Les élections font-elles
peur ?
Le calendrier électoral de l’opposition est-il
opportun ?
L’opposition politique propose un
calendrier électoral différent de celui rendu public jeudi 12 février par la
Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Elle compte le déposer ce
mardi 3 mars courant à certaines institutions nationales. A-t-elle raison en
prenant cette option, cette opposition qui avait réclamé, à cor et à cri, la
publication par la Céni du calendrier électoral ? Cette démarche est-elle
constitutionnelle, alors que la Céni est la seule institution habilitée à
élaborer un tel calendrier ? Peut-il être opportun ce calendrier électoral,
qu’il soit proposé par l’opposition ou la Majorité présidentielle dès lors que
la Céni, composée de toutes les composantes (opposition politique,
Majorité présidentielle, Société civile)
a fait son travail ?
Des partis de l’opposition politique, des regroupements politiques et
parlementaires de l’opposition ainsi que ceux de la société civile et de la
diaspora ont proposé vendredi 27 février un projet de calendrier électoral
qu’ils estiment « réaliste, réalisable et cohérent ».
Ils
proposent que les élections locales, municipales et urbaines « qui sont plus
complexes mais nécessaires à la consolidation de l’Etat et de la démocratie »
se tiennent après 2016 « pour une programmation plus rationnelle ».
Pour eux, il est question de corriger le calendrier de
la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qu’ils qualifient de non
consensuel. Une démarche que la Majorité présidentielle qualifie d’anticonstitutionnelle.
Tant
d’agitations, pourquoi ?
Pourquoi tant d’agitations au sein de l’opposition après
la publication du calendrier électoral que la Céni a qualifié de global et
qu’elle ne veut, pour tout l’or du monde, rectifier parce qu’une frange de la
classe politique trouve qu’il n’est pas réaliste.
Dans sa dernière conférence de presse tenue vendredi 20
février à son siège,la Céni, par son rapporteur, Jean-Pierre Kalamba Mulumba, a
souligné et expliqué le caractère « global, consensuel, réaliste,
constitutionnel et légal » en dépit de tout ce qui se dit sur ce document.
Pour
la Céni, le calendrier électoral est global dans la mesure où il intègre les
différents scrutins du cycle électoral et assure la régularité des élections en
RDC ;, ce qui met fin aux arriérés électoraux de 2006 et 2011.
Il
tire son caractère consensuel par le fait qu’avant sa publication, plusieurs
cadres de concertation avaient été organisés par la Céni avec toutes les parties
prenantes, y compris avec « le Comité de liaison avec les mandataires des
partis politiques régulièrement accrédités », aussi bien à Kinshasa que dans dix provinces du pays.
Il
est réaliste pour deux raisons. D’abord, du fait que le coût des opérations
relève du budget pluriannuel convenu avec le Gouvernement, dont il a déjà
débloqué une partie qui a été utilisée à l’opération de fiabilisation du
fichier électoral et de stabilisation des cartographies opérationnelles.
Ensuite, du fait que les délais des opérations contenus dans ce calendrier sont
plus raisonnables qu’en 2006 ou 2011.
Enfin,
ce calendrier est constitutionnel et légal car les délais légaux ont été
respectés, à savoir particulièrement : les articles 70, 73 et 103 de la
Constitution.
Comme
pour balayer la demande de l’opposition selon laquelle il faut privilégier la
présidentielle et les législatives, au détriment des locales, municipales,
urbaines qu’elle estime plus complexes, la Céni, avait déclaré que le train
était déjà en marche et ne pouvait pas, par conséquent, faire marche arrière
pour satisfaire certaines revendications de l’opposition.
Quant
à la demande de l’opposition selon laquelle, la Céni devait privilégier les
élections locales et provinciales, la
Céni avait répondu que cela ne relevait pas de ses prérogatives, soulignant en
conclusion qu’il n’y avait pas d’élections plus importantes que d’autres. En
outre, le rapporteur de la Céni avait relevé le fait que l’organisation des
locales était plus qu’une nécessité d’autant plus qu’elles permettraient de
rétablir l’autorité de l‘Etat qui fait défaut à l’intérieur du pays.
Que
cette opposition vienne aujourd’hui remettre en cause le travail consensuel
réalisé par la Céni, il n’y a pas de doute à croire que cette démarche ne peut
procéder qu’à une certaine peur de l’opposition politique qui ne veut pas aller
aux élections qu’elle ne cesse pourtant de réclamer à cor et à cri, accusant la
Céni de vouloir faire le jeu de la Majorité.
Vouloir
à la fois une chose et son contraire
Ce
qui voudrait tout simplement dire que l’opposition politique congolaise veut à
la fois une chose et son contraire.
De leur côté,
les opposants proposent que les élections des députés provinciaux, des
gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs se tiennent en 2015.
« Les élections des députés provinciaux, des gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs sont prioritaires parce que suspendues au cours du cycle électoral 2011 -2016 et doivent être organisées en 2015 pour résoudre la question de leur légitimité. Car l’illégitimité érode l’efficacité de l’Etat », explique Emery Okundji, secrétaire général du parti de l’opposition Fonus.
« Les élections des députés provinciaux, des gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs sont prioritaires parce que suspendues au cours du cycle électoral 2011 -2016 et doivent être organisées en 2015 pour résoudre la question de leur légitimité. Car l’illégitimité érode l’efficacité de l’Etat », explique Emery Okundji, secrétaire général du parti de l’opposition Fonus.
Dans
son calendrier publié le 12 février dernier, la Commission électorale nationale
indépendante (Ceni) prévoit d’organiser les élections provinciales,
municipales, urbaines et locales le 25 octobre 2015 alors que les élections
présidentielle et législatives devraient se tenir le 27 novembre 2016
L’opposition est cependant d’accord avec la Ceni sur une chose : la date de la
tenue de la présidentielle et des législatives en 2016.
Tout compte fait, on
comprend maintenant que réclamer la publication du calendrier électoral et la
tenue des élections est une chose, mais être prêt à se mettre en ordre de
bataille le moment venu, en est une autre. La publication du calendrier
électoral par la Céni a été pour bien des hommes politiques une surprise, même
s’ils le réclamaient à cor et à cri.
Maintenant que le
calendrier est publié, préparons-nous à aller aux élections. Pour cela, il faut
de l’argent, beaucoup d’argent. En avons-nous suffisamment pour y aller ?
C’est là que le bât blesse.
Kléber
Kungu
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