l’ADG Herman Mbonyo par les travailleurs poussés par les syndicalistes, le gouvernement, propriétaire de l’entreprise, s’est saisie de l’affaire en suspendant l’incriminé avant d’envoyer une équipe d’audit à la Sonas pour contrôler la gestion de l’ADG. Le résultat de l’audit avait donné raison aux revendications des travailleurs de la Sonas. Cela dit, le chef de l’Etat avait en ce moment les mains libres de pouvoir remettre l’incriminé à la justice pour répondre des griefs que les auditeurs ont relevé dans sa gestion.
Quelques semaines auparavant, presque au même moment, les travailleurs de l’Office national des transports (Onatra) étaient dans la rue pour réclamer le départ de l’administrateur délégué général Claude Pécune qu’ils accusaient de refuser d’honorer leur cahier de charges et d’apurer tous les arriérés de salaire liés au smig. Aujourd’hui, l’Onatra est débarrassé de Claude Pécune et qu’il est sous la direction de son adjoint Basaula.
A la Sonas comme à l’Onatra, les choses ont suivi le cours normal en partant des revendications des travailleurs. Ce qui n’est pas le cas pour l’Ogefrem où l’ADG et l’ADT se sont vus cueillir comme des citoyens malpropres. Sans qu’aucun grief ne soit mis à leur charge, Emile Ngoy et Roger Andende Apindia ont été appréhendés par la justice, sans qu’il y ait un plaignant. Celle-ci s’est saisie de leur dossier en les coffrant sans qu’il n’ y ait une manifestation des syndicalistes décriant une quelconque mégestion de leur part, comme cela s’est passé à la Sonas et à l’Onatra.
A ce jour, les deux hauts cadres de l’Ogefrem hument de l’air pollué du CRPK et le gouvernement reste incapable de réagir contre la justice. Sans doute, en raison du respect de la séparation des pouvoirs (judiciaire, législatif et exécutif), conformément à l’article 149 alinéa 1er de la Constitution, qui stipule « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif ». Même si, au nom de du respect de cette séparation des pouvoirs, l’indépendance dont jouit la justice ne lui autorise nullement de se passer de certaines exigences, notamment le respect de la procédure qui exige la présence d’un plaignant. Pour le cas de l’Ogefrem, l’interpellation de deux hauts cadres s’est faite sans plaignant. Donc, sans griefs !
Pourquoi, s’interroge l’opinion, la justice s’est saisie du dossier Ogefrem en brûlant les étapes. Les méthodes utilisées pour le règlement de ces trois affaires (Sonas, Onatra et Ogefrem) sont, par conséquent, loin de convaincre la même opinion. C’est justement à cause de la non-observance des normes que l’opinion se plaint de nombreux cas de personnes qui sont arrêtées aujourd’hui pour être relaxées le lendemain. Avec pour conséquence, le déshonneur et le discrédit et de la justice congolaise et des personnes arrêtées et relaxées. Ce qui ne se passerait pas de cette manière si la procédure était suivie normalement.
En raison de cette façon d’arrêter les présumés coupables, l’opinion ne tarde pas d’évoquer des règlements de compte ou autres pratiques qui n’épousent pas les principes de l’opération Tolérance zéro.
Pour ne pas torpiller l’opération Tolérance zéro en lui collant une autre connotation, du reste pessimiste, le chef de l’Etat Joseph Kabila, premier magistrat et chef du gouvernement est interpellé. Aujourd’hui, l’opinion, avec les différents sondages d’opinion qui sont publiés, se prononce sur l’opération Tolérance zéro. Pour elle, par Tolérance zéro les autorités appliquent la politique de deux poids deux mesures. Elles s’attaquent plus aux Kuluna de la rue en laissant courir les Kuluna aux cravates. Que de nombreux cas de détournements dont on parle chaque jour mais qui restent sans effet.
L’opinion reste confiante en l’opération Tolérance zéro et en son impact sur la vie socio-économique du pays, à condition que les choses évoluent autrement qu’elles sont en train de se passer à ce jour. Sinon, elle ne sera que du slogan vide et creux qui va desservir plus son initiateur.
Kléber Kungu

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