lundi 28 mai 2012

L'Onu accuse le Rwanda de soutenir le M23

Guerre en RDC L'Onu accuse le Rwanda de soutenir le M23 • Dans l’entre temps, les mutins ont appelé le gouvernement congolaise à un cessez-le-feu • Ils se sont dit ouverts à des négociations pour une issue pacifique de la crise. La guerre qui endeuille de nouveau la province du Nord-Kivu commence à livrer quelque vérité. L’Organisation des Nations unies (Onu) accuse le Rwanda en disant avoir des preuves que le M23 (Mouvement du 23 mars), la rébellion des anciens membres du CNDP qui s’affrontent dans des combats violents avec les forces gouvernementales au Nord-Kivu est soutenue par le Rwanda. Selon un rapport interne de l'Onu fondé sur les interrogatoires de déserteurs du M23 à Goma, l'approvisionnement en armes et même en hommes de ce nouveau mouvement rebelle provient du Rwanda voisin. Des citoyens rwandais ont été recrutés et formés dans leur pays pour renforcer la mutinerie d'ex-rebelles que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) combattent depuis début mai dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo. "Les Nations unies ont conduit des entretiens avec 11 combattants qui ont abandonné leurs positions dans les forêts montagneuses de la frontière entre la RDC et le Rwanda. Le rapport (. . . ) décrit ces déserteurs comme des citoyens rwandais recrutés au Rwanda sous prétexte de rejoindre l'armée nationale, y compris un mineur", explique ce rapport. Selon Hiroute Guebre-Selassie, chef du bureau de la Mission de la Monusco à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, les mutins ont déclaré avoir été ‘’recrutés dans un village appelé Mundede, qu'ils ont reçu un entraînement au maniement des armes et qu'ils ont été envoyés en RDC pour rejoindre le M23". Certains d’entre ces combattants ont ‘’affirmé avoir été recrutés dès février", a indiqué la BBC qui a publié une partie du rapport onusien. On rapporte que quinze mutins se sont rendus jusqu'à ce jour, dont sept Rwandais. Ils ont témoigné avoir reçu des renforts du Rwanda. Depuis que les FARC ont eu à s’affronter avec les éléments du M23, il n’était plus un secret pour personne que le M23 recevait des renforts (munitions, armes lourdes et même en troupes) de la part du Rwanda. L’opinion, surtout les militaires des FARDC, n’était pas dupe sur la cause de la résistance des mutins. "Le M23 ne pouvait pas résister pendant tous ces jours de combats sans le soutien du Rwanda. Combien d'hommes sont-ils pour qu'ils résistent jusqu'à aujourd'hui?", a déclaré un des militaires de l’armée congolaise, qui a précisé que ceux qui se sont rendus ont été "acheminés à Rutshuru auprès du commandant de secteur" et que la hiérarchie déciderait ce qu’il fallait faire d’eux. Le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23, n’a pas tardé d’opposer un démenti formel sur ces allégations. « Si le Rwanda nous soutenait, on serait arrivés très loin aujourd'hui car il a une armée organisée, et très forte! Or, nous sommes tout juste dans le Rutshuru. Que ces hommes nous disent dans quel régiment, dans quel bataillon ils étaient", a-t-il déclaré. Créé le 6 mai, à la veille de la trêve unilatérale de cinq jours décrétée par les FARD, le M23 s’affronte dans des combats meurtriers avec les Forces armées congolaises (FARDC). Ces combats sont concentrés dans le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, près de la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Le M23 a comme chef le colonel Sultani Makenga, ex- numéro 3 du CNDP. Le M23, composé de soldats mutins issus de l'ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), que le Rwanda avait démenti soutenir du temps de sa dissidence, et intégrée dans l'armée en 2009 après des accords de paix avec Kinshasa. Le M23 sollicite un cessez-le-feu La publication du rapport de l’Onu accusant le Rwanda de soutenir les mutins du M23 intervient alors que le Rwanda et la RDC prévoient une collaboration plus étroite pour tenter de neutraliser ces mutins, et au moment où le nouveau mouvement rebelle a appelé le gouvernement congolaise à un cessez-le-feu et s'est dit ouvert à des négociations pour une issue pacifique de la crise. Pour le mouvement rebelle, cet appel vise à épargner la population des affres de la guerre et d’éviter la dégradation de la situation humanitaire dans la province du Nord- Kivu (est), selon un communiqué du M23. Les mutins ont également invité la Monusco à cesser son appui aux Forces armées de la RDC, tout en déclarant que "le gouvernement congolais doit assumer toutes les responsabilités en cas de poursuite des hostilités qui est à la base des morts d'hommes et des mouvements des populations dans la province". Le communiqué explique "la défection de certains officiers des rangs des Forces armées de la RDC (FARDC) et la création du M23" par "le non-respect" des accords signés entre les autorités du pays et le CNDP. Les autorités congolaises avaient refusé toute négociation avec les soldats mutins. Les FARDC accentuent la pression sur une partie des rebelles retranchés dans les collines de Runyonyi et de Chanzu près de la frontière avec le Rwanda. Pour les autorités congolaises, le CNDP et le M23, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Quelle suite vont-elles réserver à l’appel des mutins ? Quelle est la véritable raison de cet appel au cessez-le-feu : est-ce une stratégie pour leur permettre de s’organiser, ayant été fortement désorganisés à la suite du feu nourri des FARDC déterminées à reconquérir toutes les parties occupées par les mutins ? Kléber Kungu

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