mercredi 28 novembre 2012

Francophonie : « Mankenda Voka ou rien »

« Mankenda Voka ou rien » Cette expression, on l’a entendue de nombreuses fois de la bouche de nombreux lecteurs de ce grand analyste politique. Ce qui nous intéresse, c’est plutôt l’expression elle-même que son fond. Car elle pèse par une faute que le commun des mortels est loin de découvrir. Pourquoi dire « Mankenda Voka ou rien », alors que l’on parle d’une personne? Il aurait fallu dire « Mankenda Voka ou personne ». Et si l’on veut employer « rien », pronom indéfini, c’est dans l’expression comme celle-ci :« La chikwangue ou rien ». « Rien » et « personne » sont des pronoms indéfinis. Le premier est réservé aux choses ou aux abstractions, le second, aux êtres humains. Kléber Kungu

Le M23 commence enfin d’évacuer Goma

Une semaine d’occupation après Le M23 commence enfin d’évacuer Goma Selon l'Onu et des témoins, les rebelles du M23 ont entamé le retrait progressif de Goma pour se replier au nord de cette ville, un préalable exigé par Kinshasa pour entamer des négociations de paix. Le chef des opérations de maintien de la paix de l'Onu, Hervé Ladsous en a fait la confirmation. Selon lui, c’est mardi 27 novembre que les rebelles du Mouvement du 23 mars 2009 (M23) ont entamé le retrait de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Ainsi, comme l’estiment certains observateurs, l'injonction des dirigeants de la région des pays des Grands commencent à porter ses fruits, à la suite de leur ultimatum de 48 heures lancé samedi 24 novembre à la rébellion de quitter la ville. Le retrait du M23 a été également confirmée par des sources au sein des FARDC, selon lesquelles les rebelles avaient commencé effectivement à se retirer de certaines zones dans le Masisi depuis mardi 27 novembre. Des habitants de Goma ont également confirmé mercredi le départ de plusieurs dizaines de camions civils de marque Fuso et de l’Office des routes contenant des munitions et des vivres des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Ces camions se dirigeaient vers Rutshuru et Rumangabo, au nord de Goma. Des habitants de certains quartiers affirment que certains hôtels et maisons de particuliers qui hébergeaient les rebelles ont été vidés la nuit dernière. « On nous a demandé de nous retirer à 20 kilomètres et nous allons le faire », a assuré le chef militaire des rebelles, le général Sultani Makenga, précisant que le M23 commençait à transférer sa « logistique - munitions, nourriture, médicaments - de Goma » vers le territoire de Rutshuru. « Nous sommes en train de quitter Sake, nous sommes en train de quitter Masisi. Nous avons entamé le retrait de nos troupes qui sont très loin de Goma [...] Goma viendra après », a-t-il ajouté à Radio Canada. De son côté, sans se réjouir de ce début de retrait, le gouvernement congolais reste sur ses gardes, question d’éviter toute mauvaise surprise de la part des hommes de Jean-Marie Runiga, le président du M23. Cependant, précise-t-on, aucun retrait massif de troupes rebelles n'a jusque-là été observé, dont le nombre total au Nord-Kivu est estimé à environ 1 500 combattants, selon une source militaire occidentale. Dans les rues de la ville l'activité était normale mercredi matin, les commerces sont ouverts, des motos-taxi circulent comme à l'accoutumée. Quelques rebelles ont été vus à des carrefours, mais leur présence est très discrète comme depuis plusieurs jours. Parmi les exigences du M23 figurent notamment la libération de prisonniers politiques et la dissolution de la Commission électorale. Vianney Kazarama a annoncé que le gros de troupes qui occupait les localités de Ngungu, Umure, Mushaki, Kirolirwe ainsi que les collines de Muremure dans le territoire de Masisi aurait été regroupé mercredi 28 novembre à Saké, 27 km à l’Ouest de Goma. Etat-major à Kibumba Selon le porte-parole militaire du M23, son mouvement allait établir son état-major général à Kibumba, une localité située à 30 km au Nord de Goma. Il est prévu que le principal conseiller militaire de l’Onu, le général Babacar Gaye se rende dans la région depuis mercredi 28 novembre ainsi qu’au Rwanda en vue de régler les modalités militaires après le retrait des rebelles de Goma. Ces modalités, précise-t-on, porteraient notamment sur la situation de l’aéroport de Goma, contrôlé pour l’instant par la Monusco, de l’établissement d’une zone neutre une fois les rebelles retirés et du concept d’une force neutre internationale pour stabiliser la région. Les chefs d’Etat des Grands lacs avaient lancé samedi 24 novembre un ultimatum de 48 heures au M23 pour quitter la ville de Goma que la rébellion occupe depuis le mardi 20 novembre. L’ultimatum avait expiré le lundi à minuit sans que les rebelles ne se retirent de la ville. Les rebelles du M23 ont essayé de justifier le retard pris dans le retrait de la ville de Goma, expliquant que le temps accordé par les chefs d’Etat était court, selon Sultani Makenga. Les présidents des pays de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), réunis dans un sommet extraordinaire à Kampala samedi 24 novembre, avaient également décidé du déploiement d’une force composite comprenant une compagnie de la force internationale neutre, une compagnie des FARDC et une compagnie du M23 à l’aéroport de Goma, actuellement tenu par la Monusco. Tandis qu’ils avaient prévu le déploiement d’un bataillon de l’armée congolaise et un autre de la police dans la ville de Goma Mais le chef politique du M23, le pasteur Jean-Marie Runiga a confié que son mouvement acceptait de quitter Goma si l’armée congolaise ne revenait pas dans la ville qui, selon lui, devrait rester sous administration politique et administrative de la rébellion. Retrait sur fond des pillages… Alors que les rebelles du M23 ont commencé à se retirer de Goma, après une semaine d’occupation, le gouvernement congolais les a accusés mercredi 28 novembre le M23 de se livrer à des pillages et à des razzias systématiques à Goma, comme on pouvait le craindre, et d'emporter son butin au Rwanda. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a ajouté qu'il comptait voir les auteurs de tels actes de barbarie en répondre devant la Justice tant nationale qu'internationale. Selon le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, des dizaines de camions destinés à la construction des routes et à l'entretien des voiries ont été emportés vers le Rwanda, avec le butin des pillages. Il a affirmé, dans une conférence de presse, que des dizaines de véhicules et de camions semi-remorques sont dédouanées à vil prix avec la bénédiction des rebelles du M23. Il a estimé que 50 véhicules franchissaient chaque jour la frontière depuis l'arrivée du M23 à Goma. Le système frigorifique de la morgue de l'hôpital de Katindo a été démonté et emmené hors de notre pays, a encore accusé M. Mende. Selon lui, une tentative de pillage de la chambre forte de la Banque Centrale à Goma débutée dimanche dans la journée avait échoué jusqu'à hier (mardi) soir mais les coups de burins et les marteaux piqueurs se sont relayés même de nuit avec de puissants groupes électrogènes installés autour de l'institution bancaire. Il a accusé également le M23 d’avoir pillé de fond en comble plusieurs immeubles dont celui abritant l'assemblée provinciale. Selon M. Mende, les stocks de minerais qui étaient saisis par les services de l'Etat ont aussi traversé la frontière alors qu'ils étaient frappés par une interdiction d'exportation du fait de la non-déclaration du site de provenance. … et des décomptes macabres Alors qu'aucun bilan des affrontements entre l'armée congolaise et la rébellion n'a été dressé jusqu'à présent, la Croix-Rouge congolaise a indiqué mercredi que dans les jours ayant suivi la prise de Goma par les rebelles, quasiment sans combats, elle a enterré 62 corps "de civils et militaires, que des adultes" ramassés dans les rues, selon le président de la Croix-Rouge, Dominique Lutula. La déclaration du sommet - qui réunissait les cinq États de l'Afrique des Grands Lacs (l'Ouganda, le Rwanda, la RDC, la Tanzanie et le Kenya) - demandait aux rebelles de mettre un terme à la guerre et de se retirer de Goma dans les 48 heures. Le sommet de Kampala leur demandait également de demeurer à 20 km au nord de la ville qu'ils avaient prise le 20 novembre dernier. Mais le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, a posé par la suite de nouvelles conditions pour concrétiser le retrait de la ville, dont l'ouverture de négociations avec le gouvernement de Kinshasa, la libération de prisonniers politiques et la dissolution de la Céni en échange du retrait. Le gouvernement congolais du président Joseph Kabila a qualifié cette demande de véritable « farce ». Et Jean-Marie Runiga a réitéré qu'il « continuera d'exiger des négociations directes » avec le président. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a dit attendre « de voir l'effectivité du retrait avant d'y croire ». « Une fois qu'ils [les rebelles] se seront retirés, le président [Kabila] va les écouter, il va procéder à un réexamen des accords de 2009, et il va répondre aux griefs qu'il juge légitimes [...] nous nous y sommes engagés », a-t-il ajouté. Sake toujours occupée Alors que Goma se vide petit à petit de ses envahisseurs, la localité de Sake, à une trentaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu du Nord-Kivu, sur la route menant à la capitale du Sud-Kivu, Bukavu, était toujours en fin de matinée sous occupation des rebelles du M23. Des rebelles ont été vus dans des collines autour de Sake et une dizaine d'autres à un point de contrôle à l'entrée de la ville. Un colonel du M23 a indiqué n'avoir pas reçu l'ordre de quitter Sake. Les chefs d'état-major des armées des pays de la région des Grands Lacs sont attendus vendredi à Goma pour s'assurer du retrait des rebelles. Il est prévu une réunion vendredi 30 novembre à Goma des chefs d'état-major des armées des cinq États de l'Afrique des Grands Lacs pour s'assurer du respect des engagements du M23. Les soldats du M23, des ex-rebelles en majorité tutsi congolais intégrés dans l'armée après un accord de paix en mars 2009 et qui ont repris le maquis en avril 2012, avaient à l'origine diverses revendications. Ils exigeaient notamment de rester dans leur région du Kivu (est) pour protéger leurs familles, au lieu d'être envoyés dans des régiments sur tout le territoire de la RDC. Mais leur chef politique Jean-Marie Runiga a posé mardi de nouvelles "conditions" au retrait, en réclamant "une enquête sur la tentative d'assassinat du Dr Denis Mukwege à Bukavu, à son domicile, le gynécologue réputé pour son aide aux femmes violées -, "la liberté de mouvement pour l'opposant Etienne Tshisekedi" ou encore "la dissolution de la Commission électorale", la libération sans conditions des détenus politiques et d’opinion, dont le pasteur Fernando Kutino, Gabriel Mokia. La RDC a déjà été le théâtre de deux guerres régionales (1996-97 et 1998-2003). Le second conflit a opposé Kinshasa, soutenue par le Zimbabwe et l'Angola, à différentes rébellions soutenues par les armées rwandaise, ougandaise et burundaise. Cette fois encore, le Rwanda et l'Ouganda sont accusés par Kinshasa et l'Onu de soutenir le M23. Des allégations que Kigali et Kampala ont toujours démenties. Kléber Kungu

Hausse des prix à Kinshasa et à Bukavu des produits de Goma

Le chef-lieu du Nord-Kivu occupé Hausse des prix à Kinshasa et à Bukavu des produits de Goma L’occupation de la ville de Goma a eu une incidence très négative sur le vécu des Congolais, principalement ceux de Kinshasa et de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Où certaines denrées alimentaires de première nécessité qui proviennent de Goma se raréfient, entrainant ainsi une hausse de leurs prix sur le marché. Les haricots, du thé, de la viande de bœuf et des pommes de terre, des produits alimentaires qui proviennent généralement de Goma, ont connu une augmentation de leur prix. Les prix d’une mesurette des haricots qui se vendait à 1 200 francs congolais (1,3 USD), se négocie actuellement à 1 400 francs congolais (1,5 USD). Dans certains supermarchés de la capitale, un kilogramme de viande de bœuf est passé de 9 000 FC (10 USD) à 11 800 FC (13 USD), tandis que le kilo des pommes de terre est passé de 1 800 FC (2 USD) à 2 840 FC (3,1 USD). Mais pour les vendeurs kinois cités par radiookapi.net, plusieurs facteurs sont à la base de cette surenchère, notamment la guerre dans l’Est du pays, les taxes intempestives, et l’écroulement du pont Epulu, à Mambassa (Province Orientale) déjà réhabilité. «Le haricot devient rare à Kinshasa le fait qu’il y a beaucoup de difficultés notamment avec des militaires qui récupèrent une partie de marchandises. Tantôt, ils arrêtent les véhicules avec les marchandises et cela entraîne la hausse de prix sur le marché», a déclaré un commerçant kinois. A l’alimentation du Kivu, sur place à Kinshasa, les réfrigérateurs sont vides. Ce commerçant a indiqué que le dernier arrivage date du dernier vol peu avant l’occupation de Goma par les rebelles du M23. A l’approche de festivités de fin d’années, le souhait de tout congolais est de voir le prix de denrées de première nécessité être accessibles à toutes les bourses, disent-ils. La situation est quasi pareille à Bukavu qui est également alimentée par des produits en provenance de Goma qui se sont raréfiés au fur et à mesure que le chef-lieu du Nord-Kivu était sous occupation des rebelles du M23. Les commerçants de Bukavu attribuent cette situation à la suspension du trafic lacustre entre Goma et Bukavu depuis l’occupation, depuis le 20 novembre dernier, de la capitale provinciale du Nord-Kivu par la rébellion du M23. La reprise des hostilités entre Forces armées de la RDC (FARDC) et rebelles du M23 au Nord avait fait baisser le trafic entre le Nord et le Sud-Kivu. Il y a une semaine, les armateurs du lac Kivu, regroupés au sein de l’association (Assalak), se plaignaient que seul un bateau quittait le port à Goma pour Bukavu, par jour, transportant essentiellement des familles fuyant les hostilités. En temps normal, sept bateaux font la navette entre les deux villes, transportant environ trois cents tonnes de vivres. Ainsi à ce jour, un sac de haricot de 50 kg, par exemple, qui coûtait 35 dollars américains il y a une semaine revient actuellement à 50 dollars américains au marché central de Kadutu. La situation actuelle doit interpeller les autorités politiques tant nationales que provinciales pour rendre toutes les provinces compétitives et autonomes en matière agricole. Plusieurs se demandent comment le Sud-Kivu, une province dépourvue des terres arables et fertiles doit aujourd’hui dépendre essentiellement de son voisin le Nord-Kivu. Il est temps que chaque province se dote d’un plan agricole spécifique à chacune d’elle de nature à entraîner la population dans des activités agricoles et d’élevage. Kléber Kungu

mardi 27 novembre 2012

Francophonie : Tournoi ou tournée ?

Tournoi ou tournée ? « Le pasteur est en tournoi ». L’un de mes confrères se fait répondre à l’une des fidèles, diaconesse de son état, de son ami pasteur à qui il est allé rendre visite. « Pardon, où se trouve le pasteur ? » répète le journaliste, qui ne croit pas avoir bien entendu. La réponse est la même. La femme, victime d’une grosse confusion entre les deux mots « tournoi » et « tournée », explique au chevalier de la plume que le pasteur est allé inspecter les sous-paroisses. Donc, notre pasteur était en tournée d’inspection des paroisses de son Eglise. Quand le journaliste a appris que son ami pasteur était « en tournoi », il a pensé que l’homme de Dieu pratiquait un quelconque sport (football, basket-ball, volley-ball…) et que son équipe participait dans un tournoi sportif.… Ah, confusion, quand tu nous prends ! Kléber Kungu

Les FARDC contre-attaquent les rebelles du M23 à Masisi

Le général Olenga met ses menaces à exécution Les FARDC contre-attaquent les rebelles du M23 à Masisi Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont lancé mardi 27 novembre une contre offensive contre les positions du M23 dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Des militaires des FARDC en provenance de Minova ont attaqué vers 4 heures locales du matin les collines surplombant les localités de Shasha et Karuba. Des tirs à l’arme lourde et légère auraient été entendus dans cette zone. Les combats se dérouleraient actuellement à Mushaki, importante agglomération de Masisi occupée par le M23 depuis la semaine passée. Ces combats ont repris le jour même de l’annonce du chef du M23 qui a conditionné le retrait de son mouvement de la ville de Goma par l’obtention d’un cessez-le-feu et l’établissement d’un calendrier pour les négociations. La contre offensive intervient 24 heures après la menace du nouveau chef d’état-major des forces terrestres des FARDC, François Olenga, de contre attaquer les rebelles du M23 pour les déloger de Goma s’ils refusaient de l’évacuer. «Si les rebelles du M23 ne respectent pas le délai fixé par le sommet de Kampala pour leur retrait de Goma, nous allons faire notre travail et restaurer l’autorité de l’Etat», a avait-il déclaré, tout rassurant et prêt à laver l’affront subi par ses troupes après la chute de Goma le 20 novembre et de Sake le 22 novembre. Selon radio okapi.net, la reprise des affrontements a paralysé des activités économiques à Minova, à 50 km au Sud-Ouest de Goma, où les Forces armées de la RDC (FARDC) étaient regroupées avant de lancer la contre-attaque. Une barrière routière érigée à Mugunga Les rebelles du M23 ont érigé une barrière à Mugunga sur la route Goma-Saké où ils exigent 10 dollars américains au véhicule à destination ou en provenance de Minova, au Sud-Kivu. Quant aux commerçants, plusieurs témoignages attestent que ceux des commerçants qui empruntent ce tronçon routier sont contraints de payer 5 dollars américains. Les propriétaires de gros camions transportant des produits agricoles déboursent 350 dollars américains pour comme droit de passage. Quatre jours après son entrée en fonction de chef d’état-major des Forces terrestres en remplacement du général Gabriel Amisi dit Tango Four, le lieutenant-général François Olenga vient de donner les couleurs en lançant cette contre-offensive contre les envahisseurs à la solde du Rwanda. Après la suspension du général Gabriel Amisi pour raison d’enquête à la suite des accusations qui pèsent sur lui après avoir été cité dans le dernier rapport de l’Onu l’impliquant dans l’affaire du trafic d’armes aux groupes rebelles qui pullulent dans la partie orientale du territoire de la RDC, le Président Joseph Kabila a désigné vendredi 23 novembre, le lieutenant-général Olenga Tete comme chef d’état-major des Forces terrestres ad interim. Le général Tango Four est cité dans un rapport élaboré par des experts indépendants pour le compte des Nations unies et rendu public mercredi 21 novembre. Dans ce document de 207 pages, le nom du général Amisi est associé à de sombres affaires de ventes d'armes à des groupes armés de l'Est du pays. Gabriel Amisi est d'abord accusé de contrôler un réseau de distribution de munitions de chasse à des braconniers et à des groupes armés, dont les Raia Mutomboki, alliés au M23, selon les experts onusiens. Il est également accusé d'avoir fourni 300 fusils d'assaut AK-47 au groupe Nyatura, qui sévit également dans l'Est de la RDC. Selon l'Onu, l'acheminement et la distribution des armes et munitions se fait en famille. Un jeune frère du général est nommément cité. L'ancien garde du corps du haut gradé stocke et vend les munitions. Kléber Kungu

Le M23 accepte sous conditions de quitter Goma et Sake

Sous forte pression de tous côtés Le M23 accepte sous conditions de quitter Goma et Sake * Une incursion des éléments des FDLR en territoire rwandais serait signalée * Le M23 conserverait 100 hommes à l'aéroport de Goma. * Les FARDC lancent une contre offensive à Masisi Sous forte pression de tous côtés, notamment de la part des chefs d'Etat des pays de la région des Grands Lacs (RDC, Ouganda, Tanzanie et Kenya), les hommes de Jean-Marie Runiga ont accepté de se retirer de Goma, chef-lieu de Nord-Kivu, une riche province minière, et de Sake, une localité située à une trentaine de km de Goma, sans précision de date de ce retrait, mais sous conditions. Au cours d’une conférence de presse tenue à Goma, mardi 27 novembre, le chef politique du Mouvement du M23, Jean-Marie Runiga, a déclaré que ses hommes ne se retireraient de la ville que s’ils obtenaient du président Kabila un cessez-le-feu et l’établissement d’un calendrier des négociations qui regrouperait aussi la société civile, la diaspora et l’opposition. Il a également exigé le retrait des groupes armés étrangers actifs en RDC, l’arrestation du général John Numbi-accusé par certaines ONG d’être le principal responsable de l’assassinat du défenseur Floribert Chebeya-, la libération « sans condition » des prisonniers politiques, la dissolution de la Ceni et la levée de la privation des mouvements d’Etienne Tshisekedi. La déclaration du chef politique du M23 intervient 24 heures après la menace proférée par le nouveau chef des forces terrestres congolaises, le général François Olenga, selon laquelle ses hommes étaient prêts à lancer une offensive contre les rebelles du M23 s’ils ne se retireraient pas de Goma pour les en déloger. Un officier militaire du M23, le colonel Antoine Manzi et le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, ont confirmé l’information au sujet d’un accord conclu à Kampala, capitale ougandaise, entre la rébellion et une médiation des pays des Grands Lacs sur un retrait de Goma. « C’est vrai. Ils nous ont demandé de nous retirer de Goma pour commencer les négociations avec le gouvernement », a répondu l’officier du M23, sans préciser la date de ce retrait. Quant au ministre ougandais des Affaires étrangères, il a répondu que les rebelles avaient accepté de quitter Goma. Mais sur place à Goma, aucun autre responsable de la rébellion n’a parlé de ce retrait. Aucun mouvement des troupes n’a non plus été constaté. Les chefs d’Etat des Grands lacs réunis en sommet extraordinaire samedi 24 novembre à Kampala ont lancé un ultimatum de deux jours au M23 pour se retirer de Goma. L’ultimatum a expiré lundi à minuit sans que le mouvement rebelle ne quitte la ville. Peu avant l’expiration de l’ultimatum de la CIRGL, le nouveau chef des forces terrestres congolaises, le général François Olenga, a menacé de lancer une offensive si les rebelles du M23 ne se retiraient pas de la ville de Goma. « Si les rebelles du M23 ne respectent pas le délai fixé par le sommet de Kampala pour leur retrait de Goma, nous allons faire notre travail et restaurer l’autorité de l’Etat », a-t-il menacé. Incursion des FDLR au Rwanda L'accord pour un retrait de Goma serait cependant intervenu avant une incursion, tôt mardi 27 novembre matin, en territoire rwandais, de rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui seraient venus de RDC où ils sont basés. Cette incursion, dénoncée par l'armée rwandaise et non confirmée d'autre source à ce stade, aurait donné lieu à des combats avec des soldats rwandais. Pour le porte-parole de l'armée rwandaise, le général Joseph Nzabamwita, certains rebelles des FDLR se sont repliés en RDC, d'autres seraient encore en territoire rwandais. Kigali accuse Kinshasa de soutenir les rebelles des FDLR qu’il accuse également d’avoir pris part au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Ceux-ci se sont réfugiés en territoire congolais après ce génocide. Depuis, les autorités rwandaises accusent ces rebelles opposés au régime de Paul Kagame de vouloir le renverser. De son côté, la RDC, ainsi que l’Onu et d’autres ONG internationales, accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 en hommes, en munitions et en armes. Dans cette confusion générale, c’est la population qui en paie le plus lourd tribut. Près d’un demi-million de Congolais se sont déplacés au Nord-Kivu depuis avril, période du déclenchement de la rébellion des éléments militaires qui ont créé le M23. Réunion vendredi 30 novembre des chefs d'état-major des armées des pays de la région des Grands Lacs Le chef d'état-major ougandais, Aronda Nyakairima, a annoncé mardi 27 novembre que les chefs d'état-major des armées des pays de la région des Grands Lacs allaient se réunir vendredi 30 novembre à Goma pour s'assurer du respect par les rebelles du M23 de leur engagement à quitter cette ville. "Le 30 de ce mois, tous les chefs d'état-major (des pays membres) de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) se retrouveront à Goma pour évaluer la situation, pour établir si toutes les échéances (de désengagement militaire) ont été tenues et s'il y a eu des violations", a-t-il déclaré. Les présidents de plusieurs pays membres de la CIRGL ont arrêté samedi à Kampala un plan pour ramener la paix dans l'est de la RDC, prévoyant un retrait des rebelles de Goma, et un engagement du président congolais Joseph Kabila à étudier leurs revendications. RDC: le M23 s'engage à un retrait total de Goma d'ici à jeudi midi Mais selon le chef d'état-major ougandais, Aronda Nyakairima, les rebelles du M23 se sont engagés à un retrait total et sans conditions de Goma d'ici à jeudi midi, tout en précisant que c’est hier mardi 27 novembre qu’ils ont accepté d'amorcer leur retrait de Goma mardi à midi. "Ce retrait sera achevé en 48 heures," a-t-il dit à la presse, ajoutant que le chef militaire du M23, Sultani Makenga, avait accepté ce retrait sous 48 heures "sans conditions". L’officier militaire ougandais a ajouté que, conformément à un accord scellé samedi par les pays des Grands Lacs pour trouver une issue à la crise dans l'est de la RDC, le M23 conserverait 100 hommes à l'aéroport de Goma. Des déclarations qui viennent en quelque sorte contredire celles du M23 dont les dirigeants ont déclaré qu’ils acceptaient d’évacuer la ville de Goma sous certaines conditions. Donc, les différents camps donnaient cependant des versions différentes de l'accord conclu entre les rebelles et des chefs d'état-major des pays des Grands Lacs lundi soir dans la capitale ougandaise Kampala sur ce retrait. Gare aux pièges La contradiction des déclarations des uns et des autres est de nature à pousser Kinshasa à ne pas tomber dans des pièges des rebelles du M23 sous inspiration de leurs fins maîtres. Aussi doit-il éviter le triomphalisme béat que l’annonce du retrait de Goma par les hommes de Jean-Marie Runiga entraînerait. Faut-il croire que la forte pression de la communauté internationale et de la CIRGL faite sur les nouveaux maîtres de Goma et de Sake aurait eu raison de leur entêtement de rester à Goma et d’ambitionner même d’arriver à Kinshasa ? Dans une interview accordée au journal français Le Figaro, le coordonateur du M23, le pasteur Jean-Marie Runiga a déclaré que son mouvement ne quitterait pas la ville de Goma avant le début des négociations avec le gouvernement congolais. « Nous sommes très satisfaits d’avoir commencé ce week-end à négocier avec le président [de la RDC]. Cependant, nous ne quitterons pas Goma », a-t-il dit. Tandis que pour sa part, dans un autre entretien à Jeune Afrique, le chef militaire de ce mouvement, Sultani Makenga, a affirmé que ses troupes pourraient quitter la vile de Goma, indiquant qu’au départ, le M23 ne voulait pas prendre la ville. « Nous sommes ici parce que le gouvernement nous a cherchés. Si quitter Goma peut amener la paix au Congo, le M23 pourrait accepter de quitter la ville », a-t-il expliqué. En nous référant à ces deux déclarations, nous sommes en droit de nous poser cette question : Quelles promesses fermes ont-ils reçues des médiateurs et du pouvoir de Kinshasa pour qu’ils aient pu aussitôt revenir sur de bons sentiments en revoyant à la baisse leurs calculs ? Dans tous les cas, même si les affidés de Kigali se retiraient de Goma et de Sake, il y a gros à craindre : c’est la reprise des hostilités si leurs revendications dites « légitimes » n’étaient pas prises en compte par Kinshasa. "Si le M23, dont les revendications ne seraient pas résolues, repartait en guerre à l’avenir, les pays voisins pourraient dire à Kabila : vous n’avez pas tenu vos promesses, pourquoi vous aiderions-nous ?" A première vue, le dernier accord de Kampala semble donner Kinshasa gagnant. Mais l’état de son armée le met en position de faiblesse. D’autant plus qu’il lui est moins demandé qu’au M23. En clair, trop de concessions pour Kinshasa risquent de beaucoup le fragiliser. Evolution des revendications Les revendications des rebelles du M23 ont sensiblement évolué au fil du temps. Depuis avril jusqu’à ce jour, les hommes du M23 Au lendemain de leur mutinerie, les rebelles du M23 ont revendiqué le non-respect des accords de paix du 23 mars 2009 et demandant leur pleine application. Kinshasa a toujours affirmé avoir rempli sa part du contrat. Aujourd’hui, très malins et pour tenter de faire adhérer une majorité de la population congolaise à leur cause, ils ont élargi leurs revendications. Ils évoquent désormais ce qu’ils appellent « d'autres questions de fond qui concernent la vie nationale". Ces questions, c’est demander au gouvernement congolais une enquête sur la tentative d'assassinat d'un médecin au Sud-Kivu, d'accorder la liberté de mouvement à l'opposant Etienne Tshisekedi, la dissolution de la Commission électorale congolaise, obtenir du président Kabila un cessez-le-feu et l’établissement d’un calendrier des négociations qui regrouperait aussi la société civile, la diaspora et l’opposition. Les revendications du M23 concernent également, selon son coordonnateur, le bishop Jean-Marie Runiga, le retrait des groupes armés étrangers actifs en RDC, l’arrestation du général John Numbi-accusé par certaines ONG d’être le principal responsable de l’assassinat du défenseur Floribert Chebeya-, la libération « sans condition » des prisonniers politiques. Bref, d’une simple demande à Kinshasa de l’application effective des accords de paix du 29 mars 2009, les rebelles du M23 ont fait monter les enchères jusqu’à élargir leurs revendications à « d'autres questions de fond qui concernent la vie nationale". Une fourchette si large qu’il y a à craindre que la réponse de Kinshasa à ces revendications risque d’être peu satisfaisante que les rebelles pourraient être tentés de relancer les hostilités. En ce moment-là, dans quel état se trouveraient les éléments des FARDC ? Kléber Kungu

lundi 26 novembre 2012

Le M23 refuse d’évacuer sur fond des pillages des biens précieux

Goma sous occupation rebelle Le M23 refuse d’évacuer sur fond des pillages des biens précieux Alors que l’ultimatum lancé aux rebelles du M23 venait d’expirer lundi 26 novembre, les occupants de Goma continuent de défier la communauté internationale en s’entêtant à y rester, alors que la pression se fait de plus en plus forte pour leur exiger le départ du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. En attendant d’évacuer un jour Goma, les hommes de Jean-Marie Runiga se mettent à faire déplacer pour Gisenyi tous les biens publics et privés précieux rencontrés à Goma. Aussi des véhicules de l’Office des voiries et drainage (OVD) et des Jeeps et voitures des particuliers continuent à prendre la direction de la ville du Rwanda. Par ailleurs, ils mettent à profit leur avantage éphémère pour renforcer les effectifs de leurs rangs en recrutant des jeunes Gomatraciens. Le dernier sommet extraordinaire de la Conférence internationale de la région des Grands lacs (CIRGL) consacré à la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC qui s’est tenu samedi 24 novembre à Kampala, capitale ougandaise, a demandé aux rebelles du M23 de quitter les positions qu’ils ont conquises après leur dernière offensive et de se positionner à environ 20 km de Goma dans un délai de deux jours.. Les chefs d’Etat des Grands Lacs ont demandé au M23 de stopper son extension territoriale et de ne plus remettre en question le gouvernement légitimement élu de la RDC. Ils ont décidé du déploiement d’une force composite comprenant une compagnie de la force internationale neutre, une compagnie des FARDC et une compagnie du M23 à l’aéroport de Goma, actuellement tenu par la Monusco. Les rebelles du M23 sont sommés de remettre à la police les armes délaissées par les militaires congolais dans les localités qu’ils ont conquises. Les chefs d’Etat des Grands lacs ont demandé au gouvernement congolais « d’écouter, d’évaluer et d’apporter une réponse aux doléances légitimes du M23 ». Mais 48 heures plus tard, les hommes de Jean-Marie Runiga continuent de défier la CIRGL en continuant à occuper Goma. Ces rebelles conditionnent ce retrait par un dialogue direct avec Joseph Kabila, ajoutant que ce dialogue doit également réunir la diaspora, l’opposition et la société civile. Le colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire de cette rébellion, quant à lui, justifie le non-retrait de ses troupes de Goma par la crainte qu’il éprouve pour la sécurité de la population civile si le M23 se retirait de la ville. Il a évoqué la présence des miliciens Maï-Maï et des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qui, selon lui, insécurisent les habitants. Des raisons si fallacieuses qu’elles ne servent qu’à tenter de flouer l’opinion. En effet, c’est maintenant seulement que la sécurité des habitants de Goma préoccupe ces rebelles et pourtant les rebelles Maï-Maï et des FDLR sont présents dans la région depuis des décennies. Devenus maîtres du chef-lieu du Nord-Kivu, ils se mettent la piller en en emportant tout ce qu’ils y trouvent de précieux. C’est le cas notamment des véhicules de l’OVD et d’autres véhicules des particuliers qui prennent la direction de Gisenyi, ville rwandaise à la frontière entre la RDC et le Rwanda. Paralysie d’activités A Goma, une semaine plus tard, certaines activités restent paralysées, même si certaines d’autres commencent à reprendre peu à peu. Alors que lundi 26 novembre, les rebelles du M23 ont ordonné la réouverture de la succursale de la Banque centrale du Congo (BCC), les responsables des banques privées, réunis la veille par les responsables de la rébellion, ont fait savoir qu’ils ne pouvaient reprendre du service que sur autorisation de la BCC, tout en conditionnant cette reprise aux garanties sécuritaires et à la fourniture en courant électrique. Le petit commerce et d’autres activités socio-économiques reprennent également. La Direction générale des douanes et accises (DGDA) et la Direction générale de migration (DGM) fonctionnent déjà à la grande barrière, à la frontière rwandaise. Mais beaucoup d’entreprises n’ont toujours pas repris du service. Quant au secteur de l’enseignement, la reprise reste encore timide sur le terrain. Peu d’élèves étaient visibles lundi matin. Entre temps, des milliers d’habitants qui se sont déplacés ne sont pas toujours rentrés. Sur le plan sanitaire, au moins deux cents blessés de guerre civils et militaires bénéficient depuis mardi 20 novembre d’une prise en charge médicale gratuite à l’hôpital Heal-Africa à Goma. Ils sont victimes des affrontements ayant opposé les rebelles du M23 aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) le 20 novembre le jour de la chute de Goma. Les blessés de guerre civils et militaires d’autres zones de la région où le besoin se fait sentir notamment à Kirotshé, à environ 40km à l’Ouest de Goma vont également bénéficier de la même prise en charge. Evasion de 500 prisonniers et insécurité grandissante A la suite de l’évasion d’environ 500 détenus de la prison de Goma lors de la prise de cette ville par les rebelles du Mouvement du 23 mars, appuyés par les troupes rwandaises, l’insécurité s’y est accentuée. Parmi ces fugitifs se trouvaient, notamment des combattants du M23 et autres groupes armés, des éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC). La plupart de ces évadés ont été poursuivis pour de graves violations des droits de l’Homme. En effet, les cas de viols sont légions au Nord-Kivu. Selon un rapport de l’ONG Heal Africa présenté à la presse le 10 septembre à Kinshasa, plus de 2 500 personnes, dont 30% d’enfants, ont été violées entre janvier et juin de l’année en cours dans cette province. Ces chiffres en forte augmentation seraient dus à l’insécurité qui prévaut dans cette région du pays depuis plusieurs mois. De 2010 à 2011, 1 120 auteurs de violences sexuelles ont été arrêtés et emprisonnés dans cette province. Depuis le début des hostilités dans cette partie du pays, de nombreux cas de viols ont été enregistrés par les organisations non gouvernementales. Il y a quelques jours encore, dix miliciens Maï-Maï de Kakule Lafontaine s’étaient évadés de la prison de Goma. Sans doute, la vague d’évasions des prisonniers enregistrée lors de la prise de Goma par les rebelles du M23, la situation sécuritaire au Nord-Kivu risque de se détériorer davantage. Le cas le plus illustratif est les menaces de mort dont ont été victimes de la part des rebelles du M23 la vingtaine de magistrats évacués à Kinshasa dimanche 25 novembre par la force onusienne après avoir passé trois jours à la base de la Monusco. L’un d’eux a rencontré un groupe de rebelles du M23 qui l’ont mis à genou. Un des rebelles lui a dit en braquant sur lui une arme: « Tu m’as condamné à 12 ans de prison et moi je te condamne à la mort ». Le magistrat s’est échappé après une dispute entre rebelles ». Bukavu connaît une surenchère La guerre au Nord-Kivu, principalement l’occupation de Goma par les rebelles du M23 a entraîné des conséquences fâcheuses sur les prix des biens sur les marchés de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Le relatif retour au calme n’a pas malheureusement permis aux bateaux de reprendre la navigation sur le lac Kivu. En temps normal, le trafic est très dense entre Goma et Bukavu. Bukavu, une ville d’environ 800 000 habitants, dépend en grande partie de Goma qui lui fournit l’essentiel des produits alimentaires. Aujourd’hui, Goma aux mains des rebelles du M23, la farine, les pommes de terre, le poisson séché n’arrivent plus à Bukavu. Le prix du sac de pommes de terre est passé en une semaine de 50 dollars à 62 dollars. Si à ce jour, quelques produits sont encore visibles sur les marchés de Bukavu et que leurs prix n’ont pas encore atteint des sommets, il y a à craindre leur disparition si la situation perdure encore pendant quelques jours. Aujourd’hui, la ville de Bukavu et ses habitants vivent dans la psychose des pillages si le chef-lieu de la province du Sud-Kivu tombe aux mains du M23. Kléber Kungu

Francophonie : Garde du corps

Garde du corps « Certaines personnes se promènent avec des gardes de corps ». Bien des gens ignorent qu’on dit « garde du corps » et non « garde de corps » comme nous avons pris l’habitude de dire. Garde du corps est un individu dont la fonction est de protéger le corps, et donc la vie, d'une personne à laquelle il est attaché. C’est un agent de protection rapprochée. Kléber Kungu

Les FARDC donnent 24 heures au M23 pour évacuer Goma

Guerre au Nord-Kivu Les FARDC donnent 24 heures au M23 pour évacuer Goma Le chef de l'armée de terre congolaise, le général François Olenga, a déclaré être prêt lundi 26 novembre à "contre-attaquer" les rebelles du M23 s'ils ne se retirent pas d'ici à mardi de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu tombé aux mains des rebelles mardi 20 novembre. Le nouveau chef de la force terrestre, le général François Olenga a proféré des menaces à l’endroit des rebelles du M23. « Si le M23 ne quitte pas Goma comme prévu, les FARDC passeront à l’attaque pour les en déloger ». Si les rebelles "ne respectent pas" le délai fixé à mardi par le sommet de Kampala pour leur retrait de Goma, "nous, on va faire notre travail et restaurer l'autorité de l'Etat", a déclaré le général François Olenga, le nouveau chef d’état-major des Forces armées terrestres par intérim, en remplacement du général Gabriel Amisi Kumba dit Tango Four. "Toute la population congolaise est contre l'agression et ça, ça nous suffit, ça nous donne le moral de contre-attaquer", a-t-il ajouté. Le général François Olenga n’a pas voulu préciser si l’offensive se ferait dès la fin de l’ultimatum du dernier sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), autrement dit ce lundi soir. « Tout est en ordre à Minova, explique le général Olenga, j’ai fait déplacer les gens, tous les militaires de la 8ème région sont à leur poste », ajoutant qu’il a fait « arrêter ceux qui ont mal agi. » Il a fait allusion aux exactions qui ont été signalées ces derniers jours dans la cité de Minova, où l’on trouve une forte concentration de soldats des FARDC. Des cas de pillages, d’extorsion, et une dizaine de viols sur lesquels la Monusco est d’ailleurs en train d’enquêter. Selon le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Chisambo, pas moins de 579 hommes des FARDC ont été mis aux arrêts. Des soldats qui quittaient leurs postes en désordre pour partir vers le sud, vers Bukavu, une débâcle à laquelle la hiérarchie dit avoir mis fin. Les rebelles du M23 contrôlent toujours ce lundi 26 novembre la ville de Goma. Le chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga, qui s’est rendu lundi 26 novembre à Kampala pour la poursuite des pourparlers avec le président ougandais Yoweri Museveni, a fait savoir que son mouvement avait rejeté les conditions posées à l'issue de Kampala V ce samedi, qui donnent au M23 jusqu'à lundi 26 novembre soir pour quitter la ville. Autrement dit, pas de retrait pas de négociation. De leur côté, les mutins réclament exactement l'inverse et affirment qu'ils ne partiront pas de Goma tant qu'ils n'auront pas négocié directement avec le président Joseph Kabila. Kléber Kungu

dimanche 25 novembre 2012

Francophonie : « La vie appartient aux courager »

« La vie appartient aux courager » Ecrite en gros caractères blancs sur le pare-brise derrière d’un taxi-bus Mercedes 2007 de couleur jaune, cette phrase montre l’étendue des dégâts que les usagers congolais de la langue de Voltaire y commettent. Dans son fond, la phrase est impeccable. C’est dans sa forme qu’il y a des massacres incroyables : A ce jour, le mot « courager » n’existe pas encore dans n’importe quel dictionnaire français ! Kléber Kungu

Le Pr Paul Malembe Tamandiak fait docteur honoris causa

L’Ifasic rend hommage à l’initiateur de l’école de journalisme en RDC Le Pr Paul Malembe Tamandiak fait docteur honoris causa (Un reportage de Kléber Kungu)
Le professeur émérite Paul Malembe Tamandiak a été fait docteur honoris causa de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), ex-Isti (Institut supérieur des sciences et techniques de l’information) par le Comité de gestion de cette Alma mater. C’est devant un aréopage de produits façonnés dans le moule rigoureux de cet illustre personnage (professeurs, journalistes, hommes politiques…) et d’invités de marque que le recteur de l’Ifasic, le professeur Jean-Lucien Kitima, a concrétisé l’un de ses rêves : rendre hommage à Paul Malembe de son vivant. Le récit d’un événement qui marquera en lettres d’or l’histoire de cette institution fondée en 1973 par le récipiendaire de ce titre honorifique. Samedi 24 novembre 2012, toute l’Ifasic s’est déplacée, à partir de 10 heures, dans la salle de conférences de la paroisse Notre-Dame de Fatima à la Gombe pour assister au couronnement des actions et œuvres de celui que ses plus proches appellent affectueusement « Patriarche », le professeur émérite Paul Malembe Tamandiak, 75 ans.
L’Amicale des anciens de l’Isti/Ifasic a réussi ou presque le rappel des troupes, à la tête de laquelle trône le très sémillant Honoré Mulangu Pongola, conseiller en communication du gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC). C’est le recteur Jean-Lucien Kitima Kasendwe qui va annoncer les couleurs d’une cérémonie pour laquelle il va déclarer éprouver des difficultés pour dénicher les mots nécessaires pour la rendre à sa juste valeur. Cependant, en peu de mots, il va peindre les qualités exceptionnelles du caractère d’apostolat et de dévouement de cet homme qui, après avoir décroché un bon diplôme de la plus prestigieuse l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJL), va revenir au pays pour créer en 1973 ce qui sera, des décennies durant, l’une de plus prestigieuses écoles de journalisme en RDC et en Afrique centrale. Avant de présider à sa destinée pendant plus de deux décennies (1973-1996). Quatre décennies de vocation et d’apostolat
Mû par une vocation inébranlable et un esprit d’apostolat, le professeur Malembe Tamandiak va façonner, durant environ quatre décennies, à sa manière et dans sa discipline plusieurs centaines de femmes et d’hommes qui font aujourd’hui la fierté dans les médias et institutions congolais dans le secteur de l’information et de la communication. Une qualité de méritocratie que Jean-Lucien Kitima va relever. Il profitera de cette occasion pour lancer un appel d’amour, d’unité et d’union à tous ses collaborateurs « à vivre non les uns à côté des autres, mais les uns avec les autres ». Le professeur ordinaire Jean-Claude Makwala, docteur en communication sociale de l’Université catholique de Louvain, l’un des meilleurs et valeureux produits de Paul Malembe, va relayer le recteur de l’Ifasic, pour faire une leçon académique, une des étapes scientifiques de cette cérémonie de collation de titre de docteur honoris causa (Dr h.c.). Histoire des médias avant-gardistes, est le sujet qu’il choisit pour aborder le rôle avant-gardiste joué par le cinéma, la télévision et de la radio, ainsi que la presse écrite. La hauteur scientifique et la pertinence du sujet abordé vont permettre aussi bien de situer la cérémonie dans sa dimension scientifique, mais également d’honorer à sa juste valeur le lauréat qu’il va qualifier « de grand journaliste et grand professeur ».
Les médias avant-gardistes sont ces médias qui, par leur contenu et par leur forme, s’écartent des normes traditionnelles. Au rang desquels il en épingle quelques-uns : La Pègre, Journal Lingala facile, Le Grognon, Le Pot Pourri, Le Canard enchaîné. Il va ainsi réussir – avec une salve d’applaudissements - entre autres à rafraîchir la mémoire des anciens de l’Isti et une bonne partie de l’Ifasic ayant connu la très célèbre La Pègre. Ce journal satirique des étudiants de l’Isti/Ifasic, bien que peignant de manière satirique et sarcastique, le comportement des enseignants et des étudiants, jouissait du soutien discret de la plupart des enseignants. Le jury composé des professeurs Ludovic Miyouna (président), Crispin Makelele (rapporteur), Mpeye Nyango, Mbelolo ya Mpiku et Okomba Wetshisambi (membres) ainsi que leur cursus universitaire sera présenté, d’une voix radiophonique – ce terme, ô combien journaliste, dont raffolent les étudiants de l’Ifasic - par le professeur Espérance Bayedila Bakanda, l’un des produits du Pr Malembe Tamandiak. Lorsque s’ouvrent les témoignages sur cette icône, ce personnage hors pair, cette personnalité complexe et plurielle, celui qui fut en 1967 …le premier rédacteur en chef du journal télévisé de la télévision nationale (l’actuelle RTNC), l’assistance découvre le grand homme de science qui se cache dans ce Paul Malembe de petite taille au visage rongé par une barbe de sage et de savant. Par la voix de M. Romain Makolo, le témoignage de Stéphane Kitutu O’leontwa, ancien P.-D.G de l’Office zaïrois de radiodiffusion et de télévisons (OZRT, actuelle RTNC), a dépeint le Pr Malembe Tamandiak comme une icône du journaliste congolais qui va quitter son poste de rédacteur en chef « après avoir inoculé à ses collaborateurs les principes du traitement rigoureux de l’information. » A son actif aussi la réforme actuelle de la presse congolaise et beaucoup d’autres actions en faveur d’elle. Et ses actions sont si nombreuses, annonce M. Makolo, que « la meilleure façon de lui rendre un témoignage est de lui consacrer un livre. » Lorsque le président de l’Amicale des anciens de l’Isti/Ifasic s’installe pour témoigner sur cet « homme qui a cru participer à une belle œuvre, la création de l’Isti », la salle ne cesse de rire, tellement son témoignage va creuser dans le passé des années 70 pour exhumer la rigueur de cet enseignant qui n’a cessé (cesse) d’appeler ses étudiants par le vocable « petits », en les menaçants de réduire leur nombre, alors qu’ils n’étaient que…28 admis en première année de graduat. Que ce soit l’évocation du journal satirique de l’Isti, La Pègre, le plus lu, tiré à un seul exemplaire et distribué nuitamment, qu’il s’agisse de l’autre face d’un Malembe kinois, mais surtout un père de famille qui éduque ses enfants avec une main de fer dans un gant de velours qu’il va découvrir lors d’un concert de Luambo avec la chanson DG (« Ozalaka kaka moto DG, entourage esalaka mabe… », le témoignage de Honoré Mulangu va détendre fortement l’assistance qui réagit avec des larmes des rires. « 40 ans après, nous lui savons gré », conclut M. Mulangu. Oui, comment ne pas être reconnaissant envers ce grand homme dont l’immensité des services rendus à la Nation et le nombre des personnalités formées forgent l’admiration ! Il a enfin appelé les autorités académiques de l’Ifasic à sauver une espèce en voie de disparition dans cette institution : les étudiants garçons qui ne représentent à ce jour que …10% des inscrits. (Rires et salve d’applaudissements). Les professeurs Mwembe Batende et Yayadrao vont enfoncer le clou des témoignages en présentant deux dimensions de l’heureux lauréat : la dimension académique nationale et le rayonnement international de celui qui, admis à l’éméritat en 2001, va consacrer le clair de son temps à chercher à obtenir des avantages des professeurs émérites. Un visionnaire doublé d’un nationaliste. Comme un accusé, c’est un Malembe assis à droite du jury, impassible, jambes croisés, main gauche sur le menton barbu, qui va suivre attentivement, tous ces témoignages laudatifs sur lui. Il est 13h10, lorsque le recteur Jean-Lucien Kitima va, de sa voix autoritaire, conférer le grade de docteur honoris causa au premier directeur général et recteur de l’institution qu’il a créée (1973-1996). « Je vous rends un hommage solennel et mérité pour avoir initié la formation de l’information et de la communication (…) et pour avoir conçu et finalisé le 3ème cycle de l’information et de la communication », déclare le Pr Kitima Kasendwe, avant, cinq minutes plus tard, de lui faire porter les insignes (toge et chapeau) et de signer, deux minutes plus tard, le diplôme, sous les applaudissements de l’assistance. Que le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire et Recherche scientifique, Chelo Lotshima, lui remetrra à 13h18’. Le Pr Paul Malembe vient d’être fait docteur honoris causa de l’Ifasic. Leçon inaugurale : secret privé, secret public C’est dans cet état d’esprit que le professeur émérite va prendre la parole à 13h21 pour faire sa leçon inaugurale. Tout ému, les premiers mots qui sortent de sa bouche vont exprimer un cœur qui a eu du mal à étreindre des sentiments durant les longs moments de témoignages faits sur lui. « Mes chers amis, je voudrais pleurer …», (Murmures dans la salle) avant d’ajouter quelques secondes plus tard « …d’émotion, mais en tant que patriarche, on ne peut pas voir mes larmes. Mes larmes sont là, elles sont dans mon cœur. Elles coulent à travers ma leçon, Alors, si le patriarche pleurait, quelle serait la jeunesse ? » La salle réagit par des applaudissements nourris. « Je suis fier car je sais ce que les gens que j’ai formés pensent de moi. Une pensée est positive. Je suis très content de partir aujourd’hui comme le vieux Simeon de la Bible et maintenant je peux me reposer en paix », se réjouit-il, applaudi frénétiquement. Tout en demandant au recteur Jean-Lucien Kitima de hisser l’Ifasic au rang d’université en ces termes : « Chacun pose un acte pour construire le pays avant de disparaître. Pour qu’on puisse parler de vous comme bâtisseur comme moi. » Les moments d’émotion passés, le nouveau docteur honoris causa de l’Ifasic va faire son discours inaugural pendant une quarantaine de minutes sur un sujet: Secret privé et secret public. Un sujet aussi sensible qu’important sur le métier de journaliste, lié à la question de conscience, au droit à l’information, au droit au secret. Au cours de sa leçon, il va montrer les limites que les lois imposent à l’informateur pour livrer l’information et à l’informé pour en recevoir, quoique l’instruction soit le premier besoin d’un peuple, après le pain. L’informateur n’a pas le devoir de tout dire et l’informé le droit de tout apprendre. Peut-il le dire ? Doit-il le dire ? Telles sont les questions que l’informateur doit se poser avant de livrer tout secret privé. Aussi l’indiscrétion peut-elle entraîner des conséquences négatives. Elle peut devenir une faute professionnelle très grave. L’informateur doit retenir que le droit au secret n’est pas plus absolu au droit à l’information et qu’en divulguant le secret de la vie privée, il doit penser au contrecoup que doit subir la famille concernée. L’informateur n’a le droit ni le devoir de divulguer la vie privée d’autrui. Il en est de même du secret public, par exemple, le secret de la défense nationale, les tractations diplomatiques… 14h5. Quatre longues heures ont suffi au Comité de gestion de l’Ifasic de rendre, de son vivant, tous les hommages mérités au professeur émérite Paul Malembe Tamandiak pour sa contribution exceptionnelle au secteur des médias, du journalisme et de la communication en RDC, pour son œuvre monumentale qu’il a accomplie, en tant que journaliste, rédacteur en chef, consultant, indépendant, enseignant, chercheur et autorité académique. Une cérémonie que l’orchestre de l’Institut national des arts (Ina) va aider à égayer de temps en temps avec des intermèdes musicaux attrayants. Une seule fausse note : pour une manifestation des communicateurs, la sonorisation n’a pas répondu suffisamment à l’attente.

jeudi 22 novembre 2012

Francophonie : Cette maman qui a voulu qu’on « coupasse » l’enfant…

Cette maman qui a voulu qu’on « coupasse » l’enfant… A première vue, une telle phrase avec le verbe « coupasse » qui résonne agréablement aux oreilles de non-avertis, paraitrait impeccable. Et pourtant, un mot mal construit est venu la (phrase) pourrir, la rendant très puante. C’est le verbe « coupasse » mal conjugué ! La phrase a été prononcée un certain vendredi 14 novembre par un confrère au cours d’une rencontre entre les partis politiques, la Céni et la Société civile au Centre culturel Boboto à la Gombe. « Coupasse » est le verbe « couper » que le journaliste a mal conjugué à l’imparfait du subjonctif. Il a fallu l’entendre prononcer ce verbe : il avait cru avoir séduit l’auditoire en mettant beaucoup d’emphase en prononçant « coupasse » ! Il n’a pu séduire que les distraits ! Revenons au verbe lui-même pour dire qu’un verbe du premier grouper (er) comme « couper », se conjugue à l’imparfait du subjonctif comme suit: que je coupasse, que tu coupasses, qu’il coupât, que nous coupassions, que vous coupassiez, qu’ils coupassent. Aux lecteurs avertis d’éviter de telles exhibitions de langage qui conduisent immanquablement dans ce genre de ridicule ! Kléber Kungu

La coalition FARDC-Maï-Maï/APCLS repousse le M23 à Sake

Après la chute de Goma La coalition FARDC-Maï-Maï/APCLS repousse le M23 à Sake Au terme de plus de 3 heures de combats intenses, les rebelles du M23 ont été repoussés de la localité de Sake par la coalition FARDC-Maï-Maï/ APCLS (l’Alliance des Patriotes pour un Congo libre et souverain) qui a lancé une offensive aux environs de 14 heures. La coalition serait venue du côté de Kirotshe au sud-ouest de Sake. Les rebelles avaient déjà occupé cette localité mercredi 21 novembre après la chute de Goma. Le M23 s’est retiré en partie de la cité de Sake, à 27 kilomètres de Goma au Nord-Kivu. Des explosions d'obus de mortiers étaient entendues et des panaches de fumée s'élevaient à proximité de la ville où des échanges de tirs prolongés ont provoqué la fuite de plusieurs milliers d'habitants et où le mouvement a acheminé des renforts. Les habitants de Sake ont commencé déjà à quitter la ville de Sake depuis le début d’après-midi. Une bonne partie de la population avait déjà quitté la cité peu avant son occupation mercredi vers 11 heures par le M23. Ils fuyaient des combats entre le M23 et la coalition FARDC et les Maï-Maï de l’Alliance des Patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS). Certains se dirigent vers Goma alors que d’autres sont partis vers Minova au Sud-Kivu. Les rebelles du M23 occupent la cité de Sake depuis mercredi 21 novembre d’où l’armée congolaise s’était retirée pendant la nuit. A leur arrivée, les rebelles ont repoussé des combattants Maï-Maï au moment où ils arrivaient au niveau des collines surplombant la cité de Sake. Dans la cité, cependant, ils n’ont tiré aucun coup de feu, n’ayant rencontré aucune résistance. Selon des sources sur place à Sake, après l’échange de tirs avec le M23, les Maï-Maï ont battu en retraite vers le sud. Les habitants de Sake, restés sur place, ont observé dans le calme l’installation du M23 dans leur cité, où toutes les activités socio-économiques étaient paralysées. La localité de Sake se trouve sur la route stratégique menant à Bukavu, l’une des villes dans le collimateur des hommes de Sultani Makenga, en longeant la rive congolaise du lac Kivu. Les présidents congolais, Joseph Kabila, ougandais Yoweri Museveni et rwandais Paul Kagame ont exigé du M23 l’arrêt immédiat de son offensive et son retrait de Goma. Jeudi, avant d’être appelé à Kampala, le président du Mouvement du 23 mars (M23), Jean-Marie Runiga Lugerero a posé comme préalable à tout retrait du M23 de Goma de dialoguer avec le président Kabila. Les rebelles ont rejeté l’appel de trois chefs d’Etat rwandais Paul Kagamé, congolais Joseph Kabila et ougandaisYoweri Museveni Kaghuta, médiateur du conflit entre la RDC et le Rwanda, exigeant leur retrait de Goma. Ils ont plutôt affirmé se défendre et continuer à avancer jusqu’à Kinshasa, en passant par Bukavu, Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale pour « libérer » toute la RDC. Auparavant, le président du M23 avait déclaré qu'il fallait "d'abord dialoguer avec le président Kabila", avant d'envisager tout retrait de Goma. Il a exigé de « se mettre autour d'une table avec la société civile, la diaspora, l'opposition, le gouvernement » pour « qu'on puisse parler de tous les problèmes des Congolais… » L’appel de trois chefs d’Etat dont les pays sont membres de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) est intervenu après celui du Conseil de sécurité des Nations unies. Le président du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero, a été appelé d’urgence à Kampala pour aller discuter avec le président Yoweri Museveni. Le numéro un M23 devait tenir une conférence de presse dans un hôtel de Goma dans l'après-midi. Il a ajouté que les rebelles, renforcés par des transfuges de l'armée congolaise, étaient "tout à fait" capables de conserver le contrôle de Goma, arguant qu’ils disposent avant tout d’une armée disciplinée et (…) les soldats des FARDC qui se sont ralliés » à eux. Sur un ton orgueilleux, Jean-Marie Runiga a ajouté que l'Ouganda et le Rwanda n'avaient aucun droit à poser quelque exigence que ce soit à son mouvement. Un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs, consacré à la situation en RDC se tiendra samedi à Kampala, en présence notamment des présidents Kagame et Kabila, ont annoncé jeudi des sources officielles. Avec les hauts faits de Sake à l’actif de la coalition FARDC- Maï-Maï/ APCLS, peut-on parler d’une reprise de la situation par l’armée congolaise ? Au stade actuel des événements, il n’est pas encore question de pavoiser et de crier victoire. L’ennemi est si rusé et les causes à la base de la démobilisation des troupes congolaises étant encore ce qu’elles sont, nous devons redouter une contre offensive de grande envergure des rebelles du M23, dont les rangs ont été renforcés par 2 100 militaires des FARDC et de 700 policiers qui ont défection mercredi 21 novembre, capable de faire balancer les choses en leur faveur. Les Maï-Maï, dans leur diversité, se sont révélé de grands combattants qui ont fait preuve d’une combattivité exemplaire lors des guerres précédentes. Malheureusement, la Nation n’a pas su les remercier pour tous les services de bravoure et de patriotisme que ces guerriers ne cessent de lui rendre. Il est donc temps de corriger cette imprudence et de ne plus y revenir. Kléber Kungu

Le prix de la « libération » : Les habitants de Goma en détresse

Le prix de la « libération » : Les habitants de Goma en détresse Deux jours après la chute de Goma et de son aéroport, les Gomatraciens sont en train de vivre la réalité d’une autre « libération » : pas de courant électrique, pas d’eau, pas de nourriture, des cas d’enlèvements d’hommes et d’enfants, de viols des femmes, des morts… La chute de Goma a apporté de la merde aux habitants de Goma qui sont en train de passer de moments très difficiles, marqués par l’absence de courant électrique, d’eau potable, des enlèvements d’hommes et d’enfants, de viols de femmes, des morts qui jonchent les rues. La ville est privée d'eau potable, du fait de coupures d'électricité empêchant notamment des pompes de fonctionner normalement. Pour une ville qui compte environ 300.000 habitants et des dizaines de milliers de réfugiés alentours, Goma doit se contenter de l’eau du lac Kivu, considérée comme insalubre en raison d'émanation permanente de gaz méthane à la surface. Dans l'ouest de la ville, des lignes à haute tension avaient été détruites mardi à la mi-journée, du fait des combats qui s’y sont déroulés.. Mercredi 21 novembre, des habitants de Goma se plaignaient de n’avoir plus à manger après la chute de la ville. A en croire l’un d’eux, la ville manque de tout, surtout les denrées de première nécessité. Ainsi l’un de nos amis nous a déclaré, les larmes aux yeux, que mercredi 21 novembre,sa famille et lui se sont contentés de se nourrir des cossettes de fufu, comme cela s’était passé à Kinshasa en 1998 lorsque des rebelles rwandais avaient tenté de s’emparer de la capitale congolaise. Rareté de produits vivriers sur le marché Les activités socio-économiques reprennent progressivement dans la ville de Goma, occupée depuis trois jours par les rebelles du M23. Sur les marchés du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, certains produits vivriers commencent à se raréfier, entrainant une hausse de leurs prix. De leur côté, les responsables du M23 ont appelé jeudi 22 novembre les opérateurs économiques, les services publics et les banques à reprendre leur service. Au poste frontalier dit « petite barrière », entre Goma et la ville rwandaise de Gisenyi, une longue file de petits commerçants attendaient jeudi matin d’obtenir le laissez-passer pour aller s’approvisionner en produits vivriers de première nécessité au Rwanda. Il s’agit entre autres de tomates, de poireaux, de pommes de terre et de bananes plantains. Depuis le début des affrontements dans la région de Goma, il y a une semaine, ces produits vivriers se sont raréfiés sur le marché, et leurs prix continuent à prendre de l’ascenseur. Au centre commercial de Biréré, tout comme au marché central, la majorité des commerces ont à nouveau ouvert. Le président des boutiquiers déplore néanmoins que deux boutiques aient été forcées et pillées lors des affrontements de lundi et mardi derniers. Ce jeudi matin, le département de communication du M23 a réuni les agents de la territoriale, les opérateurs économiques, les banquiers et les régies financières de l’Etat pour leur demander de reprendre immédiatement du service. La chute de Sake, village situé à 27 km de Goma, a également provoqué pratiquement les mêmes scènes de désolation qu’à Goma, avec de nombreux cadavres de militaires, des voitures brûlées et un char abandonné, des cas de viols à l’actif des rebelles du M23. La faim commençant à s’installer dans le village, un sentiment d'abandon submerge la population, dont les besoins en vivres, bâches et soins médicaux se font pressants. Mercredi, aucune organisation non gouvernementale n'était encore arrivée dans la zone touchée par les combats. En fin d'après-midi, des camions de la Croix-Rouge évacuaient enfin les corps restés sur place depuis plus de 24 heures. Des dizaines de milliers de personnes, réfugiées dans le camp de Mugunga à la périphérie de Goma, dorment dehors à même le sol rocheux, exposées au déluge qui s'abat chaque soir sur le Nord-Kivu en pleine saison des pluies. Pour nombre d'entre eux, c'est le deuxième déplacement en moins de quatre mois. Du côté des humanitaires, la guerre est venue compliquer leur travail, celui d’aider des Congolais à trouver de quoi vivre en attendant que leurs conditions de vie s’améliorent. «Nous avions investi dans le site de Kanyaruchinya qui a été évacué dimanche, et nous devons maintenant repartir de zéro à Mugunga. Cela prend du temps et coûte cher, et pendant ce temps les déplacés ont besoin d'aide», explique Tariq Riebl, le coordinateur humanitaire d'Oxfam. Kléber Kungu

La Force neutre internationale encore nécessaire ?

La Force neutre internationale encore nécessaire ? La chute de la ville de Goma et de l’aéroport international de cette ville entre les mains des rebelles du M23 depuis mardi 20 novembre viennent de relancer la cruciale question sur la nécessité ou non tomber entre les mains des rebelles du M23 depuis mardi 20 novembre. En présence des casques bleus de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), en dépit, rapporte-t-on, de l’intervention ses hélicoptères. Cela dit, la Force neutre internationale, dont les Congolais attendent le déploiement avec beaucoup d’impatience, est-elle toujours (encore) nécessaire ? La Force neutre internationale encore nécessaire ? Cette question reste collée sur les lèvres de ceux des Congolais avertis. D’autant plus qu’ils estiment que le retard pris par les pays membres de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) pour décider du déploiement de cette Force reste sujet à questionnement. L’idée du déploiement de la Force neutre internationale est née lorsque les Rwandais ont pondu les rebelles du M23. Les affrontements armés qui se sont ensuivis ont poussé les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de la CIRGL de décider de la création d’une Force neutre devant être déploiement à la frontière entre la RDC et le Rwanda. L’objectif étant de lutter contre toutes les forces négatives, dont le M23, qui pullulent dans cette région (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Province Orientale). Depuis le 9 septembre, quatre sommets ont été organisés à Kampala, capitale de l’Ouganda, pour explorer des voies et moyens de mettre fin à la guerre d’agression de la RDC par le Rwanda, via les rebelles M23. Mais en dépit de toutes ces réunions, aucune avancée significative n’a été obtenue quant à la mise en place de cette Force tant attendue par les Congolais, surtout ceux vivant dans les provinces les plus touchées par l’activisme des groupes armés. Deux mois plus tard, la Force neutre tant attendue se fait toujours attendre même le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, avait déclaré le 6 novembre, à l’issue de son entretien à Kinshasa avec la sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires politiques, Wendy Sherman, que la Force neutre serait opérationnelle dans quelques semaines. Et face à la précipitation des événements sur le terrain, il y a lieu de beaucoup douter sur la naissance de cette Force. D’autant plus que l’importance de la dernière sortie bruyamment médiatique du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui, après avoir remis en cause l’efficacité des Casques bleus de la Mission d’observation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), a préconisé la révision de son mandat, ne doagit jamais échapper à l’analyse des observateurs avisés du paysage politique de la RDC. Mais, plus, c’est la déclaration de son collègue belge, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui doit interpeller profondément tout esprit illuminé et avisé. Quelle substance convient-il de tirer de la déclaration de Didier Reynders qui, après avoir fustigé d’un ton ferme la mission de l'Onu en RDC, a appelé au renforcement de l’action des Casques bleus de la force onusienne, après avoir constaté « un double d’échec », en reconnaissant qu’on ne leur a pas donné « de moyens suffisants », notamment pour mener des "missions offensives lorsque des rebelles se lancent comme ça dans des opérations". Mais Didier Reynders a été plus explicite quant à l’ « avenir » de cette Force qui tarde à être mise en place. Lorsqu’il déclare que la Monusco, "c’est la plus grande opération des Nations unies dans le monde: 17.000 hommes, en se demandant comment une telle Force ne soit pas arrivée à arrêter une rébellion et que, par conséquent, il faut la renforcer de quelque 2 000 hommes en révisant son mandat, mais que ces renforts devront être fournis par les pays de la région car "les Européens ne souhaitent pas aujourd’hui envoyer des troupes européennes au combat", cela voulait tout simplement dire qu’il faut mettre une croix à l’idée de pondre une autre force, neutre et internationale puisse-t-elle se prévaloir, en dehors de celle déjà existante, c’est-à-dire la Monusco. Si la proposition de la Belgique mérite d’être soutenue, elle appelle cependant quelques observations. Il ne suffit pas seulement de proposer, mais d’être réaliste en aidant à la concrétisation d’un tel projet. Car, si l’on tient à venir en aide à un pays agressé, le soutien à lui apporter doit se concrétiser avec des actions concrètes de nature à l’aider à recouvrer l’intégrité de son territoire. On doit rappeler que le financement, en dehors de l’approvisionnement de la Force neutre en hommes, reste le problème clé qui retarde notamment sa naissance. Donc, si la Monusco venait à être renforcée en hommes, il appartiendrait aux pays donateurs de mettre la main à la poche pour lui permettre de fonctionner normalement. Parfois, et le plus souvent, c’est le handicap majeur à la concrétisation d’un tel projet. Donc, la CIRGL n’aura plus besoin de cette Force dans sa forme initiale telle que concoctée par ses initiateurs. Beaucoup de temps a écoulé depuis le lancement de l’idée de mettre en place une Force neutre à déployer à la frontière entre la RDC et le Rwanda, sans qu’on espère qu’elle verra jour. L’évolution rapide ces jours-ci des événements au Nord-Kivu avec la chute de Goma et son aéroport et l’option politique en vue, est telle que, l’option militaire ayant montré ses limites, la naissance de la Force neutre peut encore attendre. Et même mourir dans l’œuf. Kléber Kungu

mercredi 21 novembre 2012

« Tournage ou tour ? »

« Tournage ou tour ? » Mabele Elisi est décédé. Un des membres de son staff ou son porte-parole donne ce jour-là le programme de ses funérailles sur la chaîne de télévision Congo Web presqu’en ces termes, en lingala : « Nzoto ya président soki ebimi na morgue ya hôpital Ngaliema ekosala tournage na ville avant ekende na ndako naye » (A sa levée de la morgue de l’hôpital Ngaliema, le corps du Président [Mabele Elisi, NDLR] effectuera un tournage au centre-ville avant d’atteindre son domicile). En attendant le mot « tournage », je me suis demandé si le groupe comptait réaliser le tournage d’un film pour immortaliser ce chanteur traditionnel. Que non. Le porte-parole, friand d’une langue farcie de pièges, voulait tout simplement dire qu’on ferait faire un petit tour au centre-ville au corps du défunt. Question de lui rendre les derniers hommages. Kléber Kungu

Chute de Goma : faudra-t-il condamner la Monusco ?

Chute de Goma : faudra-t-il condamner la Monusco ? La chute mardi 20 novembre de la ville de Goma, que les Congolais disaient ne vouloir pas à tout prix voir tomber, des condamnations ont fusé de partout contre les Casques bleus de la Mission de l’observation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) en les accusant de n’avoir rien fait sinon observer attentivement la chute de Goma et l’entrée de nouveaux maîtres de cette ville. Comme si les casques bleus ont mission de se substituer aux FARDC. La réalité est que les soldats de la Monusco n'ont pas pu intervenir car leur mandat ne leur permet pas. Et lorsqu’un porte-parole de l’Onu, Eduardo del Buey, a expliqué que les 1 500 Casques bleus déployés à Goma n'avaient pas fait feu pour éviter des affrontements avec les rebelles, et noté que les soldats de la Monusco "ne peuvent pas se substituer aux forces nationales", allez-y comprendre quelque !. La guerre du Nord-Kivu a commencé il y a plus de quatre mois. Les cris de la population du Nord-Kivu et les appels des Congolais dans leur ensemble pour que l’intervention des Casques bleus soit plus efficace que d’ordinaire, n’ont malheureusement pas trouvé d’écho favorable. Il a fallu que Goma tombe pour qu’une sorte de remue-ménage de dernière minute gagne la communauté internationale. Question d’essayer de sauver les meubles de la maison congolaise qui se consumaient. Pour preuve, mercredi 21 novembre, le Conseil de sécurité de l'Onu s’est penché sur un redéploiement de ses 19 000 soldats de la paix présents sur le sol congolais. Il est même envisagé l’envoi des "forces supplémentaires". Comme pour se « racheter », dans la nuit de mardi à mercredi, le Conseil de sécurité des Nations unies ont adopté à l'unanimité des sanctions ciblées contre des responsables du M23, à savoir une interdiction de visa et un gel de leurs avoirs, citant les noms de deux chefs des rebelles, Innocent Kaina et Baudouin Ngaryu. Elles ont également exhorté les rebelles à se retirer de Goma et à déposer les armes. Le Conseil a également appelé à la fin de toute aide extérieure, sans mentionner les accusations du gouvernement congolais contre le Rwanda et, dans une moindre mesure, l'Ouganda. Des condamnations, des sanctions qui n’apportent rien C’est la France qui a donné le ton la veille, après la chute de Goma. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, elle a estimé que le mandat de la mission onusienne en RDC était "à revoir", jugeant "absurde, pour employer un mot poli" que les Casques bleus n'aient pas pu se battre aux côtés de l'armée régulière pour empêcher "quelques centaines d'hommes" de s'emparer de la métropole de plus d'un million d'habitants. "Il faut se poser la question de l'efficacité de la Monusco", a insisté Laurent Fabius. A la suite de toutes ces déclarations protocolaires, qui n’apportent rien de nouveau à ce qui se fait et se dit lorsque, sous d’autres cieux, de tels événements se produisent, une avalanche de condamnations ont fusé de partout, appuyées par des messages de soutien aux populations du Nord-Kivu. Au nombre desquelles, la « déclaration de soutien au peuple de l’Est du Congo » de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, James F. Entwistle, qui, « au nom du peuple américain » a exprimé son « soutien à la population vivant dans l'est de la RDC, et tout spécialement aux habitants de Goma. A l'heure où nous continuons, avec les autres amis du Congo, à œuvrer à tous les niveaux afin de mettre un terme à cette crise, nous vous dédions nos pensées et nos prières. » L’ambassadeur américain en RDC termine sa déclaration de soutien en invitant « mettre un terme à son avancée et se retirer de cette ville » et à « tous ceux qui soutiennent ce groupe armé » d’ « immédiatement cesser de le faire ». Le Japon n’est pas resté silencieux. Par la déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères sur la situation en RDC, dont L’Observateur a obtenu copie, le Japon a exprimé profondément son inquiétude sur la détérioration rapide de la sécurité et de la situation humanitaire dans l’Est de la RDC. Comme les Etats-Unis d’Amérique, le gouvernement japonais « appelle le Mouvement du 23 mars (M23) à cesser immédiatement ses activités militaires », tout demandant aux personnes ayant « de l’influence dans cette région » de poursuivre « leurs efforts pour jouer un rôle constructif dans le but d’instaurer la cessation des hostilités et de mettre un terme à la crise actuelle par un moyen pacifique ». Dans aucune de ces déclarations, il n’est fait mention des sanctions qui pourraient être brandies au cas où les rebelles du M23 s’entêtaient à ne pas déposer les armes ni quels moyens ces pays étaient prêts à mettre à la disposition de la RDC pour l’aider à chasser les agresseurs de son territoire. Didier Reynders fustige la mission de l'ONU C’est du côté des Belges que le ton est plus ferme, surtout à l’endroit des Casques bleus de l’Onu. Pour le vice-Premier belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, il s'agit d'"un double constat d’échec. On n’a pas doté cette Monusco des moyens suffisants." Comme le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, Didier Reynders a appelé à un "renforcement" de l'action de la mission de l'Onu face à l'avancée des rebelles du M23 dans l'est de la RDC. Et de s’interroger : la force des Nations unies au Congo (Monusco), "c’est la plus grande opération des Nations unies dans le monde: 17.000 hommes! Comment se fait-il qu’on n’arrive pas à arrêter une rébellion?" La réponse ? Il s'agit d'"un double constat d’échec (...) [Car] on n’a pas doté cette Monusco des moyens suffisants", notamment pour mener des "missions offensives lorsque des rebelles se lancent comme ça dans des opérations". Le mandat de la Monusco ne se limitant qu’à la protection des civils. Il préconise qu’"Il faut renforcer ce mandat. Je l’ai demandé au niveau européen et la France va porter ce message aux Nations unies", a précisé Didier Reynders, en évoquant également la possibilité d'"augmenter le nombre d’hommes" de 2.000 comme le permet le mandat. Lorsque Didier Reynders déclare qu’il faut renforcer la Monusco, mais que ces renforts devront être fournis par les pays de la région car "les Européens ne souhaitent pas aujourd’hui envoyer des troupes européennes au combat", il y a de réfléchir profondément et de tirer des leçons d’une telle déclaration. Didier Reynders a également appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à "se prononcer" sur la question de l'implication du Rwanda dans la situation. "Il faut condamner tout soutien extérieur et donc demander au Rwanda si, comme il le dit, il n’est pas partie au problème, de devenir une partie de la solution". La Monusco a affirmé mercredi qu'elle restait "engagée" à Goma, la grande ville du Nord Ce qui veut dire tout simplement que la RDC et ses dirigeants sont mis devant leurs responsabilités face à cette agression. Qu’il s’agisse de la Monusco ou de la communauté internationale, leur aide n’a de poids que lorsque les efforts locaux s’avèrent efficaces. Pour le cas d’espèces, nous ne cesserons de le dire et répéter. La RDC qui vient de subir un revers honteux, une humiliation que ses fils et filles auront de la peine à effacer de leur mémoire, ne relèvera la tête que lorsqu’elle disposera d’une armée forte, discipline, républicaine, bien rémunérée. La force onusienne, créée sur résolution du Conseil de sécurité en 2010, sur laquelle les Congolais comptent, est composée de quelque 19 000 soldats (17 000), policiers (1 400) et observateurs militaires (700). Son mandat donne la priorité à la protection des civils mais la Monusco doit également soutenir "l'action du gouvernement visant à lutter contre l'impunité et à protéger les civils contre les violations du droit international humanitaire et des droits de l'Homme, en particulier toute forme de violence sexuelle et sexiste". Elle est par ailleurs chargée de "surveiller l'application de l'embargo sur les armes et de saisir ou récupérer toute arme ou matériel connexe dont la présence dans le pays serait une violation de cette l'interdiction". Rien dans ce mandat ne l’autorise à combattre aux côtés des FARDC. Au stade actuel des choses, il est absurde de continuer à condamner cette Force, si forte en hommes soit-elle. Son mandat n’étant pas celui que les Congolais veulent qu’il soit, rien répondant aux aspirations des Congolais ne sera obtenu, tant que ce mandat ne sera pas changé. Les pays qui ont compris que les choses marchent ainsi chez les Casques bleus, se débrouillent comme des grands hommes face à une adversité. Il est temps que les Congolais arrivent à le comprendre une fois pour toutes. Que les Congolais se mettent vraiment au travail qui construit solidement une nation forte. Qu’ils mettent momentanément au placard les ndombolo qui n’ont pour effet que la distraction, d’autant plus que ceux qui doivent se trouver à l’avant-plan d’un tel travail se complaisent beaucoup à devenir des héros des chanteurs congolais. Pendant ce temps, nos voisins agresseurs peaufinent quotidiennement et nuitamment des stratégies d’agression. C’est au grand jour que nous qui adorons le ndombolo nous nous rendons à l’évidence de la réalité. Kléber Kungu

Après Goma, quelle ville ?

Guerre au Nord-Kivu Après Goma, quelle ville ? Entre temps, on parle de la défection de…2 100 militaires des FARDC et 700 policiers qui ont rejoint les rangs du M23 Ce qui se passe (s’est passé) à Goma, doit pousser les Congolais à se réveiller. L’objectif des rebelles du M23 n’est pas seulement Goma. L’appétit venant en mangeant, les conquérants de Goma commencent à afficher leur agenda au grand jour. Après Goma, ils envisagent de se lancer à l’assaut de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, où, selon certaines sources, le sentiment anti-M23 est loin d’être visible. A en croire l’agence Sipa, le M23 ambitionne de prendre, in fine, Kinshasa, en passant par Kisangani. Entre temps, la même source parle de la défection de…2 100 militaires des FARDC et 700 policiers qui ont rejoint les rangs du M23 lors d’un rassemblement organisé mardi 21 novembre par les nouveaux maîtres de Goma au stade de cette ville. Ce qui doit faire réfléchir les Congolais qui continuent à se plaindre de ce qui s’est passé à Goma, condamnant la communauté internationale, les casques bleus de la Monusco pour n’avoir pas empêché les rebelles du M23 de prendre Goma. Après la chute du chef-lieu du Nord-Kivu, plus de 2 100 militaires de l’armée régulière et 700 et policiers de Goma ont préféré rejoindre les rangs des rebelles du M23 après avoir déposé leurs armes et munitions dans le stade de Goma lors d'une manifestation organisée par les rebelles à leur arrivée à Goma, alors que le groupe vise désormais le contrôle de toute la République démocratique du Congo (RDC), y compris la capitale, Kinshasa. Pendant ce temps, le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais, Paul Kagamé, se rencontraient en Ouganda pour chercher une solution. Objectif : Kinshasa Au cours de cette manifestée organisée devant une foule en liesse, selon la même source, les affidés du Rwanda ont affiché au grand jour leur agenda, celui de prendre également Kinshasa. "Nous allons maintenant sur Kinshasa. Personne ne divisera ce pays", a lancé le colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23, devant une foule en liesse. Il a également annoncé que les troupes rebelles se dirigeaient sur Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, tout en affirmant avoir également pris la ville de Sake, à 17km de Goma. A Bukavu, des habitants manifestaient contre le gouvernement de Kinshasa en soutien aux rebelles, ont témoigné par téléphone des résidents. Pour ceux qui ont la mémoire courte, nous rappelons que petit à petit, les rebelles du M23 sont en train de mettre en exécution le même scenario de conquête que celui de feu Laurent-Désiré Kabila lors de sa conquête du pouvoir. A la seule différence que le M23 n’a affiché son agenda qu’après la chute de Goma, estimant certainement que la conquête de cette ville n’a pas posé beaucoup de problèmes. Qui oublie que les troupes de Mzee Kabila étaient accueillies avec allégresse par les habitants d’une ville peu après sa chute ? Et comme des fruits mûrs, les villes congolaises, pardon zaïroises à l’époque, tombaient calmement entre les éléments de l’AFDL, même celles pour lesquelles le régime de Mobutu déclarait fermement qu’elles ne tomberaient pas. Faudra-t-il négocier ? Alors faudra-t-il négocier finalement négocier avec ceux que le Rwanda se défend de soutenir ? La question vaut tout son pesant d’or, d’autant plus qu’il faut éviter de tomber dans l’orgueil qui avait, à l’époque, aveuglé Mobutu Sese Seko. Pour cela, le moment est venu de mettre tout en œuvre pour que les velléités mégalomanes des rebelles s’arrêtent net. Que faire alors ? Réarmer au plus vite le moral des troupes en évitant qu’il soit tard avant de le faire. Que le nombre de ceux qui ont fait allégeance aux rebelles à Goma ne s’élargisse pas. Au placard, les jérémiades quotidiennes soutenues par des accusations et des condamnations verbales contre le Rwanda, la communauté internationale dans toute sa diversité pour son attentisme, les casques bleus de la Monusco pour leur inefficacité. Le plus important et le plus urgent à faire est d’éviter de compter beaucoup et surtout sur l’aide extérieure tout négligeant nos forces comme si nous n’en avions aucune. C’est cette attitude d’attentisme qui est, en grande partie, à la base de la chute de Goma, excepté, bien entendu, les conséquences de la traitrise dans les rangs. A supposer qu’en faveur d’un sursaut national et patriotique, les choses n’arrivent à évoluer jusqu’à Kinshasa, les hommes de Sultani Makenga vont seulement exhumer un vieux rêve : la République du Kivu uni, qui a toujours caressé les hommes qui bénéficient le soutien de Kigali… Dans l’entre temps, les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagamé se sont entretenus en urgence en Ouganda sous la médiation de l’Ougandais Yoweri Museveni – dont le pays a été accusé, avec le Rwanda, de soutenir en troupes, en armes et en munitions les rebelles du M23 - pour évoquer les tensions grandissantes entre Kinshasa et Kigali au sujet du M23, après la chute de Goma mardi 20 novembre. Après avoir été reçu séparément par le médiateur ougandais, les deux présidents devaient poursuivre les discussions en tête-à-tête mercredi 21 novembre. Notre sens de prophétie nous avait poussé à prédire, en septembre, que la communauté internationale était dans la logique des négociations. Aujourd’hui, le développement des événements est tel que Kinshasa a du mal à rester dans la logique de non-négociations directes avec les tombeurs de Goma et de son aéroport. Aujourd’hui, après la chute de Goma et de son aéroport, les rebelles du M23 réclament de Kinshasa de se retrouver autour de la table des négociations directes. Tout porte à croire que demain, si Kinshasa continue à pleurnicher en accusant le Rwanda de soutenir le M23, d’autres villes vont tomber entre les mains des hommes Sultani Makenga, à commencer par Bukavu. Alors ils vont placer la barre très haut dans leurs revendications. La défection de 2 100 militaires des FARDC et de 700 policiers de Goma est une occasion rêvée pour les autorités de Kigali d’accréditer la thèse selon laquelle la guerre au Nord-Kivu est un problème congolo-congolais. Battant ainsi en brèche toutes les allégations les accusant de soutenir les hommes de Sultani Makenga. C’est qui est pourtant loin d’être la vérité. De quoi sera fait demain ou le lendemain ? D’autres surprises désagréables pour les Congolais dont le pays est visiblement agressé. Kléber Kungu

mardi 20 novembre 2012

Francophonie : Flagrant délit … ?

Flagrant délit … ? « Le mari X a attrapé sa femme en flagrant délit ». Plusieurs personnes s’expriment de cette façon, sans se rendre compte qu’elles s’arrêtent à mi-chemin, suscitant ainsi plusieurs questions. Puisque la locution nominale « flagrant délit », qui signifie une infraction qui est en train de se commettre ou qui vient de se commettre sous les yeux de la personne qui le constate, ne peut pas s’arrêter à ces deux mots seuls et donner tout le sens, il y a lieu d’expliquer de quel délit il peut s’agir. L’expression veut dire « la main dans le sac ». Ainsi lorsqu’on dit « Le mari X a attrapé sa femme en flagrant délit », l’idée est loin de dire explicitement ce qu’on souhaite apprendre. C’est qu’il manque quelque chose : « en flagrant délit de quoi ? D’adultère, par exemple. Donc, il faut dire « Le mari X a attrapé sa femme en flagrant délit d’adultère». Comme on pourrait dire, le malfrat a été attrapé en flagrant délit de vol. Kléber Kungu

L’Unicef inquiète de la protection et de la situation humanitaire des civils

Affrontements au Nord-Kivu L’Unicef inquiète de la protection et de la situation humanitaire des civils L’Unicef se dit inquiète de la protection des civils et réponses humanitaires fortement menacées par l’escalade critique de la violence armée dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Cette situation, qui s’étend à la province voisine, le Sud-Kivu, pousse de nombreuses organisations humanitaires à réduire ou à suspendre leur aide, privant ainsi des milliers de personnes vulnérables de cette assistance dont elles ont grandement besoin. Des dizaines de milliers de personnes, qui avaient déjà eu à fuir leurs habitations au Nord-Kivu, ont été contraintes de se déplacer à nouveau suite aux violents affrontements qui se déroulent depuis le 15 novembre entre l’armée nationale et des rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) autour de la ville de Goma, selon un communiqué de l’Unicef dont L’Observateur a obtenu copie. Cette dégradation de la situation sécuritaire qui s’étend à la province voisine du Sud-Kivu, menace la vie des milliers de personnes et a conduit à la suspension ou à la réduction des activités de nombreuses organisations humanitaires, privant des milliers de personnes vulnérables de l’assistance humanitaire dont elles ont grandement besoin. Au Nord-Kivu, le camp de Kanyaruchinya, situé environ 10 km de la ville de Goma et qui abritait plus de 60 000 personnes, s’est vidé en quelques heures de toute sa population. Plus de 20 000 personnes vivant dans la cité abritant le camp ont également déserté leurs maisons. La persistance des affrontements autour de Goma, où se serait dirigé la majorité d’entre elles, entrave de façon significative la réponse humanitaire. La province du Sud-Kivu vit également une situation délétère depuis la mi-octobre marquée par des affrontements répétés entre groupes armés ou entre groupes armés et l’armée congolaise. Des dizaines de villages ont été attaqués ces dernières semaines, plus de 300 habitations détruites ou brûlées, poussant plus de 30 000 personnes à fuir leurs habitations. Les violences actuelles, principalement dans les territoires de Kalehe et de Shabunda, auraient entraîné la mort de plus de 160 personnes ces 10 derniers jours et des graves violations des droits humains. Des tensions intercommunautaires récurrentes viennent aggraver la situation. « Je suis profondément préoccupée par la situation dans les provinces de Kivu qui traversent une grave crise de protection, faisant des milliers de victimes innocentes. Des milliers de familles se retrouvent une fois de plus dans le désarroi. Un grand nombre a reçu l’aide des familles d’accueil, mais des milliers d’autres dépendent de l’assistance internationale. Si rien n’est fait pour stopper l’escalade actuelle de la violence et apporter l’assistance nécessaire, la vie et la dignité de toutes ces personnes seraient sérieusement menacées», a déclaré mardi 20 novembre Barbara Shenstone, la Représentante du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) en RDC. Au Nord-Kivu, les évaluations qui devaient avoir lieu le 19 novembre ont été suspendues suite à la reprise des combats autour de Goma, retardant ainsi l’assistance aux personnes ayant trouvé refuge dans les sites désignés pour répondre à cette dernière crise. Au Sud-Kivu, les travailleurs humanitaires bravent aussi l’insécurité pour apporter de l’aide à des milliers de victimes des affrontements armés. Depuis le début de l’année, près de 170 incidents sécuritaires contre les travailleurs humanitaires ont été enregistrés dans ces deux provinces. La communauté humanitaire réclame un accès sans entrave aux populations, appelant les autorités congolaises – premiers responsables de la protection des civils – à une implication plus efficace dans la protection des civils et des travailleurs humanitaires. Les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu abritent 1,6 million de personnes déplacées, soit 67% de la population déplacée interne de la RDC estimée à 2,4 millions de personnes. Environ 285 000 personnes se sont déplacées dans ces deux provinces entre juillet et septembre 2012. Pour faire face à une situation humanitaire en dégradation, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu lançaient, il y a quelques semaines, des appels de fond respectivement pour 9 millions et 4,6 millions de dollars afin de venir urgemment en aide à plus 2,9 millions de personnes dont des déplacés et des familles d’accueil. La détérioration actuelle de la situation risque d’aggraver davantage cet important déficit financier que les humanitaires ont déjà du mal à combler. Barbara Shenstone a exprimé son inquiétude sur la dégradation de la situation humanitaire. « Cette dégradation est intenable, aussi bien pour les populations congolaises que pour la communauté humanitaire. Sans un arrêt immédiat des violences, des milliers de personnes vont en souffrir », a-t-elle dit, ajoutant que « les violences doivent cesser pour sauver des vies et apporter de l’assistance aux victimes. Les humanitaires restent à Goma et ses environs pour apporter la protection aux civils, mais ils ont besoin d’un accès libre et sans entrave aux populations vulnérables». Kléber Kungu

Goma et son aéroport entre les mains du M23

Guerre au Nord-Kivu Goma et son aéroport entre les mains du M23 Selon plusieurs sources, la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu et son aéroport sont tombés depuis mardi 20 novembre entre les mains des rebelles du M23 appuyés par des forces rwandaises qui auraient traversé la frontière en provenance de Gisenyi. Ce, après une résistance farouche des FARDC marquée par des combats ponctués de tirs nourris d’artillerie qui ont marqué. Une première depuis la conquête de cette ville stratégique aux mains de rebelles soutenus par le Rwanda en 1998. Donc, en dépit de tous les appels de la communauté internationale demandant aux rebelles de cesser les hostilités et toutes les menaces des Nations unies de prendre de nouvelles sanctions contre eux, les affidés du Rwanda n’ont pas hésité à défier les Nations unies. Les combats ont repris mardi à l'aube à l'issue d'un ultimatum lancé par les rebelles à Kinshasa, exigeant la "démilitarisation" de la ville et l'ouverture de négociations. Les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont affirmé mardi s'être emparés de l'aéroport de Goma dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), ajoutant qu'ils entraient dans la ville. C’est dans la matinée de mardi 20 novembre que les rebelles du M23 ont pris le contrôle de certains quartiers de la ville de Goma. Des témoins cités par radiookapi.net sur place indiquent que les FARDC ont quitté la ville après avoir opposé une résistance aux rebelles. Elles continuaient de pilonner certains quartiers de la ville. En outre, on a signalé des scènes des pillages qui se sont produites dans le quartier Katindo, au sud de Goma près de la route menant à Sake, dernière voie libre vers le reste du pays. Des militaires ont, a-t-on appris, emporté ce qu'ils pouvaient avant de quitter la ville. De nombreux policiers parcouraient mardi matin les rues du centre de Goma, parfois en colonnes. Prés de la frontière avec le Rwanda, de nombreux habitants s'agglutinaient pour tenter de se rendre de l'autre côté de la frontière. Et pour ajouter à la confusion, plusieurs centaines de détenus de la prison de Munzenze se sont évadés lundi accentuant l'insécurité qui règne sur la ville, selon une source occidentale, alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes fuyaient les combats en prenant la direction du Rwanda voisin. Une colonne de rebelles du M23 est entrée dans la ville de Goma et progressaient à la mi-journée vers le centre de la ville et vers la frontière rwandaise, toute proche. Cette colonne a brièvement affronté des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo sur un boulevard longeant l'aéroport avant de poursuivre leur chemin vers le poste-frontière rwandais de Gisenyi. Goma tombée entre les mains du M23, c’est la déception des habitants du chef-lieu du Nord-Kivu qui ne croyaient pas que les rebelles arriveraient à prendre le contrôle de Goma. Ils estiment donc que le gouvernement les a trahis. Le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé à un arrêt immédiat de la violence dans la région après une réunion d'urgence samedi, annonçant qu'il pourrait prendre de nouvelles sanctions contre les rebelles du M23. La situation s'est tendue dans la région avec l'apparition en mars-avril du M23, qui regroupe d'anciens supplétifs de l'armée congolaise dans l'est du pays et que Kinshasa soupçonne d'être soutenu par le Rwanda. Les affrontements sanglants ont repris la semaine dernière dans l'est du Congo après deux mois de cessez-le-feu. C’est le même mardi que l’aéroport de Goma est également tombé entre les mains du M23 sur fond des pillages. La nouvelle a été même confirmée par un responsable de l’Onu. « L'aéroport est contrôlé par le M23", a-t-il déclaré sans toutefois préciser si les combats avaient fait des victimes. L'aéroport de Goma, est contigu à la ville adossée au lac Kivu et à la frontière rwandaise au nord. Goma accueille 300.000 habitants et des dizaines de milliers de réfugiés qui se sont rassemblés au sud de la ville. L'aéroport était jusqu'alors défendu par des membres de la Garde républicaine, une troupe supposée d'élite. Lors de l'avancée des rebelles, plusieurs hélicoptères d'attaque des Nations unies étaient intervenus dimanche matin pour protéger l'aéroport et dissuader les rebelles de s'en emparer. Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à une précédente rébellion, ont intégré l'armée en 2009, à la suite d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Aujourd’hui, ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent "le brassage" (affectations dans d'autres unités et d'autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est. Dans l’entre temps, le gouvernement congolais, par le biais de son porte-parole, Lambert Mende, a écarté lundi toute idée d'engager des discussions, affirmant que son pays ne se plierait pas au "chantage" d'un groupe soutenu par le Rwanda. Kinshasa et les Nations unies accusent le Rwanda, pays limitrophe avec le Nord-Kivu, de soutenir les rebelles du M23 en leur apportant une aide militaire, ce que Kigali dément. La région composée des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu reste le théâtre de conflits et d’une insécurité quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d'années en raison de ses richesses en ressources minières (or, coltan, cassitérite) et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins de la RDC, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Des tirs d’obus rwandais ont fait 4 morts à Goma lundi Des tirs d’obus lancés sur le territoire congolais depuis le Rwanda ont fait quatre morts et une vingtaine des blessés, lundi 19 novembre à Goma, renseigne Radiokapi.net. Le premier obus est tombé dans un marché au quartier Majengo vers 16 heures locales, tuant trois personnes sur le champ et blessant six autres. Le premier obus sera suivi, quelques heures plus tard par un deuxième qui est tombé au quartier Office. Un enfant aurait succombé à ses blessures. Plusieurs autres personnes ont été blessées dans la bousculade qui a suivi l’impact des obus au sol dont deux femmes enceintes. De leur côté, les autorités rwandaises ont accusé lundi l’armée congolaise d’avoir « délibérément bombardé » la ville de Gisenyi avec des chars et des mortiers. Selon le général rwandais Joseph Nzabamwita, ces tirs ont fait deux morts. Des allégations que l’armée congolaise a niées, réfutant avoir ordonné de tels tirs, sans exclure la possibilité d’un tir accidentel. Les rebelles ont tiré plusieurs obus de mortier lundi 19 novembre après-midi vers l’aéroport tenu par la garde républicaine congolaise et le camp militaire de Katindo. Selon une source hospitalière, une vingtaine de blessés auraient été admis à l’hôpital Heal Africa, dont l’un est décédé. Pour les responsables des hôpitaux, la plupart des blessés étant des personnes déplacées ou démunies, leur prise en charge médicale sera difficile. Ils demandent au gouvernement de mettre en place un système de gestion urgente de crise pour ces malades. Aucun bilan n'a pu encore être établi sur les derniers combats et bombardements. De nombreuses ONG ont évacué leur personnel vers le Rwanda voisin et l'ONU a annoncé le départ de ses employés "non essentiels". Joseph Kabila appelle à la mobilisation de la population A Kinshasa, le président Joseph Kabila a aussitôt lancé un appel "au peuple ainsi qu'à toutes les institutions" à se mobiliser contre l'agression dont la RDC se dit victime de la part du Rwanda voisin. "Je demande la participation de toute la population à défendre notre souveraineté", a-t-il déclaré. Aussitôt après, Joseph Kabila s’est rendu à Kampala, en Ouganda, pour discuter de la crise congolaise avec le président ougandais et président en exercice de la Conférence internationale sur la Région des Grands lacs (CIRGL), Yoweri Museveni, selon protocole congolais. Les rebelles ont lentement pris le contrôle des différents quartiers alors que l'armée s'en est retirée Et paradoxalement, selon un étudiant de l’Université pédagogique nationale (UPN), une marche de protestation contre cette guerre organisée par quelques universités de Kinshasa, notamment l’UPN, l’Unikin (Université de Kinshasa) et l’Ista (Institut supérieur des techniques appliquées) a été dispersée par la police pour des raisons inconnues. « On n’arrive pas à comprendre pourquoi la police a dispersé notre marche de protestation pendant que le Président de la République Joseph Kabila a demandé à la population congolaise de se mobiliser pour défendre l’intégrité territoriale de notre pays », s’est interrogé cet étudiant. sans apparemment combattre, a constaté un journaliste de l'AFP. Dimanche, le secrétaire général Ban Ki-moon, a assuré que les 6 700 Casques bleus basés dans le Nord-Kivu allaient y rester. Oui, ils y sont restés sans parvenir à réaliser ce que les Congolais attendent d’eux. Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a vivement réagi à la reprise des combats. La France à de nouveau déposé une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU demandant un renforcement des sanctions contre les rebelles et évoque l'implication éventuelle d'autres pays dans le conflit. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà demandé samedi l'interruption "immédiate" de tout soutien extérieur et de toute fourniture d'équipement au M23. L'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis ont également condamné lundi l'offensive rebelle. Goma et son aéroport tombés, de quoi sera fait demain ? Kléber Kungu