jeudi 6 septembre 2012

Un sommet à « haut risque » sur fond de suspicions

Conférence Internationale sur les Grands Lacs à Kampala Un sommet à « haut risque » sur fond de suspicions Le sommet des chefs d’Etat des Grands Lacs consacré à l’insécurité dans l’Est de la RDC s’ouvre ce vendredi 7 septembre à Kampala (Ouganda) sur fond de suspicions de part et d’autre des parties en conflit. En effet, au cours de la réunion préparatoire qui s’est tenue jeudi 6 septembre dans la capitale ougandaise, les experts congolais accusent leurs homologues rwandais de refuser l’implication de l’Onu. Ce qui présage une rencontre à « hauts risques » dont l’issue paraît d’ores et déjà hypothétique quant à la chance pour les Congolais de voir la naissance et le déploiement de la Force neutre internationale. Alors que les chefs d’Etat devraient notamment discuter du renforcement du mandat de la Monusco pour qu’elle assure la sécurisation de la frontière entre la RDC et le Rwanda, les experts congolais de la Défense ont accusé leurs homologues rwandais de refuser l’examen de la proposition des ministres de la Défense des Grands lacs, réunis en août dernier à Goma, sur l’implication des Nations unies et de l’Union africaine (UA) dans la force neutre à déployer entre la RDC et le Rwanda pour lutter contre les groupes armés actifs dans cette partie du continent. Les représentants congolais estiment que Kigali voudrait imposer l’examen du rapport des mêmes ministres de la Défense sur le mécanisme conjoint de vérifications élargies de frontières de la RDC et du Rwanda et sur le centre conjoint de fusion des renseignements de Goma. La réunion des experts a été suivie par celle des ministres de la Défense de 7 pays membres du sous comité de la Défense présidé par l’Ouganda qui ont siégé au complexe hôtelier de Munyonyo Les travaux ont préparé le sommet des chefs d’Etat de ce vendredi 7 septembre à Kampala. Le secrétaire exécutif de la CIRGL, Ntumba Lwaba, a confirmé la mise en place des mécanismes de vérification conjointe élargis. II s’agit d’une surveillance militaire pour sécuriser les frontières entre la RDC et le Rwanda. Déjà des officiers des pays membres du sous comité de la Défense de la CIRGL notamment l’Angola, la Tanzanie, le Congo Brazzaville, le Burundi et l’Ouganda sont arrivés à Goma. Ntumba Luaba a confirmé le lancement officiel de ce mécanisme de vérification est prévu la semaine prochaine. Partenariat de la SADC Dans la foulée, on rapporte que des contacts diplomatiques se poursuivent et que la CIRGL vient de recevoir l’offre de partenariat de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe (ou SADC, acronyme de l'anglais Southern African Development Community). D’ailleurs, apprend-on d’une source basée à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, citant Ntumba Luaba, son secrétaire exécutif a été invité à la réunion des ministres de la Défense. Pour lui, c’est l’opérationnalisation, l’effectivité de la mesure de surveillance. S’agissant de la force Internationale neutre, l’heure est à l’évaluation complète des besoins. Une équipe d’évaluation sera envoyée sur le terrain pour vérifier la taille du M23 et des éléments FDLR. Quant au rapport issu des assises du 18 aout 2012 à Goma, détenu par le Président en exercice de la CIRG, le secrétaire exécutif de la CIRGL a précisé qu’il s’agit d’un rapport intermédiaire qui sera complété par les travaux de ministres de la Défense. C’est ce vendredi 7 septembre que le rapport définitif sera déposé au sommet de chefs d’Etat et des gouvernements de la Conférence Internationale sur la Paix des Grands Lacs. Plusieurs délégations congolaises constituées à la fois des personnalités venues de Kinshasa, du Sud-Kivu ainsi que celle conduite par le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya ont participé à cette réunion. Ce deuxième sommet de Kampala fait suite aux travaux du 6 au 7 août derniers dans le même cadre de l’hôtel Munyonyo, situé à environ 10 kilomètres de Kampala-centre. L’objectif de cette rencontre est de parvenir à mettre fin aux activités du M23 soutenu par le Rwanda ainsi que de toutes les forces négatives parmi lesquelles le FDLR qui déstabilisent la province du Nord Kivu. Les informations actualisées et urgentes en vue de s’assurer de cessation définitive des hostilités à l’Est de la RDC constituent l’une des préoccupations majeures de ce sommet tout comme l’opérationnalisation de la force internationale neutre voulue par la majorité des Etats membres. Au cours de cette rencontre organisée sur initiative des chefs d’Etat des Grands lacs pour étudier les modalités de la constitution de la force neutre, ces ministres avaient décidé d’exclure la RDC, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda de ladite force. Ils avaient également déterminé la taille et les principales zones de déploiement de cette force, en décidant qu’elle compterait 4 000 hommes et qu’il y aurait une commission qui déterminerait la structure de cette force qui se déploiera dans les quatre zones à savoir: Beni, Ruwenzori, Walikale et Masisi. Le déploiement de cette force a été approuvé par les chefs d’Etats des Grands lacs réunis en août dernier à Kampala. Il est consécutif à la recrudescence de l’insécurité dans l’Est de la RDC marquée ces derniers mois par la création d’un nouveau mouvement rebelle, le Mouvement du 233 mars (M23), au mois de mai dernier. Cette rébellion est constituée des mutins de l’armée congolaise issus de l’ancienne rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ils réclament l’application de l’accord de paix de mars 2009 signé par le gouvernement et le CNDP qui prévoit notamment l’intégration des combattants de cette ancienne rébellion dans l’armée et la police congolaise. A tout prendre, la rencontre de ce vendredi reste de tous les enjeux avec tous les risques ses participants n’arrivent pas à s’entendre sur l’essentiel du sommet. Kigali qui a très mal digéré le cuisant échec diplomatique obtenu à New York après que les trois parties en conflit (Rwanda et RDC) ainsi que les experts de l’Onu ayant produit le rapport accusant le Rwanda de soutenir le M23, au cours l’oral organisé par le Comité des sanctions des Nations unies, va user de tous les moyens en son pouvoir pour tenter de compliquer la tâche des participants à la CIRGL. Pour Kigali, l’objectif est d’user de toutes les manœuvres dilatoires pour tirer en longueur et retarder la naissance et le déploiement de la Force neutre internationale dont la RDC et lui sont exclus. Kléber Kungu

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